
dans de grands détails. Si même j’en fais ici une description ou plutôt une mention
rapide, c’est afin de constater l’état de l’industrie dans la capitale de l’Égypte au
moment de l’expédition, afin qu’on puisse apprécier un jour à venir les progrès
qu’elle aura faits depuis cette époque mémorable.
LogOement.
M A Ç O N S , T A I L L E U R S D E P I E R R E S , & C .
L e maçon du Kaire se sert de deux espèces de matériaux : la pierre de taille et
la brique. Les carrières de Torrâh et celles du Moqattam lui fournissent abondamment
la première ; mais plus souvent il puise dans les anciennes constructions, et
débite en fragmens d’un ou de deux décimètres des pierres d’assise d’un mètre ou
plus de hauteur. Les outils du maçon et du tailleur de pierres sont presque grossiers;
mais les ouvriers suppléent à leur imperfection par l’adresse et la dextérité.
Pour éteindre la chaux, ils jettent de l’eau par-dessus, comme à l’ordinaire, en
petite quantité, et la remuent vivement, pour la rendre pulvérulente. La chaux se
calcine, du côté de Bâb el-Nasr, dans des fours assez bien disposés, gayyârah. Le
fourneau est bâti en briques, en forme de cône renversé; l’évasement supérieur est
large d’environ y pieds ; on le chauffe simplement avec des roseaux. Il y a aussi des
fours à chaux du coté de Bâb el-Cha’ryeh. On tire la pierre de Gebel el-Gyouchy;
c’est un calcaire ordinaire, non coquillier : chaque fournée produit cent cinquante
qantâr de chaux, et exige cinq cents bottes de bouz, qui se paient dixparâts l’une;
le feu est entretenu pendant deux jours et une nuit ( i ).
Il y a des fours à plâtre \^gabbâseli\ établis dans quatre quartiers du Kaire; le
gypse est apporté de Helouân par Torrâh, et de Bayâd près de Beny-Soueyf (z).
C ’est la première espèce qui produit le plus beau plâtre, le plus fin et le plus
blanc ( 3 ). On fait de l’un et de l’autre au Kaire un très-grand usage pour enduits
sur les murailles; ils suppléent à nos tentures : on les rehausse quelquefois par des
peintures assez grossières qui représentent des fleurs et des omemens; d’autres fois,
par des sentences du Qorân, écrites en lettres colossales de diverses couleurs, qui
ne manquent pas d’une sorte d’élégance.-Le maçon Egyptien excelle dans l’art
d’appliquer et d’étendre ces enduits (4 ); et quand le plâtre n’est pas assez blanc,
il étend par-dessus une couche de chaux. Il sait aussi fabriquer une sorte de stuc.
C ’est encore le plâtre qui sert pour les toitures. L ’art du couvreur se borne à
latter les plafonds et à les recouvrir de cette matière (y). Ces couvertures légères
résistent d une manière étonnante aux vicissitudes atmosphériques; ce qui s’explique
moins par la constance du climat ( car il ne faut pas confondre l’uniformité des
( i ) Voyez planche 26, É. M. vol. I ( D-10; n.° 379,
DE-ÿ ). Voyez aussi planche u , Arts et Métiers, fig. 4,
y , 6, et l’explication.
(2) Voyez n.° 330, D-14; n.° 293, E-8; n.° i8,M-9,
et n.° 172, U-io. Voy. aussi planche i l , Arts et Métiers,
fig. y et 8, et l’explication.
( 3 ) L’art de moudre le plâtre est plus avancé qu’en
France même; il est représenté et décrit dans lapl. A'XVI,
Arts et Métiers, fig. 2, et l’explication.
(4 ) Y oyez planche x v m , Arts et Métiers, fig. / , et
l’explication parM. Le Père, architecte.
(S') Voyez ibid.fig. 2, et l’explication.
saisons
saisons avec les variations diurnes de l’atmosphère, qui sont, comme on l’a vu
plus haut, très-considérables) que par une sorte d’élasticité propre à ces couvertures:
ce n est pas sans surprise que l’on voit des dômes de la plus grande dimension
exécutes de cette manière et durant depuis nombre d’années, sans être ni
altérés ni fendilles dans aucune de leurs parties.
Les briques en usage sont de deux espèces : celles qu’on appelle crues, et qui
sont simplement cuites au soleil ; les autres que l’on cuit dans les fours à briques.
Ces fours n ont dans leur forme rien de particulier. La matière est le limon du Nil,
plus ou moins mélangé d’argile, quelquefois sablonneuse: on y ajoute des brins
de paille pour leur donner de la ténacité; ce procédé est suivi de temps immémorial.
L e briquetier opère dans son moule avec une extrême vitesse.
F O R G E R O N S , & c .
Les outils du forgeron ( 1 ), du taillandier ( * ) , du serrurier, sont très-imparfaits
Les forges sont entretenues par un double soufflet, qui ne laisse pas de fournir un
courant très-rapide.pour entretenir la flamme. On seroït étonné de voir les noyaux
de datte y servir dé combustible, si l’on ne savoit quelle immense consommation
les habitans font de ce fruit. Beaucoup de forgerons sont réunis dans le quartier
dit el-Nahliâsyn ou des chaudronniers ( 3) : on y fait des clous avec assez d’adresse.
C H A R P E N T I E R S , M E N U I S IE R S , & C .
Les scieurs de long et les charpentiers [nackâiyn] (4) occupent plusieurs okels.
Les charpentiers travaillent principalement en bois de sount et de nabq [Mimosa
Nilotica et Rhamnus napeca\. le bois de lebbek [ Mimosa lebbek ] vaut mieux encore;
mais il est devenu trop rare et trop cher par l’incurie des maîtres du pays. L e bois
de.sycomore, à l’exception de la racine, est trop tendre, et cependant on l’emploie
souvent, faute de mieux. U en est de même du dattier, dont le tronc
fournit des supports, et dont on fait même d’assez mauvaises planches : les meilleures
sont les planches d acacia. Je dois faire remarquer que ce dernier bois
servoit aux anciens habitans pour le même usage.
L e menuisier Égyptien travaille avec une dextérité et une prestesse singulières,
et cependant il se tient ordinairement assis à terre. Ses outils, ainsi que ceux des
ouvriers dont on vient de parler, ont été décrits ailleurs (y); il suffit de citer
le qaddoum, qui lui sert à toute sorte d’usages, savoir : entailler, fendre, frapper,
arracher, &c. Un grand nombre de menuisiers et de layetiers sont établis dans une
grande rue très-large et couverte, appelée Taht el-Rob' ( 6). Ils fkbriquent des caisses
d’une grande capacité et très-solides, en bois de cèdre et autres bois odorans. Le
serrurier en bois, dobaby, fabrique des serrures en bois, dobbeh, qui sont les plus
(1) Voyez planche XXI, fig. 2, Ans et Métiers, l’ex- (4) Voyez planche xix.fig.s, Arts et Métiers, et
pliçation par M. Coutelle, èt planche x x x . Voyez l’explication.
planche 2.6 ( n.» 355, M-6, et n.- 387, M-8 ). (5) Voyez planche XIX, fig. 2 , Ans a Métiers, et
(2 ) Voyez planche XXVI,fig.3, Arts et Métiers, et l’explication; voyez aussi planche XXX.
explication; voyez aussi planche XXX. (6) Voyez planche tuf, È. M. vol. I ( n." 3 îo
(3 ) yoy.pl. x x i ,fig. 1, Arts et Mét., et l’explication. M-7 ).
E. M. TOM E II, 2.e partie.