
T ou te la partie inférieure ¿u khalyg comprise entre les quatre ponts; sur un
longueur de 6 à 7000 mètres, étoit cultivée par les Arabes, au moyen des eau*
qu’ils retirent des puits et des citernes nombreuses qui bordent les digues de ce
canal : ainsi l’on y voyoit quelques champs de trèfle, de.foin, d’orge et de bfê.
ils y cultivoient encore quelques plantes potagères que l’on retrouve plus abondamment
dans les jardins de l’enceinte Arabe, telles que le pois, la féve, l’aubergine,
le câprier, la laitue, l’oignon et autres..
5 4- T e l est le tableau de la situation qu’Alexandrie offrit à l’armée Française
vers la fin du x vm .e'siècle, plus de deux mille ans après sa fondation.
Je terminerai ici la description de l’état moderne de cette ville pour passer
à la seconde section de ce Mémoire, celle qui a pour objet la connoissance de
son ancien état dans les temps de sa splendeur et de sa prospérité, sous l’empire
des Grecs et des Romains.
séjour en Egypte,on fut obligé d’envoyer de nuit, comme bat. On ne pensoitpas en effet que les habitans ei,sîent
on i’auroit fait par une mesure de sûreté militaire, à jamais, avant nous, laissé multiplier une espèce d ’ani-1
Alexandrie, au Kaire, à Rosette, à Damiette, et dans maux aussi incommodes, si ces animaux, a v o ie n t «é
d’autres villes, des patrouilles nombreuses qui avoient habitués à troubler ainsi le silence des nuits par des cm
ordre de surprendre et de détruire ces bandes de chiens et des .hurlemens, qui ne pou voient être causés que pat
affames et errans, dont les cris lugubres et vraiment une terreur inconnue avant notre arrivée,
effrayans sembloient exciter de nuit les habitans au com-
SUR LA VILLE D ’ALEXANDRIE.
SECONDE SECTION.
État ancien de la ville d'Alexandrie sous l ’empire des Grecs et des
Romains, et Comparaison de cet état avec l ’état moderne.
)j . L a ville que le conquérant de 1 Asie vint fonder en Égypte, et qu’il
appela de son n om , fut bâtie dans l’emplacement d’un bourg qui existoit longtemps
auparavant, et qui étoit situé sur les bords de la Méditerranée, près et en
face de l’île Pharos. Ce bourg, que l’on nommoit Rlmcotis ( 1 ) , avoit un temple
dédié à Isis et à Sérapis ; il étoit habité par des pêcheurs et des bergers qui
occupoient ce point d’un isthme étroit et resserré par les eaux de la Méditerranée
ou mer des Grecs, au nord, et par celles du lac Marea, au sud. Les
Perses, et avant eux les Pharaons d’Égypte, l’avoient fortifié, ainsi que l’île
Pharos, pour les mettre à l’abri des incursions des Grecs; car les habitans de
cette bourgade et des environs, qui portoient le nom de Ps/y.orts(f, étoient en
état de repousser les agressions de ces pirates qui infestoient leurs côtes. Strabon
dit a ce sujet. « Les premiers rois d Égypte, contens de ce qu’ils possédoient, sen-
» tirent peu le besoin des choses du dehors : prévenus en outre contre tous les
» navigateurs, et sur-tout contre les Grecs, que 1 exiguité de leur territoire portoit
» a chercher et piller ailleurs ce qu ils ne trouvoient pas chez eux, ils placèrent en
» ce lieu une garde avec ordre d en défendre l’ahord aux étrangers. » Rhacoùs ne
devoit pas etre considérable a Iepoque où Alexandre y apparut, puisque, plus
d’un siècle avant, Hérodote, qui visita l’Égypte l’an 460 avant notre ère, ne fait
pas mention de cette bourgade dans son Histoire, quand il cite comme déjà
considérables alors les villes de Canope, au nord-est, de Marea et S A p is, au sud.
Les auteurs Arabes (2) font remonter la fondation de cette bourgade au temps
deMesraïm, arrière-petit-fils de Noé ; d’autres, à un prince nommé Ctedad, bien
antérieur au conquérant Macédonien. Munie de trois enceintes fortifiées, cette
ville auroit été ruinée et reconstruite à diverses époques, d’abord par les Ama-
lécites, et Chedad nauroit fait que la restaurer; ensuite par les Perses, sous la
conduite de Bakht-Nassar, le même prince d’Assyrie qui saccagea Memphis et
flue 1 Ecriture nomme Nabuchodonosor (3).
Vers lan 2356 après le déluge, 1684 ans avant la ruine du temple de
0 ) Rhacotis, suivant Strabon, Iiv. XVII, et Rakhoty,
suivant l’orthographe Qobte. Jablonskt, en parlant de ce
ieu, s exprime ainsi: NamRakhotis, quoe postea nonnisi
«1 urbivm Alexandrioe fuit, diù ante urbem hanc regiam ab
exandro erectam, illic steterat, quod multi resiantitr, et
tos tutelares Serapim ac Isim habuerat. ( Panth. Ægypt.
tom. I, pag. 231. )
M Le savant orientaliste, M. Langlès, qui a traduit
Maqryzy, écrivain Arabe très-renommé par sa géographie}
historique de l’Égypte, a donné, dans l’édition qu’il a
publiée a Paris, en i Soi, du Voyage de Norden, tom, III,,
page 157, des détails intéressans que nous avons .consultés,
et dont on trouvera quelques passages dans ce
Mémoire.
(3) Scaliger, De emendatione temporum, édit. de 1629,
Pag- 393-