L ’alphabet moderne de la langue Arabe ne diffère lui-même de cet ordre
naturel à tous les idiomes Orientaux que par l’intercalation de six lettres additionnelles,
The <1. [ T h ] , [K.H], D z a li\ T > z ] ,D d a d J s [ D ï> ] , 'D hal
[D h ] et Gltayn 4. [G h ] , qui ont été ajoutées postérieurement par les nouveaux
grammairiens. C e n'est que par l’addition de leurs points que ces nouvelles lettres
diffèrent des lettres simples Te d la [T ], Hha ^ [H h ], D a l 5 [D ] , S s a d ^ f [ Ssl
Tta J » [ T t ] et A ’yn £ [A ’ | | et cette différence est absolument nulle dans
1 écriture Koufique, qui n’admet aucune espèce de ponctuation diacritique, et qui
est antérieure à cette innovation.
On est même encore obligé de suivre cet ancien ordre dans l’usage de l’alpin-
bet moderne pour faire correspondre aux lettres Arabes leur valeur numérique :
cette valeur, qui leur a été assignée dès les temps les plus anciens, et qui n’a pas
suivi le dérangement postérieur de l’alphabet, est absolument semblable à celle des
lettres homogènes en hébreu. L a seule inspection de l’alphabet Arabe moderne
suffit pour faire présumer que l’ordre actuellement établi par les nouveaux grammairiens
dans l’arrangement de la série des caractères qui le composent, n’a eu
pour but que de réunir ensemble les lettres de même figure, en intervertissant
l’ordre naturel de l’ancien alphabet.
Si nous avions pu conserver jusquanos jours une connoissance bien certaine I
et bien précisé de 1 ancienne prononciation de la langue Hébraïque , nous pour-1
rions sans doute déterminer la raison qui a pu porter les Arabes à admettre ce I
six lettres d’augmentation et à les intercaler dans leur ancien alphabet; car il y a I
lieu de présumer que les Hébreux prononçoient leur Tau f) tantôt comme t et I
tantôt par un son intermédiaire entre le r et i’j , comme le t h des Anglais ou I
le © des Grecs et le The c j des Arabes ( 1 ) ; qu ils aspiroient quelquefois durement I
e t d une maniéré gutturale leur lettre Hhetli H, et la prononçoient dans certains I
mots comme le Kha ^ des Arabes ou le x des Grecs (2), &c. par la même I
posée de trente-deux lignes de caractères alphabétiques
qui suivent le sens inverse de l’inscription supérieure,
et qui sont des lettres cursives de l’ancienne langue Égyptienne.
J’ai retrouvé des formes identiques sur quelques
fragmens de pipyrus et sur quelques bandes de toile
faisant partie des enveloppes, intérieures de momies humaines.
Feu M. Raige, mon ami particulier, dont la
Commission d’Egypte regrette bien justement la perte,
avoit commencé l’interprétation de cette inscription. La
Commission d’Egypte nous a chargés, M. Jomard et
moi, de rédiger et de continuer son travail.
L’inscription Grecque, placée au-dessous des deux
autres, renferme cinquante-quatre lignes, dont les dernières
sont plus ou moins tronquées. Elle est remarquable,
sous le rapport archéologique, en ce qu’elle
contient plusieurs mots qui ne sont point Grecs, mais
Egyptiens, et que nous avons retrouvés dans l’inscription
Égyptienne intermédiaire : je citerai, entre autres,
celui de ( T )© .^ [Dieu], qui s’écriroit en caractères
Qobtes modernes Phtha.
L inscription cursive nous donne de même• A1
Ftahh en ancien égyptien.
Ces mots indiquent, par leur insertion dans.le texte
Grec de cette inscription , l’époque à laquelle, malgré le
efforts des Ptolémées pour abolir la langue idiotique des
Egyptiens, elle commençoit à se mêler avec celle des
Grecs, leurs conquerans; mélange qui, s’augmentant suc*
cessivement, a fini, vers le Iv.e siècle de l’ère chrétienne,
par former la langue Qobte moderne.
( 1 ) lit Tau . Alphabetum Murbacense habet etiam
Tau ; sed Euscbius et Ms. Jes. Oav, Thau, Vttm
semper 0 reddunt, non T. Voyez, page397, le tome II
du savant ouvrage intitulé : Hexaplorum Origenis qui
supersunt, multis pariibus auctiora quàm à Flaminio
Nobilio et Joanne Drusio édita fuerint, ex manuscripth
et ex libris editis eruit et notis illustravit D. Bernardusde
Mon tfaucon, monachus Benedictinus è congrégation
S. Mauri. Parisiis, 1713, 2 vol. in-fol.
(2) ¡“ »n H h et h, Eusebius et Cod. Jes, «0 legunt,
raison
t-f t 1 _ . 1 L .X L U H K v J U D A H . n O -
raison que, dans leur alphabet maintenant usité, un point mis à droite ou à
gauche sur la lettre Vf en fait un Chin ou un Sin (i). Quoique les Hébreux n’aient
pas mis la même distinction sur leurs autres lettres correspondantes à celles des
Arabesque je viens de nommer ci-dessus, cela n’empêche point de conjecturer
quelle nait pu reellement subsister dans la prononciation consacrée par l’usage,
et, conséquemment, que cela n’ait donné lieu aux Arabes de la faire dans leur
alphabet moderne.
On peut croire encore que l’étendue considérable des pays où l’on parle là
langue Arabe, et les différons dialectes qu’embrasse cette langue, ont pu motiver
l’introduction dans son alphabet de ces lettres d’augmentation, devenues nécessaires
pour peindre de nouveaux sons inconnus peut-être à l’ancien idiome des
Arabes, et successivement modifiés par la nature différente des pays où il s’est
progressivement répandu.
Cest ainsi que dans la langue Arabe elle-même, en se bornant, pour ainsi
dire, à son domaine propre et spécial, on voit déjà le dialecte Moghrebin ou
Moresque, particulier aux peuples qui couvrent toute la côte de la Barbarie, ou
ancienne Mauritanie, depuis Jes confins de l’Ëgypte jusqu’aux extrémités de l’empire
de Maroc, changer deux signes de l’alphabet Arabe Oriental, en peignant
ainsi o avec un point inférieur la lettre F é , qui par-tout ailleurs est marquée d’un
point supérieur [c j> ], et en employant ce dérnier signe pour exprimer la lettre
Qaf, toujours caractérisée chez les autres Arabes par deux points supérieurs [<3 1 *
Ce changement etoit cependant d autant moins nécessaire pour eux, qu’ils conservent
a ces deux lettres, quoique différemment ponctuées, la même prononciation
que leur donnent les autres peuples qui parlent la langue Arabe (2).
Mais, dans la suite, ce fut avec bien plus de raison que les diverses nations de 1 Orient chez lesquelles les Arabes ont porté leurs armes victorieuses, et auxquelles
ils ont fait adopter, en meme temps que leur religion, leur système d’écriture, ne
trouvant pas dans cet alphabet tous les moyens de peindre les sons étrangers à cette
langue qui étoient particuliers à leurs propres idiomes, ont pris le parti d’ajouter
des points à quelques-unes de ces lettres pour en former les lettres nouvelles qui
com aspira,ascilicot, oui inpostrcmc non Ugatur spiritus. - funditur. lmb Epi,rat!,oei Itf olim prbnuntiabant m Si;
Aph Murbac. Heth. Hanc Uueram Scptuaginta loge- nempo t-faitl sibbolelh , pro nSwi chibboieth, au,
■ Ü M - • " " f “ ^oronymus, Quiest. in.Gen., m , chibboieth ; quo symbole proditiperiemnt ox ois quadra-
^ T ^ o n n b o ~ , , XIX,o.x,doooco^n glu,a duo millia. Vidclib. Judic. cap. XU. Quare V dici-
Tf ? ; •’ “ Pro P°rta fictili Aï “ ila- Symmachûs et tur, Sin Sibbolelh,seu Ephrathmm, ,-Vmro, Schin Schib-
110 IPsum Verbum posuerunt Hebraîcum H a r - bolelh, stu Hebroeum.
S r S?.ptuagima W È m0rem SUUm> pr° aspi“ V °y ez » page 7 du tome I " , Grammatica Hebraïca et
j- . ™ ; itter*» addiderunt C h i Græcum, ut Chaldaîca ex optimis quee hactenùs prodierunt, nova faci-
bron r h A °rSlt ^r° ûr Sh! l ; s¥ f * f s t > Pro Fie- lique methodo concinnata ; accedunt varia litteraturam '
/q / * II" ’ etpr0 ^ Jéricho, et similia Hebraïcam spectantia : auctore Domno Petro Guarin ,
g - e om. II}pag. 395>) presbytero et monacho ordinis Sançti Benedicti, è congredet
C î”’ Figura ilia tu, cum puncto in gatione S.Mauri. Lutetiæ Parisiorum, 1724, 2 vol. in-4 0
Galî- C°m\ ‘ 1 ’ Prf enur?um M ch •" oocibus (2) Voyez Grammatica Unguoe Mauro-A rabierjuxta
norumSC u ’ 7 emin ’ c^ien j & c ., sive ut fd; Germa- vernaculi idiomatis usum, opéra et studio Francisci de
ÛUt Anêlorum- ¿ t, ciimpunctum illud in sinistre Dombay, Cm. Reg.; finguarum ‘ Orientalium intervretis.
pingitur, sic , ty, eumdem ferme sonum obtinet ac Vindobonæ, 1800. •
amec , cum quo a vulgo etiam Judoeorum hodic con-
E. M. T O M E I I , Dd