qui le traversent ou s’y baignent. Nous avons vu souvent des hommes et de tout
petits enfans passant le fleuve à la nage à leur suite : ils.avoient sous le ventre:
un paquet de courges pour les soutenir; leurs vêtemens étoient noues autour dej
leur tête, et ils se servoient de leurs mains comme de rames pour se diriger
A u milieu de nos observations et de tout ce qui attiroit nos regards, nous
arrivâmes au Batn eBBaqarah ou Ventre de lu Vache, point vers lequel le Nil se sf.
pare en deux parties pour former les deux branches de Rosette et de Damieite
Là le fleuve a une largeur qui paroît immense, et l’on est presque tenté de se croire
en mer.
Déjà nous avions aperçu les fameuses pyramides, lorsque nous en étions encore
à plus de huit à dix lieues de distance. A mesure que nous avancions le
plateau sur lequel elles sont assises se développoit davantage, et elles offioienti
notre admiration leur imposant Spectacle. Durant le voyage, nous descendîmes
quelquefois de la barque pour aller chercher des pastèques dans les villages voisins!
Nous étions bien accueillis par les fellâ h , qui nous vendoient avec empresscmeai
ce fruit que l’on trouve si délicieux dans un pays desséché par l’ardeur du soleil.
Dans ces excursions hors de notre barque, nous trouvions le sol brûlant, le ciel
nous paroissoit enflammé, et nous étions presque suffoqués par des bouffées
d’air qui nous sembloient aussi chaudes que si elles fussent sorties de la bouchel
d’un four.
Dans la traversée du Ventre de la Vache au Kaire, nous aperçûmes sur la rive!
droite un homme et une femme groupés sur un chameau; ils étoient suivisdel
leurs païens ou amis montés aussi sur des chameaux, chargés en outre de bagages !
C é to it une nouvelle épouse que son mari emmenoit dans sa demeure. Il nouai
sembla voir Rebecca ( t ) suivant le vieux serviteur d’Abraham, cjui étoit venu la!
chercher pour être la femme du fils de son maître (2). A chaque pas en Egypte,!
on. retrouve ainsi les moeurs et les usages décrits avec tant de naïveté dans lai
Genèse.
Enfin nous arrivâmes à Boulâq le 3 fructidor, vers cinq heures du soir. C e t !
endroit peut être considéré comme le port du Kaire, de cette capitale de l'Egypte,
qui alloit être bientôt l’objet de notre avide curiosité.
( 1 ) En Rcbecca corarn te est ; toile earn, et proficiscere, (2) Igitur Rtbecca et puellæ illius, ascensis cctmls, se
et sit uxor filii domini tui, sic ut locutus est Do/ni nus. eu tie sum virum : qui festin us revertebatur ad donùnm
( Gen. cap. xxiv,ar. j i . ) suum. ( ibid. y. 61.)
ESSAI SUR LES MOEURS
DES
h a b i t a n s m o d e r n e s d e L ’ É G Y P T E ,
P a r M. D E C H A B R O L .
CH A P ITR E PREMIER.
Covp-d’oe il gén éra l sur le C lim a t, la P o p u la tio n et les Moeurs de l ’Egypte.
t, §• I - "
D u Climat.
L e s restes vénérables de l’ancienne Egypte ont été l’objet d’un grand nombre
d’écrits qui ont trouvé'place dans les autres parties de l’ouvrage; nous nous proposons
d’offrir ici le tableau abrégé des moeurs de l’Egypte moderne. Peut-être
quelques traits de ressemblance avec les anciens usages nous porteront-ils à faire
plusieurs rapprochemens : tout d’ailleurs mérite une égale attention dans un pays
où l’imagination est pleine de souvenirs. L e philosophe y suit de près l’historien;
il se plaît à étudier les causes diverses qui influent sur le climat, et l’action de
ce climat sur les êtres animés : les hommes nouveaux dont il se voit entouré,
deviennent le sujet de ses observations, en même temps que les débris de l’antiquité
font l’objet des profondes recherches de l’archéologue.
L’Egypte est située dans une des positions les plus remarquables du globe :
placée à 1 une des extrémités de l’Afrique, elle joint ce continent à l’A s ie , et ses
ports sur la Méditerranée la font en quelque sorte toucher à l’Europe. Les parallèles
entre lesquels elle est comprise sont situés, l’un, à 24° n 25" nord, et l’autre,
a 3|0 37 ; et ses deux méridiens extrêmes sont, à l’est, le 3 2 .' degré, e t, à l’ouest,
le 27.' degré, à l’orient de Paris.
Cette position suffirait seule pour qu’on pût la ranger parmi les régions les plus
chaudes, quand d’autres causes encore ne contribueraient ¡tas à y rendre la chaleur
excessive. Dans les appartemens les plus frais, et même dans la basse Egypte, le
thermomètre de Réaumur se soutient à 24 et 25 degrés pendant les mois de
juillet et daoût: mais, dans la Thébaïde, il s’élève à 34 degrés au nord et à
ombre; et, dans les sables, sa hauteur atteint jusqu’à j 4 degrés ( 1). C e n’est pas
uniquement au voisinage de l’équateur, comme l’a très-bien observé Vo lney, que
(0 Particulièrement à Pliilæ, à Syène et à Ontbos.