corps de la place à la manière des poternes dans les flancs de nos bastions, L
battans de ces portes, construits en forte charpente de bois de sycomore on
leur face extérieure recouverte de lames de fer, fixées par des clous à tête sail
lante et a facettes ; le fer y est réduit à I état d oxide ou de décomposition absolue
quand le bois, qui .s’est à peine laissé effleurer, n’a fait au contraire que gagner en
dureté par le Japs des temps. Des inscriptions en caractères Koufiques et Arabes
qu on lit sur les façades de ces portes, font connoître les époques de leur construction.
22. Parmi les habitations que l’on trouvoit disséminées dans la vaste enceinte
des Arabes, il existoit un village attenant à la porte de Rosette, qui a été entière- j
ment détruit par suite de la guerre, dans la première et la dernière année où nous
ayons occupé cette ville; quant aux autres habitations éparses au sud-ouest,qui
n om point eu à souffrir des événemens militaires, elles se sont au contraire étendues
et agrandies des ruines de celles dont nous venons de parler.
23. A u milieu de tant de décombres, on trouve deux monastères et une synagogue
,: restes des habitations de ces sectes nombreuses qui causèrent dans cette I
ville tant de schismes, de révoltes et de malheurs, durant les premiers siècles du
christianisme. Les Juifs, que 1 on a toujours à citer en première ligne en fait de
guerre de religion, y conservent une synagogue, située près et au sud des aiguilles
de Cléopatre; leur cimetière est situé au-delà de l’enceinte Arab e , à l’est de la tout
des Romains. On ne peut s empêcher d’observer jusque dans les pierres monumentales
qui recouvrent les tombes de ce cimetière, l'attachement immuable de 1
pe peuple à ses anciens usages.
Près et a le s t de cette synagogue, on trouve un monastère G re c, siège du
patriarche des Q o b te s , c est-à-dire, du premier évêque de ces chrétiens qui,
d origine Égyptienne, se sont maintenus en Égypte depuis que cette contrée 11
passé sous la domination des Arabes et des Musulmans.
Si I on se reporte vers le centre de l’enceinte Arabe, en-deçà de la porte nord,
qui donne sur 1 esplanade du port neuf, on trouve un autre monastère de chrétiens
catholiques, de l’ordre de la Propagande, ou des religieux de la Terre-sainte.
Pour entrer dans ce couvent, que j’ai visité, on monte d’abord sur des monticule!
de décombres qui l’environnent, et qui obligent ensuite de descendre quelques
marches avant d en franchir la porte. On croit retrouver dans son intérieur le pavé
du sol primitif d Alexandrie. Je ne sais si d’autres personnes peuvent donner de
plus grands détails sur 1 intérieur de ces monastères. J ’ai plusieurs fois eu l’idée et
l’envie d’aller passer une quinzaine dans ces lieux de retraite, pour y puiser des
renseignemens intéressans. On doit regretter de n’avoir pas assez consulté, dans
cette villç comme au Kaire, ces pieux cénobites, que l’amour de leur religion,
bien différent du zèle aveugle de ces anachorètes des déserts de Natronetdt
la Thébaïde, retient encore sur les ruines mêmes de l’ancienne ville forte dit
christianisme, et au milieu d un peuple qui n’a conservé de son ancienne inimitié
qu’un mépris insultant pour les chrétiens.
24. Parmi les mosquées, ou temples de la religion Mahométane, qui restent dans
l’enceinte Arabe, on en distingue deux, dont l’une, située près de la porte la plus
occidentale, conserve depuis long-temps Je nom de mosquée des Septante, parce
que, suivant la tradition, c es t dans ce lieu que, trois cents ans avant J. C . ,
Ptolemee fils de Lagus fit faire, par les soixante-dix interprètes que lui envoya
je grand-prêtre Ëléazar, la traduction Grecque de la Bible Hébraïque. L e plan de
cette mosquée, dont la forme est carrée, et qui a 1 17 sur 126 mètres de côté,
renfermoit, dans son pourtour intérieur, un portique à double rang de colonnes
en marbre ou granit, restes d’anciens monumens ruinés. Comme elle ne servoit
plus depuis long-temps au culte musulman, on en restaura les murs et l’on en
fit un parc fortifié pour notre artillerie ( 1 ).
-y La seconde mosquee, dite de Saint-Athanase, est située vers le centre de
j’enceinte, à 250 mètres à l’est du monastère chrétien dont nous venons de
parler. Cette mosquee, qui remplace une eglise chrétienne, l’une de celles que
S. Athanase bâtit dans la ville d’Alexandrie vers le milieu.du iv .e siècle, prend
son nom de celui de son fondateur. Ses dimensions sont de j 4 sur 62 mètres de
côté. On sait que S. Athanase, patriarche d’Alexandrie, sous lequel S. Macaire
persécute se retita dans les deserts des lacs de natron, ou il bâtit quelques cou-
vens qui portent son nom, frappa d’anathème Arius, che f de la secte hérétique
des Ariens, lan 364 de J. C. C e s t sous ce patriarche que les schismes religieux
des Donatistes et des Ariens causèrent dans cette malheureuse ville des dissensions
aussi longues et aussi sanglantes que le furent depuis celles des Guelfes et
des Gibelins, qui désolèrent l’Italie vers le milieu du xn .e siècle (2).
Le sanctuaire de cette mosquee, dont Je pave avoit cessé, depuis douze siècles,
d’être foulé par les pieds des chrétiens, renfermoit, au centre de son portique,
un monument bien precieux de 1 antiquité Égyptienne. Il ne iàlloit pas moins
qu’une armée victorieuse pour oser franchir le seuil de la mosquée et enlever
ce monument du lieu ou il restoit ignoré et perdu depuis si long-temps. C ’est
un sarcophage de brèche v er te , dont toutes les faces extérieures et intérieures
sont surchargées d inscriptions hiéroglyphiques : cette cuve est d’une forme trapézoïdale;
ses dimensions, que j’ai mesurées, sont de 2m,90 de longueur, des deux
grands côtés, jusqu’à l’angle de lepaulement de la tête. Sa largeur, en ce point,
est de im,6o, d’une extrémité à l’autre de la corde de son arc extérieur.; car la
forme de la tête est arquée. Celle du petit côté des pieds est de om,93 sur im,24
de hauteur totale. Son intérieur est creusé parallèlement à sa forme extérieure
sur im,oi de profondeur, laissant au fon d, des pieds à la sommité de l’arc de la
tête, une longueur de 2m,4o. L ’épaisseur des parois de cette cuve est de om,23.
Son poids doit être de 12 à 13 milliers de livres, poids de marc [5874 à 6363 kilogrammes
]. Ce sarcophage, un des monumens les plus curieux peut-être de ceux
qui subsistent de la haute antiquité Égyptienne, étoit un de ceux que j’avois été
chargé, avec deux autres collègues, de faire transporter en France (3 ); mais le
f î W le p,an de ce,,e vol. V, pl37. mission de trois membres, MM. Nouet, astronome,
2 » 0irj e^ an de cette mosquée, A. vol. V, pl.38. Descostils et moi. Je partis du Kaire le 27 pluviôse an 8,
13} e général en chef Kléfaer avoit nommé une corn- ou 16 février 1800* emportant à Alexandrie, pour être
E. M. TOM E I I , 2.C partie. Oo 1 ’