saires pour la carte ; on y plaçoit les points qui lui servoient de base ; on dis-
posoit les matériaux pour y être tracés ; on apprécioit la valeur de ceux que le
temps n’avoit pas toujours permis d’exécuter avec toute la précision desirée ; on
d'iscutoit également les noms Arabes, et on les écrivoit sur les plans originaux,
dans cette langue et en français ; enfin on suivoit dans ce travail le système adopté
par les savans orientalistes de France.
Vers le mois de novembre, le dessin de quelques feuilles de la carte étoit
assez avancé, et sept feuilles étoient déjà écrites, lorsque M. le comte de Volney,
sur l’invitation de M. le maréchal Berthier, alors ministre de la guerre, vint, le
y décembre, visiter les travaux de la carte de l’Egypte.
Il fut satisfait tant de ses progrès que du mérite des matériaux, et de la manière
exacte et précieuse dont le travail étoit exécuté.
Il remarqua avec plaisir la pureté et la netteté avec lesquelles y étoit écrit l’arabe
par M. Delaporte; mais il différoit d’opinion avec ce traducteur, et en général
avec l’école Française des langues Orientales, sur la manière d’exprimer en caractères
Européens les sons de la langue Arabe pour lesquels nous n’avons pas de
signes analogues (i). Il condamnoitle système suivi pour la transcription, comme
trop compliqué, fatigant pour les yeux et impossible à lire.
Ses observations déterminèrent le Gouvernement à nommer une commission
spéciale qui avisât au meilleur moyen à employer pour simplifier et régulariser
le mode de transcription.
Cette commission s’assembla le 28 décembre 1802, les 4 janvier, 8 février
et 9 mai 1803. Après plusieurs discussions, elle adopta des signes simples ;
elle prit dans notre alphabet les lettres qui lui parurent les plus propres à représenter
les sons Arabes, et elle les modifia légèrement, afin de leur donner une
valeur convenue et de rendre la transcription facile et complète : cette transcription
se trou,ve fixée dans le Tableau harmonique, dont le Gouvernement sanctionna
le principe et approuva l’emploi le 8 juin 180 3 [voyez page 105 ). En conséquence
de cette approbation, les, sept feuilles de la carte déjà écrites, de même
que toutes les minutes, furent corrigées d’après ce système.
Malgré les soins de M. le général Sanson, à qui l’on doit une carte du lac
Mareotis et de ses environs-, tel qu’il étoit après son inondation, on ne put
obtenir alors plusieurs matériaux qu’on n’a eus que depuis ; les efforts multipliés
de l’auteur de la carte n’ont guère eu plus de succès, et il a été forcé d’employer
des élémens qui se ressentoient du peu de moyens qu’on avoit eus pour
les établir.
Sur le désir que M. M on g e , président de la Commission d’Egypte, témoigna
à M. le général Sanson, de convoquer la commission chargée de déterminer
comment la géographie, tant ancienne que moderne, seroit traitée, cette commission,
composée de M. Monge, président, et de MM. Le Père aîné, Girard,
Jomard, le général Sanson et l’auteur de la carte, se réunit au dépôt de la guerre
le 31 août 1803.
(1) Extrait d’an rapport: au. ministre de la guerre, du 15 décembre 1802.
J
Ce dernier fit un rapport sur la situation des travaux de la carte, et indiqua
l’époque à laquelle elle sèroit terminée, ainsi que la réduction à une échelle sous-
décuple.
Ces deux cartes devoient être accompagnées d ’un texte dans lequel on se
proposoit de faire connoître l’Egypte ancienne et moderne sous les rapports,
soit géographiques, soit militaires; il auroit été divisé en quatre parties.
Dans la première, on devoit exposer dans un ordre chronologique tous les
événemens mémorables et les révolutions que l’Egypte a éprouvées depuis les
temps les plus anciens jusqu au traite d Amiens ; elle étoit subdivisée en sept
époques ; la dernière aitroit rappelé tout ce qui s’est passé en Egypte sous la
domination Française.
La deuxième, comprenant la géographie ancienne, auroit donné, par ordre
alphabétique, les noms des anciennes villes, celui quelles portent aujourd’h u i,
Ce quelles étoient autrefois, ce quelles sont maintenant, leur position géographique,
&c.
L a troisième partie auroit présenté, par province, la description géographique
de I Egypte moderne, son étendue, sa superficie, ainsi que l’état physique du sol,
sa température, ses qualités, & c .; la population, les productions du pays, son industrie,
son commerce, ses moeurs, coutumes et usages. A la suite de cette troisième
partie, on auroit donné, comme à la deuxième, une description des villes,
villages, &c. ,■ pour indiquer leur distance et leur position relativement au chef-
lieu, les rives du fleuve sur lesquelles ils sont situés; les événemens qui s’y sont
passés; les communications par terre, par eau et avec l’étranger; les tribus Arabes
qui avôisinent chaque lieu, &c.
Dans la quatrième partie, on devoit considérer l’Egypte sous le rapport des
événemens militaires : cette partie étoit accompagnée d’un atlas des plans des
principales villes et des champs de bataille.
Ce rapport fut lu à la séance de la Commission d’Egypte du 5 septembre 1803;
mais- les circonstances et le manque de matériaux n’ont pas permis de remplir
entièrement ce cadre.
L a première partie, n’étant pas essentiellement liée à la géographie, a été
abandonnée pour faire partie de recherches particulières.
L a deuxième a été traitée séparément ; elle fait partie des mémoires sur 1 Egypte ancienne quon a introduits dans la description de cette contrée : elle
complète les recherches de géographie comparée auxquelles a donné lieu l’étude
de ce pays célèbre.
L a troisième ne l’a été qu’en partie ; on n’a pu que décrire deux provinces.
On avoit commencé un dictionnaire des villes et villages de l’Egypte; mais cè
travail s’est borné à donner la superficie de l’Egypte, le nombre des villes et vil-
àges et autres lieux qu’elle renferme, un aperçu de sa population et de celle de
sa capitale.
L a quatrième partie est la mieux traitée, parce qu’on a eu tous les élémens
nécessaires pour la faire avec soin. On a vu, au commencement de ce chapitre,