
Meqyâs : aussi, en l’an 1 2 1 4 de l’hégire [1799 de l’ère Chrétienne], les ingénieurs
des ponts et chaussées attachés à l’armée d’Orient, voulant continuer de rappeler
au Meqyâs les differens degrés des crues du Nil, et s’assurer conséquemment
de la hauteur réelle de la colonne et de sa division en coudées, sur lesquelles
les écrivains, les voyageurs et les habitans eux-mêmes ne se trouvoient pas d’accord,
ont pris, à cet effet, le parti de faire curer jusqu’à ses fondations le bassin
au milieu duquel elle est placée. Cette opération eut lieu en présence du cheykh
Moustafa (1), qâdy du Meqyâs, et du saqqâ-bâchy (2). C ’est alors qu’on a découvert
la première division inférieure de la colonne.
O n a ajouté au-dessus du chapiteau un nouveau dé en marbre blanc, qui a
une coudée et deux doigts de hauteur, et sur lequel sont gravées deux inscriptions,
l’une en français et l’autre en arabe (3) : ce dé complète la dix-huitième
coudée, et porte six doigts au-dessus.
L a poutre de soutènement qu’avoit fait replacer Hamzah-pâchâ (4), tomboit
dé vétusté; elle a été enlevée et remplacée par une nouvelle poutre dune seule
pièce et d’une construction plus solide : le puits a étéragréé dans son pourtour,
ainsi que la galerie formant péristyle autour du bassin.
D e nouvelles barrières en bois ont été placées au bord du bassin, entre les
colonnes ; deux chambres adjacentes à cette galerie ont été construites pour
l’usage du cheykh du Meqyâs.
O n a élevé de plus un portique extérieur à l’entrée de ce monument et au-
dessus de la porte extérieure : sous ce portique, on a placé une table de marbre
blanc, sur laquelle on a gravé une inscription en arabe et en français, contenant
l’époque de cette restauration nouvelle, et l’état du Nil en cette même année,
tant dans ses basses eaux qu’au moment de sa plus grande crue. Cette double ips-
cription se trouve ci-après, page 204-
Toutes les inscriptions Koufiques, Karmatiques et Arabes que renfermoit ce
monument, ont été fidèlement respectées.
§1 III.
Evénemens relatifs au M eqyâs pendant l ’année 1214. de l ’hégire.
E n cette année la rupture de la digue eut lieu avec la même solennité que
l’année précédente, et le procès-verbal qui en a été publié relate à peu près les
mêmes cérémonies : j’ai donc cru mieux satisfaire la curiosité du lecteur en rapportant
ici celui qui a été dressé, dans cette circonstance, par le qâdy, en
présence de l’assemblée des cheykhs réunis à cet effet. C e t acte officiel, qui sert à
le palais du général en chef, celle à’ O’tmân-beyk el-
a’chqâi-jisLi*j[ csLj ( jlô c , et plusieurs autres, où l’on
plaça une grande partie des administrations de l’armée.
(1) Moustafa J lL ^ .
(2) Le saqqâ-bâchy Uu» [chef des saqqâ ] est
l’intendant des eaux; il a dans ses attributions toût ce
qui en concerne l’administration et la police.
(3) Voyez ci-après, page 202.
(4 ) Voyez ci-dessus,page jjy.
P i i '
constater, chaque année, lemyry (i) qui est dû au Gouvernement par le peuple
d Égypte , m a semble devoir etre une pièce importante de l’histoire du Meqyâs.
AHMED EL-a ’rYCHY ABOU-L-TYQÂN (2),
QÂDY EN EXERCICE DE LA VILLE DU KAIRE LA BIEN GARDÉE.
V o ic i ce qui s’est passé dans la séance de la noble justice et dans l’assemblée des cheÿkhs de la religion
établie par Dieu, préservée de changemenS et d’innovations, convoqués dans Je pavillon (3) situé à
l’embéuchure du canal el-Hâkemy (4) entre le vieux Kaire et Bouliq, par les ordres de notre seigneur et
maître, le plus illustre des docteurs Musulmans, accompli dans la science, plein d’une haùtè intelligence,
soutien de la religion de l’islamisme, bonheur de son pays, habile dans l’application de la loi, jüge des
juges (5), actuellement en exercice dans la ville du Kaire la bien gardée, dont le nom est ci-dessus. Que
sa gloire soit conservée et toujours accrue !
En présence du très-grand imam, le plus instruit, le plus honoré et le plus respecté, honneur des
nobles descendans de Sadyq, étoile brillante de leur gloire dans la vérité, branche de l’arbre chéri, purifié,
bordure honorée du turban de Mahomet, protecteur des lettres, zélé partisan de la vérité, plein de
foi dans la bonté de son Dieu créateur, notre seigneur et prince, le Seyd et Chéryf Khalyl el-Bekry e[-
SSdÿqy el-Aqây (6) de la race de Hasan, cheykh héritier de la charge de ses ancêtres nos seigneurs illustres
parmi les Sadyq, et protecteur des nobles chéryfs (7), présentement au Kaire ;
De notre seigneur et cheykh, premier docteur des docteurs, empressé de communiquer la science à
ceux qui ladesirent, appui des étudians, colonne des vrais croyans, bénédiction des Musulmans, héritier
de la science du maître des envoyés de Dieu, ornement de la loi, de son peuple et de la religion,
notre maître le cheykh A ’bd-allah el-Cherqâouy, cheykh des cheykhs (S) revêtus de fonctions, et de
ceux qui donnent des décisions et des leçons dans la mosquée el-Azhâr (p) ; -
De notre seigneur et magistrat, honneur des savans et de la science, colonne de vérité, plein d’une
haute intelligence, appui des maîtres de l’instruction, esprit unique de son siècle, écho pour la communication
des sciences, habile dans sa langue, savant profond, réputé tel par les savans eux-mêmes,
notre maître et notre cheykh, soleil de la religion, Mohammed el-Hafnâouy ( to j , connu sous le nom
respectable d'el-Mohdy ( 11 ) ;
De notre seigneur, le savant des savans, océan de lumières, langue des orateurs, jardin des gens
instruits, appui des instructeurs, colonne de vérité, héritier de la science du maître des envoyés de
Dieu, ornement de la loi du peuple et de la religion, notre maître le cheykh Moustafa el-Sâouy (12),
oeil des plus clair-voyans parmi les docteurs èn exercice qui donnent des décisions et des leçons dans la
mosquée el-Azhâr: que Dieu nous les consèrve, pour la continuation des biens qu’ils nous procurent!
Arnyn.
Et du très-honoré, riche et illustre parmi les grands, oeil clair-voyant parmi les chefs les plus respectables
et les plus grands dans les rangs élevés, le prince Moustafii-aghâ A ’bd er-Rahman (13), aghâ
du corps des janissaires du Kaire ;
De la branche de l’arbre chéri, bordure respectée du turban du Prophète, l’honorable négociant, le
(1) Myry tSjz* > contribution due au sultan sur le produit
des terres cultivées. On donne aussi ce nom à la
redevance des fellâh envers leur propriétaire.
(2) El-Cheykh Ahmed el-A'rychy A b o u - l - Tyqân
(3) Q.asr_yJ). C
(4) Khalyg el-Hâkemy ^.¿-,1-11 (5) Qâdy el-qodât »Lâijl
(6) El-Seyd Khalyl el-Bekry él-Sâdyqy e l-A q â y
üls-Vl J L oU l J j& l J*U. o^Jf.
(7) Naqyb el-achrâf
(8) El-Cheykh A ’bd-allah el-Cherqâouy cheykh el-
Mechâykh ^ o - * - * g.-A. il
(9) Game' el-Azhâr jUjVîy^oU..
(10) Mohammed el-Hafnâouy jijLsdl o>*=£.
(11) El-Mohdy [le retrouvé]. Ce nom a été
donné à ce cheykh, parce que, né de parens Qobtes et
Chrétiens, il avoit été d’abord élevé dans leur religion
avant d’embrasser celle des Musulmans.
(12) El-Cheykh Moustafa el-Sâouy
cîjUf.
(13) El-emyr Moustafa - aghâ A ’bd er-Rahman
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