monture à la majeure partie des habitans. Il a été long-temps défendu aux Euro
péens d’en avoir d’autre; et même, s’ils rencontroient dans leur course un simple
Mamlouk, ils devoient mettre pied à terre devant lui en signe de respect. Il c
étoit de même-des Juifs, des Grecs et autres ray ah ou sujets conquis.
L e vieux Kaire contient environ dix à onze mille ames. Dans ce nombre on
peut compter 600 chrétiens schismatiques.
Il est à propos maintenant de parler des religions qui se partagent l’Égypte Lt
tableau suivant en offrira l’aperçu général.
S- n i
D es différentes Religions.
L ’É g t p t e offre la réunion de presque tous les cultes et toutes les sectes dJ
la religion musulmane ; on peut les subdiviser ainsi :
M A H O M É T A N S , Q U A T R E S E C T E S .
1.* Celle de Hanafy : la eour de Constantinople professe cette croyance; c'est pourquoi le 1
<ayskar doit toujours en être. On n’observe pas la même attention à l’égard des qâdy des provinces.!
L ’ancien gouvernement de l’Egypte suivoit également les principes de Hanafy.
2 ° Cha’fey : elle est la plus répandue au Kaire; c’est la religion des cheykhs et de tout le peuple, j
3.0 Mtlky.
4»° Hanbaly : les individus de cette dernière secte sont fort rares aujourd’hui.
C e qui étonnera sans doute les lecteurs accoutumés à lire dans l’histoire 1«]
débats sanglans qui ont toujours suivi les schismes religieux, c’est de savoir que]
toutes ces sectes se tolèrent réciproquement. Point de contestation ni de rivalité;!
point de persécution de la part des plus forts : aucune ne songe à faire despro j
sélytes ; ce cjui démontre leur excessive modération. Les sectateurs de HaM
se font remarquer par-dessus tous les autres par leur tolérance.
Parmi les chrétiens, on compte les sectes suivantes :
Q O B T E S .
i S e c t e catholique soumise au pape.
2.0 Secte hérétique soumise à un patriarche Grec. Ceux-là suivent les opinions d’Eutychès et d« 1
Nestorius, mais avec de très-grandes différences. Ils nient les deux natures de Jésus-Chrisr.
G R E C S .
i .* Catholiques soumis à un patriarche dans le Liban.
2.0 Schismatiques soumis à quatre patriarches, dont un à Constantinople, un autre au Kaire,uni
troisième à Damas, et le quatrième à. Jérusalem.
A R M É N IE N S .
i .* Catholiques soumis au pape.
2.* Schismatiques dépendans d’un patriarche.
M A R O N I T E S .
Catholiques soumis à un patriarche dans le Liban (i ).
(î) Il n’y a en Egypte ni calvinistes ni luthériens.
Les Juifs ont aussi deux sectes en Égypte. L a principale est celle des karrayn :
e l l e s s e tolèrent réciproquement. Les autres sectes de cette religion dont parlé
Niebuhr dans son Voyage de l Arabie, sont tout-à-fait inconnues au Kaire et dans
lé reste de la vallée (i).
§. IV .
D es Qobtes en particulier.
P a r m i les habitans de 1 Égypte, la classe la plus intéressante est sans contredit
celle des Qobtes, puisqu ils se considèrent comme les descendans des anciens
Égyptiens, que leur langue ; et les probabilités historiques viennent à l’appui de
leur prétention. Il est incontestable quils ont un caractère de physionomie propre
aux habitans de 1 Afrique; ce qui établit suffisamment leur qualité d’indigènes en
Égypte, et porte naturellement a leur supposer une origine commune avec l’ancienne,
nation. On peut admettre que leur race a su se conserver pure de tout
mélange avec les Grecs, puisqu’ils n’ont entre eux aucun trait de ressemblance.
Lorsqu’Alexandre fit la conquête de J’Égypte, et que les Grecs s’y fixèrent définitivement
sous les Ptolémées, il dut y avoir deux races distinctes; et depuis lors
les Égyptiens, sous le nom de Qobtes| ont toujours formé une classe à p a r t, malgré
les envahissemens successifs des Romains, des Arabes et des Ottomans, Cette
■ classe est encore tout-à-fait isolée des diverses races étrangères qui composent aujourd’hui
la majeure partie de la population de J’Égypte.
Dès les premiers temps du christianisme, S. Pierre envoya aux Égyptiens S. Marc
pour leur prêcher, l'évangile : l'éloquence et le zèle de cet apôtre entraînèrent
bientôt les esprits; il eut une foule de prosélytes, et fonda ainsi l’église d’Alexandrie,
qui devint fameuse en Orient. Mais, dans la suite, les opinions d’Eutychès
et de Nestorius y prévalurent ; ces premières semences de schisme ont germé
jusqu’à nos jours.
Les Qobtes avoient des etablissemens religieux d une grande magnificence,
comme l’annoncent encore beaucoup d’églises et de monastères ruinés. C ’étoit
sur-tout dans la haute Égypte qu’ils avoient élevé des temples somptueux : la haute
Egypte paroît être leur berceau ; ils y ont toujours été en grand nombre; on les y
■retrouve encore aujourd’hui. Mais, après tant de revers et de crises politiques, ils
ont éprouvé le sort des autres habitans de l’Égypte; leur culte, en perdant la prééminence
que lui assuroit la domination des empereurs Grecs, a perdu une partie
de sa splendeur : cependant ils ont encore une centaine de couvens, parmi, lesquels
on en compte cinq destinés aux femmes. Ces derniers sont situés deux au
grand Kaire, deux au vieux Kaire, et le cinquième dans un lieu isolé près de
Manfalout. Celui-ci présente une sorte de bizarrerie assez inconvenante : il est
¡visé en deux parties séparées; l’une est pour les hommes, l’autre pour les'femmes;
es deux bâtimens sont renfermés dans la même enceinte ; du reste, il n’existe
aucune communication entre eux.
(0 Voyez Niebuhr, Description de l*Arabie, tom. I .er, pag. 36.
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