de cette rade, qui peuvent être défendues sans de grandes difficultés. Le rocher qui
en fait Je fond étant de nature calcaire, on pourroit, par quelques travaux d’art
parvenir à Jeur donner plus de largeur et de profondeur ( i) , On conçoit dé
quelle importance seroit l’exécution de ces travaux, qui assureroient à l’Égypte
la protection de son commerce par l’existence d’une marine militaire ; car cette
rade, quoique naturellement abritée, peut l’être encore plus par des môles
et
autres établissemens sur ses côtes, et même sur divers points de la ligne de récifs
qui en borde l’entrée. L a nature calcaire de la chaîne qui longe toute la côte a»
sud-est, doit faciliter l’exécution de ces derniers travaux.
Les difficultés des passes de la rade rendent indispensable le secours des pilotes
côtiers pour tout bâtiment qui veut y entrer; mais souvent le gros temps, et l’agitation
de la mer qui en est la suite, ne permettent pas aux pilotes de répondre
à l’appel des signaux. On remédiera facilement à cet inconvénient par rétablissement
de quelques points d’amers sur la côte. Ges établissemens consistent
dans la construction de quelques tours assez élevées pour être aperçues des bâti-
mens à deux lieues au large. Ces tours pourraient servir tout-à-la-fois de balises
de forteresses et de phares ; car, comme la côte est basse et dangereuse par les atter-
rissemens de sa plage, on a besoin d’y multiplier de nuit les feux destinés à ls
sûreté de la navigation.
3. L e port vieux, situé vers l’extrémité orientale de la rade, est détenninc
par l’espacement circulaire compris entre le cap des Figuiers et la côte au sud; |
les hauteurs de la presqu’île du Phare le mettent parfaitement à l’abri de la tourmente
des vents du nord-ouest, du nord et du nord-est, assez violens et assez
fréquens sur les plages d’Egypte. C e port est vaste et profond ; le mouillage en est
sûr : dans son état actuel, les plus forts bâtimens de commerce peuvent y mouiller
à une demi-encâblure de terre; cependant, au moyen de quelques travaux d’art
et autres établissemens de marine, il ' seroit facile de le rendre un des ports
les plus commodes comme il est naturellement un des plus beaux du monde.
On voit, par l’indication des sondes, que les frégates et les bâtimens de guerre
peuvent y mouiller. L ’accès en étoit autrefois interdit aux vaisseaux Européens.
On doit espérer, de l’intérêt plus éclairé de la Porte Ottomane, que ce port
sera désormais ouvert à notre commerce, comme à celui des autres nations de
l ’Europe (2). 4- L e port neuf ou port oriental est formé par une anse semi-circulaire, dont
1 ouverture, qui, du côté du nord, a 1789 mètres [9 1 7 toises y pieds], est également
resserrée par une ligne de récifs ou roches sous l'eau, qui réduisent à 500 mètres
environ la passe accessible aux bâtimens. Ouvert absolument aux vents de nord
(1) On pense qu’au moyen de quelques pontons armés le fond des passes, au moyen de la cloche à plongtur, |
dune batterie a sonnettes, agissant par l’effet de moutons dont l’emploi permet à trois ou quatre ouvriers d e tra-
sur de longues et fortes pièces en bois de chêne, armées vailler ensemble, durant quatre à cinq heures d e s u ite ,i |
de sabots en for pointus et tranchans, on parviendrait trente et quarante pieds de profondeur d’eau,
a.saper, détruire ou raser les proéminences des roches ( 2 ) On peut consulter, pour les vues des ports d ’Alexan- |
saillantes sous la Jigne des récifs des passes. drie, en outre des deux feuilles de plans, les doute. I
On pourroit.plus facilement encore détruire et enlever planches des n.°* 85 à 96 inclusivement. Voir E, I
les débris des extractions de ces roches, pour en déblayer vol. II.
et de nord-est, il ne peut recevoir que des bâtimens de commerce, des corvettes
et quelques frégates.
La passe de ce port se prend à une encâblure ( 200 mètres ) à l’est du fort
Phare et du rocher en avant, dit le Diamant, que l’on peut serrer de plus près. Le
mouillage se prend à cette distance en s’étendant au sud-sud-est du Phare. Les
bâtimens de commerce qui ne peuvent jeter l’ancre que sur cette ligne, sont contraints
d’avoir deux ancres pour résister à la tourmente des vents du nord et du
nord-est, qui y sont, comme on l’a dit, assez fréquens, et dont la violence les
expose souvent à se briser les uns les autres sur les bas-fonds. Dans les gras temps,
d’hiver, les bâtimens ne peuvent y tenir, et sont obligés d’aller mouiller dans le
port vieux.
Ce port, dont 1 entrée et la sortie sont assez faciles, semble vaste à son premier
aspect; mais il est generalement peu profond, et il est resserré par des récifs à fleur
d’eau, qui existent jusque dans son centre : il est d’ailleurs encombré de sables e t ’de
pierres, que les bâtimens stationnaires y jettent depuis des siècles. L e fond, qui "est
dérochés, en rend le mouillage assez mauvais; les bâtimens sont obligés d’y tenir
toujours llottans leurs câbles d’ancrage, pour ne pas les exposer à être coupés par
le fond pierreux et rocailleux qui longe la digue sur toute la ligne du mouillage.
Lencombrement de ce port, autrefois si magnifique par sa profondeur, est dû en
grande partie aux sables quy portent sans cesse les courans de la mer, qui varient
suivant la violence et la direction des vents, ainsi qu’aux courans des eaux de la
branche occidentale du fleuve, dans le temps de sa crue; il est encore l’effet de
la décomposition des roches calcaires de la côte à l’ouest, qui cèdent à l’action
destructive de la mer.
5. Les marees, comme dans toute la Méditerranée, sont peu sensibles et n’ont
rien de périodique sur les côtes d’Alexandrie; elles tiennent plus aux vents qu’à
toute autre cause constante : la plus grande élévation des marées qui ont lieu sous
les aires de vents comprises entre l’ouest et le nord-est, n’y est pas de plus de
18 a 24 pouces [49 à 6y centimètres].
Après avoir dit tout ce qu’il hnportoit de connoître sur les passes et le mouillage
des rades et des deux ports d'Alexandrie, nous allons prendre terre, et parcourir
les ruines d’une cité qui, en échappant à la domination Française, dont
elle devoit attendre une nouvelle existence, est retombée, pour des siècles peut-
ctre, dans la poussière de ses tombeaux.
6. L entrée du port neuf, où les vaisseaux Européens pouvoient seulement aborder
«stationner avant notre expédition, est défendue par deux forts bâtis sur les caps
qui en terminent la forme semi-circulaire, le fort Phare à l’ouest, et le Pharillon à l’est.
Le fort Phare consiste dans une enceinte fortifiée à la moderne, renfermant
«ne tour carrée (1), flanquée de quatre tourelles, dont la plate-forme est occupée
par un donjon portant une lanterne, où l’on allume des feux de nuit (2). J’ai vu
|j| yy élévation de ce fort, planche 8$, É. M. {2) C’est à la tour du Phare que les astronomes de
Stand.' elîC 7 ' ’ S U :l Cécile, offre une l’armée Française, cités ci-dessus, ont déterminé la
exactitude de détails. position de la ville d’Alexandrie ; c’est à ces mêmes