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répandues dans le Kaire et dans tout le pays ; elles sont trop connues pour qu’on
en fasse la description : un artiste Français a cherché à les introduire dans notre
industrie. Ces ouvriers ( t ) occupent des quartiers distincts, tels.que Khorounfech
et Tah l el-Rob'.
Ameublement.
P O T IE R S .
On sait qu’en Égypte l’art de la poterie, ainsi que la chimie elle-même, remonte
a la plus haute antiquité : il avoit fait dès-lors de grands progrès ; mais depuis tien
des siècles il n’a fait que dégénérer. Aujourd’h u i, le potier du Kaire se home
presque à fabriquer des jarres (zyr et zela’h ), des vases plats, des lampqs en terre
cuite, des vases communs pour l’usage domestique, &c. (2); j’en ferai l’énumération
plus loin. La matière sur laquelle il travaille est une argile, el-tyn, qui se tire d’une
plaine voisine contiguë à la vallée de l’Égarement, auprès des villages d’el-Baçâtyn
et de Deyr el-Tyn, dont le.second tire son nom de cette circonstance locale. Il
faut que l’inondation ait séjourné deux fois sur le sol, afin que la terre soit bonne
à exploiter pour les poteries. Nous avons parlé ailleurs du tour à potier ; il rappelle
pour la forme celui des anciens, tel qu’ils nous en ont conservé l’image dans leurs
hypogées. T ou t le luxe des ouvrages en terre cuite semble s’être réfugié dans les
fourneaux de pipe, fabriqués et sculptés avec un égal soin: ils sont d’une terre
fine qui ressemble à la pâte des vases Étrusques! Cependant nous n’oublierons pas
les bardaques ou vases réfrigérans, dont il se fabrique une immense quantité,à
l’usage de toutes.les conditions. On sait que tout le secret de cette fabrication consiste
à mettre dans la pâte un quart, plus ou moins, de sel commun : la première
eau qu’on verse le dissout et laisse une multitude de pores par où transsude le
liquide ; en s’évaporant il Tait baisser la température de l’eau qui reste dans le vase.
Les formes que les Égyptiens donnent aux bardaques, sont commodes, variées«
élégantes en général. On ne tire pas en Europe le même parti des vases réfrigérans I
qu en Égypte : le motif en est facile à apercevoir. On fabrique aussi au Kaire quelques
faïences, des tasses appelées jingân belady [ou du pays], par opposition à celles I
qu’on apporte d’Europe ; des carreaux de faïence, appelés qechâny,.8tc. L a liste des I
produits de la poterie du Kaire figurera plus loin à l’article du commerce.
V E R R E R IE .
La verrerie du Kaire, marnai el-qezâz, est plus imparfaite que la poterie : on
compte quatre etablissemens de ce genre dans el-Hasaneyn, el-Faouâleh, et auprès
du quartier Franc ; il y en a d autres a Gyzeh : on y fait des ballons, cornues et matras
pour la fabrication du sel ammoniac et la distillation, des bouteilles communes,
des godets pour lampes ordinaires et d’autres pour les illuminations, des verres de
( 1 ) Voyez planche XV, Arts et Métiers, fig. p , et
I explication par M. Delïie. Voyez aussi planche XXX.
(2 ) Voyez planches II et XXII, Arts et Métiers, et
l’explication par M. Boudet.
M O N U M E N S , P O P U L A T I O N , I N D U S T R I E , : « & C . 7 I I
couleur plats pour 1 usage des bains, des mortiers en verre et des molettes à polir.
Les vases de verre pour les alambics s appellent qezâz el-anbyq, I , origine
très-probable du mot alambic ( ce mot a le même sens en arabe que cucurbita en
latin) (1).
C H A U D R O N N IE R S .
Les chaudronniers, nahhâsyn, occupent la rue de ce nom et les environs du
Mouristân; ils travaillent le cuivre avec quelque adresse et l’étament parfaitement.
On appelle scmkary les étameurs en fer : ces hommes travaillent aussi le fer-blanc
pour toute sorte d’usages; on le trouve dans le quartier appelé Taht el-Rob’. Ils
travaillent encore le laiton en fil et en plaque, le fil de fer, &c.
O R F È V R E S , A R M U R IE R S , & C .
Le travail de l’or et de l’argent est abandonné aux Juifs et aux Coptes : ils en font
des bijoux, des colliers de femme, des garnitures de sabre et de poignard, des
ceinturons. Les orfèvres s’appellent el-seyâgh, et donnent leur nom à un quartier (2).
Les plus habiles sont reunis dans un lieu appelé Khân Abou Tâqyeh ; leurs outils se
réduisent à peu près à quelques poinçons : ces hommes gagnent 40 parâts par
jour. Un assez grand nombre d’ouvriers, el-gouhargyeh, fabriquent des colliers, des
anneaux et des chaînes d’argent, que les femmes des fellâli se mettent au cou et
aux jambes. L appareil du fondeur d’argent est grossier; le fourneau est un âtre
mal entouré, au fond duquel le creuset est placé en plein air. L e soufflet n’est autre
chose qu’une outre avec un tuyau en terre cuite, qu’un homme assis à terre ouvre
et resserre tour-à-tour avec ses mains. L e bois et le charbon s’emploient indistinctement
pour combustibles. Quant à la fabrication de la monnoie d’or et d’argent
, elle a été décrite avec trop de soin et de développement par M. Samuel
Bernard dans le cours de cet ouvrage pour qu’il ne suffise pas de renvoyer le
lecteur à son mémoire.
Les armuriers occupent le quartier de Souq el-Selâh; leur industrie ne présente
rien qui mérite d’être mentionné.
N A T T IE R S .
Les meubles les plus communs au Kaire sont peut-être les nattes, el-hosr, qui
sont indispensables dans des appartemens dallés ou carrelés ; il en est de même'
chez le peuple, où le sol est en terre : aussi fabrique-t-on au Kaire une quantité
considérable de nattes de toute sorte de prix ; on y consomme en outre des
nattes du Fayoum, de Syrie et de l’Asie mineure (3 ). Les belles nattes se fabriquent
avec des joncs appelés samar [ Juncus spinosus], qui se tirent de Terrâneh et se recueillent
aux lacs de Natroun et aussi à trois grandes journées du Fleuve sans eau.
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( 1 ) Voyez planche n , Arts et Métiers, fig. ij- tg ,
et l’explication par M. Boudet, ainsi que la pl. x x m ;
voyez aussi planche 26, E. M. vol. I ( n.° 282, L - 13 ;
n.° 109, H - 10, et n.° 2, L - 9, &c. ).
È . M . TOM E II, a.c partie.
(2) Voyez planche 26, É. M. vol. I ( n.° 46, 1- 6;
n.° 5, M -8; entre les n.os 57 et 51, H - 7 ,et n.° 4-t, 1 - 6 ).
( 3 ) Voyezpl: 26, É. M. vol. I ( n.° 406, R-4 ) ; voyez
aussi planche XX, Arts et Métiers, fig. 1, et l’explication.
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