
En sortant de ce dernier emplacement, on trouve, à gauche, dans la grande
cour, une porte en arcade qui conduit à un escalier d’environ dix-huit marches
par lequel on descend sur le bord même du bras gauche du fleuve : c’est sur les
degrés de cet escalier, qui est couvert par les eaux pendant l’inondation, que F
mesuroit anciennement les divers accroissemens du Nil; et le peuple y fait maintenant
encore ses observations sur les crues progressives du fleuve, l’entrée du
Meqyâs n’étant pas permise au public.
Les traditions des Orientaux portent que c’est sur cet escalier que fut exposé
Moïse (i). Mais ces degrés sont sur-tout célèbres par la mort du poëte Abou
Gafar el-Nahas, dont le bibliographe Ben-Khalekân (2) a écrit la vie, et dont
il rapporte ainsi la fin funeste :
« Abou-Gafar Ahmed el-Moroudy, surnommé el-Nahas, c’est-à-dire, l’ouvrier
» en cuivre, fut un des plus célèbres poëtes Arabes : il étoit Egyptien de naissance
y et fàisoit profession, dans son pays, d’enseigner la grammaire Arabe. Étant u:
y jour assis sur les degrés extérieurs du Nilomètre, contre lesquels venoient battr
y les eaux du N il, il repassoit dans sa mémoire et répétoit à voix basse, peut-
y être avec quelques mouvemens extraordinaires de bouche et de visage, des vers
y qu’il avoit composés; un Arabe qui vint à passer auprès de lui, et qui l’entendit
» prononcer quelques vers dont il ne comprenoit pas le sens, crut y reconnoftre
» des mots magiques, et s’imagina que ce- poëte étoit un enchanteur mal inten-
y tionné qui vouloit arrêter par ses maléfices l’accroissement des eaux du Nil,
» dont le débordement commençoit alors : l’Arabe, plein de cette idée, sans
y examiner davantage jusqu’à quel point elle étoit fondée, résolut de délivrer
y l’Egypte du fléau dont il croyoit qu’elle étoit menacée, et poussa aussitôt dam
» le fleuve ce malheureux poëte, qui y fut englouti. » C e t événement arriva
l’an 338 de l’hégire [949 de l’ère Chrétienne].
Plusieurs autres constructions se trouvent au nord de cet escalier : on y avoir
formé différens établissemens; entre autres, celui d’une boulangerie pour l’armée.
Ces bâtimens aboutissent au jardin planté de palmiers et de sycomores donr
nous avons parlé ci-dessus.
(1) Mousâ ebn A ’mràm, ebn Qahât, ebn Làouy, ebn fort au long dans le septième chapitre du Qorân , intitulé
Ya’qoubj (jjV c^Ula $ourat el-Aa’raf , où il est dit que Dieu
[ Moïse, fils d’A’mrâm, fils de Qâhât, fils de Levy, fils de signe du pouvoir qu’il lui donna d’exercer ces merveilles,
Jacob 1. C ’est ainsi que les Musulmans nomment Moïse, fit paroître sa main d’une blancheur et d’un éclat extraorqu’ils
regardent comme un grand prophète, et dont le dinaires. Les Orientaux font allusion à ce passage du
Qorân fait mention en beaucoup d’endroits. Ils ont pour Qorân, lorsqu’ils disent d’un médecin habile ou de tout
lui une très-grande vénération, et il n’est pas moins cé- homme qui fait des choses extraordinaires, qu’il a la main
lèbre parmi eux que parmi les Juifs et les Chrétiens : ils blanche de Moïse [yed bayddâ o-j]*
lui donnent même le surnom de Kalym allah «»î Les historiens Musulmans font vivre Moïse du temps
f celui qui s’entretient avec Dieu], à cause des entretiens , . 9 9 , „ * ; ,
7. ... 1 de Manou&eher r r * * , surnomme Fyrouz il A . nui*
ïamihers quil eut avec Dieu pendant quarante nuits, ' •' "J*
comme le rapporte le second chapitre du Qorân, inti- tième roi de la première dynastie des rois de Perse con*L
tulé Sourat el - Baqarah s*** [chapitre de la nus sous le nom de Pychdadiens, 234.7 ans avant l’hégire
[V a ch e ], qui renferme une partie de l’histoire de [ 1727 ans avant J’ère Chrétienne].
Moïse. (2) Chems ed-dyn ben Khalehân — joJI
Les prodiges qu’il exécuta devant Pharaon sont décrits
§. I II.
Description du P a la is de Negm ed-dyn.
A l’orient du Meqyâs, on remarque encore les restes du palais du sultan Negm
ed-dyn ( ') , fils del-Melek el-Aâde l (2) ; les ruines de ce palais occupent, sur le
côté oriental de l’île de Roudah, l’espace qui se trouve entre cet édifice et le
bras droit du fleuve : c’est sous ce palais que passent deux des aqueducs souterrains
qui portent au bassin du Meqyâs les eaux du Nil.
On parvient à ces ruines par une double entrée : l’une , qui est intérieure et
dont j’ai déjà parlé, communique immédiatement dans le péristyle intérieur du
Meqyâs; 1 autre entree est extérieure, et se trouve dans la petite cour qui précède
le Meqyâs, en face de la porte par laquelle on entre de la grande cour commune
dans cette cour particulière.
Je n ai rencontré aucune inscription dans tout ce qui reste du palais de Negm
ed-dyn. La seule chose remarquable qui existe encore dans ce monument, est une
grande salle carrée de t2m,7 o de largeur d’orient en occident, et de i4 " ,6 o
du nord au midi. L a coupole qui en occupe le milieu, forme un carré oblong
d’environ j ”,6o d’orient en occident, et de près de 6 ”,80 du nord au midi: les
quatre angles en sont soutenus chacun par trois piliers ou colonnes accouplées
en triangle.
Plusieurs pièces de différentes dimensions et divers corridors conduisent à cette
salle, et en dépendent.
Sur une plate-forme qui borde le fleuve à l’orient, et au-dessus de laquelle les
Français avoient établi une batterie pour défendre et contenir le vieux Kaire,
est a gauche un escalier qui descend dans l’intérieur des aqueducs souterrains
qui conduisent leau du fleuve dans l’intérieur du bassin du Meqyâs; et dans le
revêtement de la face orientale de cette plate-forme, se trouve l’issue extérieure
de ces aqueducs.
Cette issue extérieure se trouve placée sous une arcade d’environ 2” 63 de
largeur, et dont les pieds-droits sont baignés par les eaux du fleuve.
Ne voulant pas quitter le Meqyâs sans avoir examiné de près cette issue, je
pris un bateau pour 1 aller visiter: je fus récompensé de ma peine; car j’y trouvai
une dernière inscription Koufique, sculptée en re lie f sdr un bloc de marbre
anc, large de o ,2 7 , et qui m a paru devoir être long d’environ o ”,97 4 : mais
je nai pu le mesurer en entier dans la longueur, ses deux extrémités, ainsi que
e commencement et la fin de l’inscription qu’il renferme, étant engagées sous
eux arcs-boutans construits dans l’intérieur de l’arcade extérieure, et dont l’élévation
est d une maçonnerie assez grossière et évidemment très-moderne.
N'Sm «Hy«> W El-M'Uk el-A-âd'l JsUl üWI.