
Schouani et LathuiJIe, et quelques membres de la Commission dont les services
pouvoient encore être utiles.
L e 8 janvier, M. Simonel partit pour lever le cours du Nil, par des procédés
géométriques, d’abord depuis le Kaire jusqu’au Delta, et ensuite la branche de
Damiette, à 1 échelle d’un mètre pour 4oooo. Ses instructions portoient quin-
dependamment du cours du fleuve, qu’il devoit lever dans toutes ses sinuosités,
ainsi que la tête des canaux qui en dérivent, il avoit de plus à déterminer la
position de tous les villages qui n’étoient pas à plus de 5 Idlomètres du fleuve,
a en prendre les noms en arabe et en français, et généralement à recueillir tous
les renseignemens détaillés dans l’instruction dont il sera parlé ci-après. Cette
mission fut remplie, et, dès le 2 1 février, M. Simonel étoit de retour au Kaire.
L e 4 mars suivant, M. Schouani reçut l’ordre de se rendre à Menouf, avec les
troupes commandées par M. le général Rampon, pour lever l’intérieur du Delta,
d après les mêmes instructions que celles qu’on avoit données à M. Simonel.
L e 7 mars, ce dernier partit du Kaire pour lever le cours de la branche de
Rosette, comme il avoit fait celle de Damiette ; il devoit ensuite aller à Alexandrie
s’embarquer pour la France.
M. Jacotin devoit se rendre a Rosette, lever la côte depuis le boghâz jusqu’à
Abouqyr, contourner les lacs Ma’dyeh et d’Edkou, revenir à Rosette, traverser
le fleuve, lever la côte depuis Rosette jusqu’à Damiette, côtoyer le lac Men-
zaleh depuis cette ville jusquau pont dit du Trésor, et revenir au Kaire par
Salehyeh et Belbeys, en levant tout Je pays : cette tournée demandoit quarante à
cinquante jours de temps ; après quoi il se proposoit de suivre le quartier général
à son départ du Kaire pour Alexandrie, et de lever, au pas et à la boussole, la
route et le pays qui l’environne : mais la rupture du traité d’el-A’rych changea
ce projet. C e traité, dont toutes les conditions alloient être religieusement remplies
par le général Kleber, fut rompu par les Anglais : on en reçut la nouvelle
au Kaire le 18 mars ; et, deux jours après, la célèbre bataille d’Héliopolis, gagnée
sur le grand-vizir en personne, rendit l’armée d’Orient une seconde fois maîtresse
de 1 Egypte. En moins de dix jours, la conquête des places déjà cédées fut faite ;
il n y eut que la ville du Kaire dont il fallut faire le siège, et qui se rendit enfin
le 22 avril.
Après ces événemens mémorables, il ne fut plus question, pour le moment,
de retourner en France ; les membres de la Commission qui n’avoient pu encore
s embarquer, revinrent au Kaire. L e directeur des ingénieurs-géographes reprit
le projet de lever l ’Egypte plus régulièrement ; il crut devoir profiter du peu
de temps qui restoit avant l’inondation, pour parcourir la basse Egypte. En
conséquence, M. Simonel partit pour aller lever le lac de Bourlos, l’embouchure
de tous les canaux qui s’y jettent, les ruines qui sont sur ses rives, et la côte
depuis Rosette jusqu’à Damiette. Il devoit employer la même échelle que pour
les branches de Damiette et de Rosette, et prendre les mêmes renseignemens.
M. Schouani reçut l’ordre de rester avec la division du général Rampon, et
de continuer le levé de l’intérieur du Delta.
M. Lathuiile resta au quartier général pour le service journalier, et pour y
continuer le dessin d’une carte de l’Egypte dressée par M. Jacotin, à l’échelle
d’un pour 800000, et commencée pendant le siège du Kaire.
Ce chef, après avoir ainsi réparti le petit nombre d’ingénieurs qu’il avoit
auprès de lui, partit du Kaire le 7 juin, pour aller lever la partie méridionale
du lac Menzaleh, le canal d’Achmoun, les ruines de Thmuis et de Mendès et
la branche Pélusiaque. Ces opérations étoient à peine commencées, qu’il apprit
la mort funeste du général en chef Kleber, assassiné au Kaire le t4 juin; il ne
crut cependant point devoir suspendre ce travail, qui étoit très-avancé lorsque,
le 8 juillet, il eut le malheur de se casser la jambe au milieu de ses opérations.
Douze jours après, il proposa un projet tendant à ce que le travail qui n’avoit
pu être fait à cause de la rupture du traité d’e l - A ’rych, fût achevé avant la
grande crue du Nil. C e projet fut approuvé, mais ne reçut pas d’exécution.
Dès qu’il y eut possibilité, il se fit transporter au Kaire, où il arriva le 17 septembre.
Les ingénieurs qui avoient cru partir pour la France, étoient rentrés
dans cette ville dans le courant de juillet. M. Schouani, que les circonstances
avoient empêché de terminer entièrement ses opérations dans le Delta étoit
revenu au Kaire depuis un mois; M. Simonel, après avoir levé le lac Bourlos
et la côte du D e lta , s’y rendit le 2 1 septembre.
Depuis plus de trois mois, M. Legentil étoit occupé du levé du lac Menzaleh
et du pays compris entre la branche de Damiette, ce lac et le canal d’A c h moun.
A cette époque, la crue du Nil étoit à sa plus grande élévation; elle ne
permettoit plus de tenir la campagne. Les ingénieurs furent employés à compléter
la rédaction des travaux qu’ils avoient faits sur le terrain, et à prendre des copies
de divers plans et cartes, notamment du plan d’Alexandrie; le ch e f s’occupa d’une
instruction pour mettre de l’ensemble et de l’uniformité dans les opérations
faites et à faire.
Avant de donner une analyse de cette instruction, on va faire connoître les
procédés employés pour tenir lieu des opérations trigonométriques qu’on avoit
d’abord eu l’intention de faire servir de base au levé.
Avant de partir de Paris, on s’étoit muni de tous les instrumens qu’on avoit
crus nécessaires : mais le vaisseau le Patriote, qui en portoit une partie, fit naufrage;
l’autre partie, qui se trouvoit dans la maison du générai Caffàrelli, fut pillée
a la révolte du Kaire. Quand même ces instrumens n’eussent pas été perdus, on
n auroit jamais pu en faire usage, soit a cause du petit nombre d’ingénieurs auquel
on étoit réduit, soit par la difficulté de parcourir l’Egypte sans une nombreuse
escorte, soit enfin à cause du temps et des frais que ces- opérations au-
roient entraînés. Il étoit donc de toute impossibilité d’étendre sur cette contrée
une triangulation continue. M. Nouet, astronome, chercha,à y suppléer en multipliant
les observations astronomiques et en portant à trente-six le nombre des
points ainsi déterminés. Il se servit d’un cercle de Borda, de 25 centimètres de
diamètre, et d’une montre marine de Berthoud ; et il eut souvent occasion d’ob-
seiver les éclipses des satellites de Jupiter pour déterminer les longitudes.
Ê .M . TOME II, 2.« partie.