force pâtes sucrées. Les confiseurs occupent un très-grand nombre de boutiques
dans ce riche et beau quartier ( i ).
E A U -D E - V I E .
L ’eau-de-vie à l’usage des chrétiens de l’Égypte, du Levant et de l’Europe, est
fabriquée avec les dattes comme le vinaigre. Quant aux musulmans, ils y suppléent
par deux boissons appelées, l’une, bouz, et l’autre, haclycli, qui est faite avec le
chanvre et qui porte à la tête.
L ’art de la distillation est né en Egypte, et cependant aujourd’hui il est pratiqué
■ si grossièrement, qu’on diroit qu’il vient d’y naître. T o u t en est imparfait, l'alambic,
la manière de chauffer et celle de luter (2). On distille les dattes pour faire
de l’eau-de-vie, et les roses du Fayoum pour faire l’eau et l’essence de rose, objets
de grande consommation dans les harems et d’exportation à l’étranger (3).
C A F É .
On pourroit encore ranger parmi les arts alimentaires celui qui a pour objet
de piler le café, attendu la consommation prodigieuse que tout le monde, et le
peuple même, fait de cette substance, dont on prend jusqu’à huit et dix tasses
par jour. L a graine est torréfiée sur des plateaux en fer,maqlâyeli. L ’opération du
pilage a lieu à l’aide d’un pilon de fer pesant quarante rotl et avec des circonstances ;
qui méritent d’être remarquées : ces hommes sont dits daqâqyn cl-boun. Voyez l’explication
des planches des A rts et Métiers'[/i).
2.“ A R T S Q U I S E R V E N T A V Ê T I R .
( FILATURES, BLANCHISSAGE, TISSAGE, & C . )
F I L A T U R E S D E C O T O N , L A IN E , S O I E E T L IN .
Avant d’être filés, le coton et la laine sont préparés au Kaire par les arçonneurs,
el-menaggedyn, qui logent en grand nombre dans la rue dite Sehhet el-Qotn et Meyiàn I
el-Qotn (5 ). C e travail se fait à l’aide d’un arc tendu, qous, dont l’ouvrier frappe la I
corde avec un petit maillet, el-medaqq. La substance est parfaitement divisée par les I
vibrations fréquentes de la corde; ce moyen est bien connu chez nous (6). Les I
cardeurs de coton s’appellent naddâfyn, nettoyeurs. Les femmes filent le lin et le I
c o to n , les hommes seuls filent la laine. O n s’habitue bientôt à voir ceux-ci tourner
le fuseau, car c est un spectacle qu’on a dans les villes comme dans la campagne.
la même chose avoit lieu chez les anciens (7 ). L e fileur de laine s’appelle ¿/tazz«/;
le fuseau de fer, marden et raddâneh; le fuseau de bois, maghzâl. L a dévideuse, I
kaouâfeh, se sert d un appareil simple et bien conçu, mansab, qu’on verra dans les I
( I ) Voyez planche x , Arts et Métiers, et l’explica- ( 4) Voyez la planche XXVI, Arts et Métiers, et l’ex- I
tion par M. Boudet. plication par M. Coutelle,
(2) Voyez la planche x i , fig. z , Arts et Métiers, et (5) Voyez planche 2 6 , È. M. vol. I (n.° 128, F-ici). I
1 explication. (6 ) Voyezplanche XV, fig. /, Arts et Métiers, et î’ex- j
(3) Voyez le Mémoire de M. Girard sur l’agriculture, plication par M. Delile.
l’industrie et le commerce de l’Egypte, Ê. M. tome I I, (7 ) Voye^ Herod. Hist. lib. i l , cap. 3 j , et Sophocl.
Paë‘ 549 s,,îv. et 609. QEdrp. Col. v. 3 52.
planches des Arts et Métiers (1 ). La bobine est en roseau et se dit koujyeh; le
dévidoir, kouârah. Il y a au Kaire plusieurs filatures de soie (2}.
T I S S A G E .
Le métier des tisserands, et-qazzâzyyn, est à peu près le même pour les toiles de
lin et celles de coton; rien n’est plus simple que l’appareil (3). Ce métier est très-
étroit, sur tout pour les étoffes de lin. Les grandes pièces de toile appelées tnilâyeh
sont moins bien fabriquées au Kaire que dans la haute Égypte et sur-tout à la
Mecque. On fabrique aussi des étoffes en laine brune de couleur naturelle, appelées
bicht, ou bien teintes en noir et parsemées d’ornemens formant des sillons
d’un jaune doré ou d’autre couleur : on les appelle abbâyeh ; elles servent de
tunique pour les hommes et pour les enfkns. Une étoffe de laine plus légère
est appelée zabout (4). On prépare aussi des manteaux de laine blanche appelés
burnous, mais inférieurs à ceux des Moghrebins.
On a décrit ailleurs l’opération du feutrage en laine (5): les quartiers où elle se
fait sont appelés el-leboudyeli (6). Il est inutile d’y revenir; mais nous devons dire
qu il sort de ces ateliers une tres-grande quantité de produits : les uns consistent
en pièces de laine grossière, ou gros feutres blancs, qui se placent sous les selles
des chevaux et des baudets, et sont tres-utiles pour absorber la sueur; les autres
sont des bonnets de meme étoffé. C ’est là que sont placés les fabricans de tarbouch
[ou bonnets feutres qui se mettent sous le turban) el-taouâqgyeh (7 ). Ces bonnets
sont 01 dinairement dune couleur rouge et ont la forme d’une profonde calotte.
On sait que cette industrie existe aussi en France, et constitue une partie de la
richesse de la ville d’Orléans.
Les bonnets de Mamlouk se confectionnent dans le même quartier ; les fabricans
s appellent qâouqgyeh ( 8 ).
On fabrique au Kaire plusieurs étoffes de soie: l’une, appelée koreych, est une
etofle clairë : 1 autre, dont on fait les turbans, est d’une qualité plus forte; on l’appelle
el-dorâyeh; elle a un demi-pyk de large. On fait aussi de la gaze. Les ouvriers
en koreych habitent deux quartiers (9). On fabrique au Kaire des châles de soie
rouge et de diverses couleurs. La soie vient de Syrie.
Chaque ouvrier d une filature meut une manivelle qui fait tourner les rouets
et rouler vingt écheveaux à-la-fois. Avant de se rouler sur la bobine, le fil reçoit
(1) Y oyez planche xv.fig.j, Arts et Métiers,al’ex- (5 ) Voyez planche X V I I , fig. 2, Artset Métiers, et
plication. | l’explication.
( 2 ) Voyez planche 26, È. M. vol. I ( n . ° 336, F - j ; . ( 6 ) Voyezplanche 2.6, È. M. vol. I ( n.°* 223, K - 8 ,
n.° 125, K-7, & c . ). et 33, T-11).
( 3 ) Voyez planche XIII, Arts et Métiers, et l’expii- ( 7 ) Voyez planche 2(5, È. M. vol 1 ( n.°* 283, L -6 ,
cation par M. Coutelle. et 306, K-6).
(4 ) Voyez planche x i v, fig. j , Arts et Métiers, et (8) Ibid. (n.° 303, L-6.)
1 explication. , ' • ! • (9) Ibid. (n.° 59, Q-10, et n.° 336, F - j.)
E. A4. TOME II, 2.' partie. V w v 2