
des entrailles des victimes, pour décider du sort de la patrie : le culte des druid
tout affreux-que l’histoire nous le représente, fut long-temps cher aux Gaulois paj
une inconcevable fatalité qui semble attachée à toutes les institutions des hommes
les modernes, comme les anciens, ont consacré des erreurs et des préjugés n j
impardonnables peut-être, en ce que l’horizon de l’esprit humain s’est prodigieuse]
ment agrandi depuis ces temps reculés. Les Égyptiens de nos jours, aussi bizarres
mais bien moins ingénieux que leurs ancêtres, rendent une espèce de culte à des
insensés : tels sont les santonsi L e peuple s’imagine que Dieu les a attachés à son!
service d’une manière si forte et si exclusive, qu’ils sont devenus indifférens poud
tout ce qui est terrestre, et qu’ils ont mêmer entièrement perdu le sentiment desi
sensations mondaines. Les imbécilles, en général, sont donc honorés pendant leJ
vie comme des saints ( t ). Il en est qui, jouissant d’une foible portion de leurs
cultés morales, se retirent dans des lieux solitaires, pour y vivre des aumônes d j
dévots : ils se livrent à la prière et à la contemplation. Il y a des santons des deuj
sexes. On les voit souvent marcher tout-à-fait nus; mais la vénération, ou plutôj
l’aveuglement public, leur sert de voile (2 ).
Après la mort , ces personnages sont ensevelis avec pompe, et leurs tou]
beaux deviennent, pour le peuple, des lieux féconds en miracles. Dans les canjl
pagnes, dans les quartiers éloignés du centre des villes, on trouve beaucoup de cd I
monumens, dus aux offrandes pieuses des zélés musulmans. Us sont en forme ds I
petits dômes, plus ou moins riches, et des hommes sont chargés-de veiller à leu] I
conservation, pu, pour mieux dire, sont comme les desservans de ces mosquée!
funéraires. Mais il s’en faut que cet emploi soit toujours lucratif: souvent on renl
contre dans les rues des hommes couverts de haillons, avec une longue chevelu!
flottante, et un bâton a la main; ce sont les prêtres des tombeaux de santonsqui
demandent l’aumône.
Des fourbes s avisent quelquefois de jouer le rôle de santon pour capter la bien!
veillance, la considération et sur-tout la générosité publiques : mais on parvient tôl
ou tard a découvrir 1 imposture, et le mépris et l’abandon sont le partage du hua
inspiré, y
§. II.
Fetes religieuses ; prin cipaux Dogmes de la F o i musulmane.
N o u s avons deja parle des fetes Égyptiennes pour ce qui regarde les divertisse!
mens du peuple dans les jours d allégresse. Quoique toutes ces fêtes se rapportent«
pour ainsi dire, à une circonstance religieuse, il n’en est que deux cependant qufl
■(1} L origine de ce préjugé remonte jusqu’aux premiers cides, se distinguent par une grande austérité de moeun«
temps de l'islamisme. On sait que Mahomet avoit de (2) On raconte de plusieurs santons qu’ils n’om
fréquens accès d épilepsie, et qu’il eut l’art de persuader toujours été insensibles aux plaisirs des' sens, et qsd«
S ses disciples que cette infirmité annonçoit la présence prétendue sainteté dont ils étoient revêtus, ïeurasonrtfit.-
de lange Gabriel. Les musulmans, en commémoration facilité les moyens d’en éprouver toutes les jouissance«
de leur prophète, «gardent comme des inspirés les fous, sans que pour cela leur pudeur fût biessée, ou qu’ils p»«
■et sur-tout ceux d’entre eux qui, dans leurs momeps lu- tassent atteinte aux moeurs et aux bienséances.
peuvena
uvent être considérées comme véritablement sacrées, celle du ramadan et celle
Ju sacrifice d’Abraham. L a première est de trois jours : les musulmans remercient
pieu de ce qu’il a permis qu’ils passassent heureusement le temps du jeûne. L a seconde
est la grande fête, autrement ditegrand Beyrâm; elle se célèbre le 10 du
mois dou’l-hageh, le dernier de l’année, et dure quatre jours pour le bas peuple :
‘•jes riches et les grands seigneurs la célèbrent pendant une semaine. Cette époque
c o r r e s p o n d à celle où les pèlerins, arrivés à la Mecque, immolent sur la montagne
des animaux domestiques. Chaque famille Mahométane tue ce jour-là, dans toute
Egypte, un agneau ou quelque autre animal, selon ses facultés : les riches en imm
o l e n t plusieurs, au moins un pour chaque individu de leur famille ; les pauvres
se contentent d’offrir une seule victime.
Il est à propos de remarquer que les fêtes religieuses instituées par Mahomet ne
r e s s em b le n t en rien à celles des chrétiens. C e ne sont pas des jours de repos :
elles ne diffèrent des autres jours que par les prières supplémentaires qui se récitent
alors dans les mosquées. D u reste, les boutiques sont ouvertes, les ouvriers peuvent
vaquer à leurs travaux accoutumés : mais le peuple aime mieux se divertir ; on se
pare de ses plus beaux vêtemens, et les rues sont remplies de gens qui se livrent à
la joie.
Le jour anniversaire de la naissance du Prophète est aussi l’occasion de grandes
réjouissances pour le peuple : toutes les places publiques sont garnies de baladins,
de joueurs de gobelets, d almeh, et de marchands de sucreries. Néanmoins cette
fête n’est pas regardée comme indispensable; on peut la célébrer ou non: elle est
seulement consacrée par l’usage. L e soir, chacun s’empresse d’illuminer, et les di-
vertissemens se prolongent fort avant dans la nuit.
Un usage particulier à l’Égypte, et qui est presque étranger aux autres états musulmans,
ce sont des espèces de fêtes, patronales : les villages et les différens quartiers
des grandes villes ont chacun leur patron, dont le jour de naissance est célébré
par le peuple avec le même concours que nos fêtes de paroisse. Cependant
il ne se fait aucune cérémonie extraordinaire dans les mosquées : quoique
l’origine de ces fêtes se rattache à un mo tif religieux, les hommes de la loi n’y
prennent aucune part, et en abandonnent la célébration aux habitans de toutes les
classes, toujours avides de réjouissances ( i) .
Mais de toutes les époques de l’année où les Égyptiens peuvent se livrer aux
plaisirs et aux divertissemens, il n’en est pas de plus favorable que le mois de
ramadân, qui est tout ensemble le temps du jeûne et du carnaval des musulmans.
Il semble étrange que l’on ait choisi une même époque pour allier des pratiques
aussi contraires, la mortification, la pénitence et les plaisirs. Peut-être le législateur
a-t-il voulu tempérer la rigueur de la pénitence, en lui associant des heures
consacrées à la jo ie : les hommes supportent mieux les privations auxquelles
doivent succéder les jouissances.
(0 Les Egyptiens aiment à célébrer leurs fetes et leurs dans les régions voisines de la zone torride, le temps où
^jouissances la nuit : c’est assez l’usage des peuples qui les facultés physiques reprennent un peu d’énergie,
vivent sous un climat très-chaud. La nuit est en effet,
E. M. T OM E I I , a.e partie. N n n