
célèbres professent la logique el-ma'âny on el-bayân ( t ) : ils la définissent, l'art j, I
renfermer beaucoup d'idées en peu de mots, ou d ’employer beaucoup de mots pour exprA
mer peu d'idées, c’est-à-dire, l’art de développer une pensée ou de la rendre avec!
une extrême concision,'suivant l’intelligence de ceux qui écoutent.
Mahmoud, sultan d’Egypte et fils de Haroun el-Rachyd, avoit fait venir I«!
ceuvres des philosophes Grecs ; il en ordonna la traduction en arabe. Mais ces I
traductions n’existent plus en Egypte : on ne connoît maintenant dans les écoles!
que les noms de ces célèbres sages et quelques extraits de leurs' traités.
Les professeurs et les étudians sont partagés en sept chambres ou grandes di>|
visions : les Syriens, les Barbaresques, les Grecs, les habitans des campagnes,ceu»|
du Sa’yd ou haute Egypte, les aveugles ; la septième est formée des étudians del
quelques provinces.
L e gouvernement leur donne, chaque année, environ cinq mille six cents ardtM
de grain, que le cheykh ou intendant de la mosquée distribue entre les divisions,!
L e plus grand nombre des jeunes étudians venus des villages n’ont d’autre moyen!
de subsistance que le pain qu’ils reçoivent des cheykhs de leur classe.
II n’y a aucun avantage notable attaché aux places des professeurs; ils ne sel
livrent à l’instruction publique que pour se faire une réputation, une clientèle!
nombreuse, et acquérir des droits à la bienfaisance des zélés musulmans : ils subi
sistent des petits revenus qui leur sont assignés, des présens qu’on leur fait, et du!
produit des consultations qu’ils donnent dans les affaires civiles ou criminelles;*
car ils sont aussi hommes de loi.
Les élèves ne sont pas simplement auditeurs passifs; ils peuvent encore arrêter!
le professeur sur un point dont ils n’ont pas compris le sens, opposer à son opinion!
l ’opinion d’un autre, et établir par-là une sorte de controverse pour mieux faire!
ressortir la vérité. L e professeur interroge aussi ses disciples pour voir s’ils le!
comprennent et font des progrès.
Lorsqu’un jeune homme a terminé ses cours et qu’il se sent assez d’éloquence!
et d’érudition pour occuper une chaire à la grande mosquée, il demande à ses!
professeurs des certificats de capacité , et se présente au cheykh de la grande!
mosquée pour en obtenir la permission d’y professer à son tour. Il invite à la
première leçon tous ses amis et les principaux ulemâ (2). On l’écoute d’abord;!
les savans le questionnent ensuite , lui font des objections et cherchent à l’em-1
barrasser. S’il répond à tout, sa réputation est faite; les étudians et les auditeurs sel
pressent à ses leçons : s’il hésite au contraire et ne déploie pas la plus grande!
est nommé par tous les anciens professeurs, qui ont soin ^
de faire tomber leur choix sur un homme d’un âge mur, B
d’une érudition connue, et en faveur auprès du gouverne-
ment. Le candidat qui a réuni le plus de suffrages,RtB
présenté d’abord au cheykh el-bekry, premier descendant*
de Mahomet, qui le revêt d’une pelisse, insigne d inv«-B
titure de sa nouvelle charge; ensuite au cheykh el-btlih .
et au pâchâ, qui lui donne aussi des pelisses. Il nyap» B
de revenus affectés à cette place; mais elle est trèi-hono-B
rable, et donne le droit de surveillance sur tous les P^B
(0
(2) II est à propos d’expliquer ici le sens que les Arabes
attachent aux diverses qualifications dt u’iemâ, de cheykht
d'imârn, & c . & c .
Les u’iemâ sont les docteurs de la loi, les savans et les
lettrés. T o u t musulman qui possède,une science, la communique
ou en fait profession, est un u’iemâ.
Les cheykhs sont les professeurs, les ministres de la religion.
Le cheykh de la grande mosquée, qui est en meme
temps le chef de l’enseignement et du corps des u’iemâ,
a s s u r a n c e , on épargne son amour-propre, et l’on se garde de l’humilier; mais il
donne de lui une opinion défavorable, et ne doit espérer <ju’un succès médiocre
dans la suite.
On peut enseigner dans une mosquée autre que celle d’el-Azhar; il suffit d’obtenir
l’agrément du cheykh, qui fixe la place où doivent se donner les leçons.
Lorsque plusieurs candidats se présentent pour obtenir une chaire à la grande
mosquée et qu’il ne s’en trouve qu’une seule vacante, le cheykh a le droit de la
donner à qui bon lui semble : cette place n’est pas mise au concours. Au reste, les
professeurs n’ont d’autre titre que celui de cheykh ou seigneur : il n’y a aucune
prééminence de rang parmi eux. L a profondeur de leur savoir, leur âge et leurs
vertus, leur donnent plus ou moins de considération. Les jeunes ont la plus grande
déférence pour ceux qui les ont formés : ils les écoutent avec respect, et reçoivent
leurs avis, leurs réprimandes même, avec beaucoup de soumission.
Les Égyptiens modernes négligent les sciences exactes autant que leurs ancêtres
les ont cultivées. Les mathématiques sont à peine connues parmi eux , et leur
astronomie se borne à quelques observations faites à l’aide d’instrumens grossiers,
et à la rédaction du calendrier : encore n’est-il qu’un bien petit nombre d'ulemâ
qui possèdent ces connoissances; on ne cite aujourd’hui comme astronome en
réputation qu’un seul cheykh, auteur du calendrier actuel ; il a quelques disciples ( 1).
Nous ne parlerons ni de la sculpture, ni de la peinture; ces deux arts, tels
qu’ils sont en Egypte, ne méritent aucune attention. L ’architecture est plus
cultivée; en comparant les maisons nouvelles aux anciennes, on s’aperçoit des
progrès sensibles que les constructeurs ont faits depuis quelques années. Les distri-
■ butions sont assez bien entendues pour favoriser la circulation de l’air et entretenir
la fraîcheur; mais le goût et l’élégance se trouvent encore rarement.
On peut, en général, reprocher aux Égyptiens modernes le même défaut que les
Grecs reprochoient à leurs ancêtres; ils ébauchent tout et ne perfectionnent rien,
lis passent sur une irrégularité, sur une disproportion; ces vices ne les choquent
point. Ils ont appris des ouvriers Français l’art de faire des souliers, de fabriquer
des couverts d’argent, des bijoux, des éperons, &c. &c. Mais ils ne commissent
ni la beauté des formes, ni l’harmonie des parties. Leur broderie est passable : mais
ils réussissent sur-tout dans la poterie ; la plupart des vases en usage parmi eux ont
conservé la forme antique. Dans les manufactures et dans les ateliers, on sé sert de
procédés très-simples et très-économiques; nous aurons l’occasion d’en parler dans
le dernier chapitre de cet ouvrage.
fesseurs. Si quelques-uns d’entre eux osoient émettre des
principes contraires à la doctrine de Mahomet, le cheykh
peut les censurer et même leur interdire le privilège dê
professer dans la grande mosquée : mais le respect servile
des u’Ieir.â pour tout ce qui leur a été enseigné, les expose
rarement à une pareille censure.
Les imam sont les ministres de la religion, les prêtres
des mosquées, les cheykhs qui font la prière; ils peuvent
ne pas être u’iemâ.
' Le moufty est celui qui donne lesfatouah ou décisions
légal« sur les affaires. Chaque secte a un moufty. Celui
de la grande mosquée es tlechefde tous les autres, et peut
même casser leurs décisions. II est vrai que ces décisions
ne sont, au fa it , que des consultations, auxquelles le
qâdy a plus ou moins égard, suivant la force des preuves
sur lesquelles elles sont fondées, et l’autorité du moufty
qui les a données.
A la mort du moufty d’une secte, les u’iemâ des autres
sectes se réunissent pour lui nommer un successeur. Il y
a un moufty dans les principales villes de l’Egypte.
(1) Le portrait de cet astronome Egyptien est gravé
planche B , Costumes et Portraits, E. M . tout. II.