ton paroît pesante. Simples dans leurs vëtemens, on remarque encore, à trave I
la médiocrité de leur parure, un désir de briller parmi leurs compagnes, soit e I
couvrant leurs doigts de larges anneaux d’argent comme les sâys, soit en ornant 1« I
tresses de leurs cheveux de quelques pièces de monnoie.
L e Kaire et Boulâq renferment plusieurs familles originaires de la Syrie ((¡I
femmes qui leur appartiennent sont généralement belles et d ’une taille élevée !
leurs grands yeux noirs ont quelque chose de séduisant; mais leur nez aquilin ™|
peu long, donne peut-être à leur physionomie un air de gravité trop prononcé I
Elles l’emportent néanmoins de beaucoup sur les femmes Turques, dont ellesI
ont d’ailleurs adopté le costume et les usages.
C ’est une coutume générale parmi les femmes chrétiennes ou musulmanes de I
se noircir le bord des paupières avec l’espèce de collyre qu’elles appellent kohtl[\\ I
et de se rougir les ongles avec le henné : on sent combien cette couleur sombre I
ainsi appliquée au-dessus des yeux, doit donner de rudesse au visage. Du reste!
on ne peut en bien juger que dans l’intimité, à moins que des circonstances extraor-!
dinaires ne viennent au secours de la curiosité; car les femmes de toutes les con-l
dirions ne sortent jamais sans avoir le visage couvert du borqo' (2) : c’est un voile!
formé dune pièce de mousseline; il s’applique sur le nez et la bouche, gêne!
la respiration, et doit être fort incommode. Les femmes mariées ont en outre le|
front ceint d’un bandeau d’étoffe noire, qui laisse entre le borqo’ et lui un léger!
intervalle pour les yeux : celles qui ne le sont point encore, le portent blanc,!
ainsi que le v o ile , qui est toujours de la même couleur pour les unes et les autres,!
L e s hommes, excepté quelques parens très-proches, ne pénètrent jamais dans! I appartement des femmes : le mari mange rarement avec elles. L a partie supé-!
rieure de la maison leur est consacrée. Ces usages sont communs aux Turcs ct|
aux autres nations musulmanes.
Avant 1 expédition Française, lorsqu’un étranger obtenoit la haute faveur d’êtreI
présenté à 1 épouse d’un bey ou d’un autre grand personnage, cette damele rece-1
voit dans 1 appartement de son premier eunuque ; mais elle ne s’y présentoit pas*
elle faisoit servir le café et les sorbets dans cette piè ce , et conversoit avec l’étranger!
par 1 entremise de 1 eunuque, sans jamais sortir de son boudoir. C ’est ainsi que les!
voyageurs qui ont précédé la conquête, n’ont pu connoître les grandes dam es!
Égyptiennes : en va*n quelques seigneurs musulmans sembloient-ils promettre cette!
grâce à leurs ardentes sollicitations; ils avoient l’art de concilier la bienséance!
avec les moeurs de leur patrie.
Les femmes, comme nous l’avons déjà dit précédemment, se marient à douze!
ans; il est rare qu elles restent jusqu’à l’âge de dix-sept ans sans époux : on prétend!
même qu’elles sont nubiles à dix et onze ans. Ce fait est peut-être un peu hasardé;!
cependant on cite plusieurs exemples qui ne laisseroient' aucun doute à cet égard.!
II arrive que des jeunes filles d un tempérament précoce sont unies à leurs époux!
a n eu f ou dix ans : néanmoins les femmes sont toujours consultées dans cette!
(2 ) P
o c c a s io n ; et le mariage ne se consomme que lorsqu’elles déclarent que fa jeune
épouse est nubile.
Une femme Égyptienne peut devenir mere a douze ans; elle l’est communément
à quatorze : les années suivantes, elle donne presque toujours les preuves
d’une étonnante fécondité. Il arrive souvent qu’une femme soit mère de neuf
mois en neuf mois; mais, pour établir une proportion juste, on peut considérer
chaque Égyptienne mariée comme ayant un enfant tous les trois ans. Ce calcul
établit une sorte de compensation pour celles qui sont malades, peu fécondes, o.u
que des causes particulières rendent incapables de produire. La stérilité absolue
est très-rare dans ces contrées ; elle feroit même la honte d ’une femme : aussi
ont-elles recours à tous les moyens que leur suggèrent les préjugés et la supersr
tition pour devenir fécondes : des charlatans et des fourbes indigènes ou étrang
e r s profitent de ce foible pour fournir à grand prix des recettes soi-disant
infaillibles ; mais la nature et le climat viennent toujours au secours de leurs
philtres, qui sans cela seroient impuissans.
Cependant les femmes ne sont pas fécondes aussi tard qu’en Europe : dès qu’elles
approchent de trente ans, des accidens réitérés rendent leurs couches laborieuses,
et coûtent la vie à l’enfant dont elles comptoient encore s’enorgueillir. L ’âge de
trente-cinq ans est le terme ordinaire pour le plus grand nombre. Quelques-unes
jouissent du bonheur d’être mères jusqua quarante; mais ces exceptions sont rares:
il est tres-extraordinaire encore de voir une femme produire au-delà de cet âge.
Le temps fixe par la nature pour la cessation des facultés génératives est une époque
terrible pour les Égyptiennes : elles éprouvent alors des dérangemens successifs
qui détériorept leur santé; mais celles qui échappent à cette crise, parviennent
quelquefois à un âge très-avancé.
Les accouchemens sont faits par les femmes : ils sont ordinairement heureux;,
par suite de la vie tranquille des Égyptiennes. Lorsqu’une femme , après avoir
cpuise toutes les ressources que 1 art impuissant des empiriques vend à sa crédulité,
ne peut jouir du bonheur d’être mère, ou de conserver les enfans qu’elje
met au inonde, 1 adoption la dédommage des privations que la nature lui impose.
On n entend jamais dire, par exemple, que telle femme est absolument stérile,
que tel homme est impuissant. La mort exerce sur-tout ses ravages sur les enfans
des familles étrangères. Les Mamlouks, les Grecs d’As ie , les Osmanlis, les Européens
et les autres individus qui ne sont pas indigènes, meurent souvent
«ans postérité, quand ils se marient entre eux. En s’alliant aux naturels du pays,
ils peuvent jouir des douceurs de Ja paternité, sans que néanmoins ils puissent
prétendie a la douce satisfaction de laisser après eux de nombreux desçendans.
Une Égyptienne devenue mère n’a plus d’autre pensée que le soin de son en-
ant. il fixe uniquement son attention et concentre toutes ses affections. A peine
“ t-elle délivrée du fardeau dont elle fut si fière pendant neuf mois, quelle
oublie les douleurs de l’enfantement : cet être foible et cher l’a dédommagée
e ses longues souffrances. Qu’il est doux pour elle de remplir les devoirs de
a nature ! L enfant qui lui doit le bienfait de l’existence ne sera point livré aux