on peut joindre Bâb el-KJioukhah ( i ) . D e son temps, ces portes n’étoient plus
aux lieux où Gouhar les avoit fait construire (2). Bedr-el-Gemâly fit bâtir |es
portes de Nasret de Fotouh à quelque distance au-dessous des anciennes ; c’est à
lui que l’on doit les hautes et épaisses murailles dont ces portes sont accompagnées.
Nous ne retrouvons aujourd’hui que six de ces noms parmi les portes existantes.
On ne doit pas confondre les noms de Bâb el-Gedyd et de Bâb el-Hadyd, puisque
cette dernière porte est au nord-ouest du Kaire, tandis que l’autre étoit au contraire
à l’est, mais beaucoup plus près de Bâb el-Zoueyleh que l’enceinte actuelle;
la porte de Mahrouq, ou plutôt de Derb el-Mahrouq, étoit également alors plus
rapprochée de Bâb el-Zoueyleh qu’elle ne l’est aujourd’hui (3). La porte Bâb
el-Gedyd avoit été bâtie par les ordres de Hakim (4).
3.0 P O N T S .
Les ponts élevés sur les canaux du Kaire ne présentent aucune remarque intéressante
: ils ont tous une ou deux arches en ogive, leur chaussée étroite et leurs
parapets très-élevés. Celui qu’on appelle el-Sebâa.’, ou des Lions, porte la figure de
cet animal, sculptée dans toute la longueur des frises, comme le pont de Beyçous,
sur le canal Abou-Meneggeh, au-dessus du Ventre de la vache. Il est double,
c’est-à-dire, composé de deux ponts, l’un perpendiculaire au canal et débouchant
en face de la mosquée de Setty Zeyneb; l’autre, oblique et très-large, conduisant à
la rue de la citadelle : ce qui fait qu’on appelle ce lieu Qanâter, et non Qantrnl
el-Sebâa ( s). Ils sont l’ouvrage du sultan Beybars, qui les fit construire vers 1270,
ainsi que le pont du canal Abou-Meneggeh. A cette époque, le Kaire n’étoit pas
bâti vers le sud, au-delà de la rive droite du canal. J’ai dit que Maqryzy comptoit j
quatorze ponts sur le canal ; on en trouvera vingt-un marqués sur les plans, dont
neuf hors de la ville.
4 ° M O S Q U É E S .
D e tous les monumens du Kaire les plus remarquables sans comparaison, ce
sont les édifices religieux. L e nombre en est considérable ; à cette classe on pour-
roit rattacher encore les fondations pieuses ou charitables, les tekyeh et les couvens
( i ) Voyez le fragment de Maqryzy sur les portes du el-Latyf (pag. 430 et suiv.). Voyelles remarques de ce ;
Kaire, traduit par feu Prosper Rouzée (ci-après, Ap- savant, qui a deviné très-juste, quoiqu’il eût sous les yeux
pendice ). , des pjans imparfaits. L’écrivain Arabe parle de la porte
( 2) La construction des murs du Kaire date de l’an 572 el-Safa, aujourd’hui el-Seydeh, qui appartenoit à l’ancien
de l’hégire [ 1176], selon Maqryzy; elle fut faite par Kaire. Elle fut jointe à la porte neuve, el-Gedyd, parla
ordre du sultan Salah-el-dyn Yousouf, et par les soins de grande rue de Qeysoun, à mesure de l’extension delà
l’eunuque grec Qarâqouch, émyr du sultan. (Relation ville.
d* A ’bd el-Latyf, &c. pag. 210.) ( 4 ) Le calife Hakim Bi-arrir-Allah, de la fin du
(3 ) ^oye^le plan du Kaire [planche26, E. M. vol. I , x.c siècle. On avoit cette porte à gauche en sortant du
carreaux M-6 et M-3 ). Le plan explique bien ces varia- Kaire par BâVel-Zoueyleh et allant au vieux Kaire.
tions, ainsi que tout le passage de Maqryzy à ce sujet, (5) On peut prendre une idée des ponts du Kaire, en
cité par M. Silvestre de Sacy dans la Relation d*A1 bd consultant la planche z7 ,fig. 9 et M. vol. 1 •
où Ion donne aux voyageurs 1 hospitalité [voyez ci-après, y;"). II n’est pas permis
aux Francs'd’entrer dans les mosquées; ce n’est que par suite de l’occupation
militaire des Français qu’il nous a été permis d’y pénétrer, d’en relever les plans
et les dimensions, de dessiner les principaux ornemens de l’architecture. Et cependant
les musulmans rassemblés dans les mosquées murrnuroient très-haut de voir
dès chrétiens Chaussés souiller le saint lieu , quand eux sont obligés de déposer
leurs sandales. L e I. volume des planches de l ’État moderne présente lés détails,
les vues ou les plans des mosquées suivantes ( i ) : T ou lou n* , el Hakim*, Soultân-
Qalaoun*, Cheykhoun*, Soultân Hasan*, el-Moyed*, el-Nasryeh, el-Sa’yd, el-
Meçihyeh, el-Mahmoudyeh* et el-Dâher*, au-dehors (2). Je crois, au reste, inutile
de faire la description d’un genre d’édifices aussi connus que les mosquées, de leurs
dômes, de leurs minarets, des tribunes, des bassins et piscines, &c. Il est à regretter
quon n ait pu dessiner la mosquee des Fleurs, Gâma’ el-Azhar, nommée aussi la
grande Mosquée, qui est une des plus étendues, une des plus fréquentées, et celle
où se rassemble le plus de monde. Elle est la plus ancienne après Touloun et
el-Hakim ; ses revenus sont considérables, et la plus grande partie sert à l’entretien
d’une bibliothèque et d’une espèce d’université ; l’on y professoit autrefois la
médecine, la théologie, les lois, les mathématiques, l’astronomie et l’histoire.
On y enseigne encore les élémens des connoissances et l’arabe littéral avec beaucoup
de soin : plus de quinze cents élèves y sont instruits ; jadis le nombre en passoit,
dit-on, douze mille, et 1 on nourrissoit et logeoit les étudians lés plus pauvres. Je
reviendrai plus bas sûr l’histoire de cet édifice.
On n a rien négligé pour recueillir les dessins et les détails du grand édifice
bati en face de la citadelle, dans la place dite el-Roum/eyeh (la mosquée de Soultân
Hasan); elle fut fondée en 7 5 8 ^ 1 3 5 6 ] par Hasan Melik el-Nasry, qui régna
deux fois, et mourut en 762 [ 1360]. C ’est un des plus beaux monumens du Kaire
et de tout 1 empire ; il mérite un des premiers rangs parmi les ouvrages de l’architecture
Arabe par la hardiesse de sa coupole, l’élévation de ses deux minarets
et la grandeui du vaisseau, ainsi que par la richesse des marbres et des ornemens,
qui y sont prodigués sur les pavés et sur les murailles (.3), et disposés selon la
maniéré simple qui est propre a cette architecture; le bois et le bronze y sont travaillés
avec art dans les portes et les .grillages. Les seules peintures admises dans
les mosquées sont des ornemens qui représentent des lettres d’écrittire dessinées
très en grand, en toute sorte de couleurs, bleu d’outre-mer, or, vert et rouge;
ce sont des sentences et divers passages du Qorân. A l’extérieur du bâtiment, on
voit aussi des inscriptions de ce genre ; les sculptures imitent des fleurs, des
enroulemens de toute sorte de formes empruntées des végétaux. Une multitude
de lampes sont suspendues aux Voûtes des dômes, qui renferment, comme on
sait, les tombes des fondateurs.
Ici 1 architecte paroit avoir été contraint de bâtir sur un terrain irrégulier-
(1) Voyez les planches 27 ajtt. d’autres qu'on peut regarder comme de grandes mos-
(2) Les plus remarquables sont désignées par une quées. Voye^ ci-après.
,«oile dans cette énumération. II y en a encore beaucoup (3 ) Voyez É. M. vol. 1, planches35 àj7 .