
dont l’un traverse la ville, et l’autre la contourne au sud; ils se réunissent ensuite
à l’ouest de la ville, pour se subdiviser encore en plusieurs canaux prenant
leur direction vers le sud, l’ouest et le nord, arrosant les terres qu’ils traversent
à plus de deux myriamètres de distance; le superflu de leurs eaux se perd dans
les sables, ou va se jeter dans le lac Qeroun.
Nous avons cru devoir un instant nous écarter de notre sujet, pour donner
cette description succincte du Fayoum, nécessaire pour faire comprendre comment
cette partie de la carte a été construite. Ceux qui désireront des renseigne-
mens plus détaillés, pourront lire les excellens mémoires que MM. Girard, Jomard
et Martin ont publiés sur cette contrée si intéressante (t).
O n va maintenant faire connoître comment elle a été levée.
T o u t l’espace compris entre le chemin de Beny-Soueyf au Fayoum et la chaîne
Libyque, et qui se rattache à la feuille précédente, a été levé et tracé sur la
carte comme la partie nord de la province dont on a rendu compte dans cette
feuille.
L e chemin de Beny-Soueyf au Fayoum a été levé, au pas et à la boussole, par
M. Jomard, jusqu’à la pyramide d’el-Lâhoun; toute la partie de la province comprise
sur cette feuille et qui se trouve à l’ouest de ce chemin, jusqu’au-delà du
canal de Joseph, a été tracée d’après la reconnoissance de M. Schouani, qui a servi
pour les feuilles i y et 16, et qui se rattache aux levés de M. Jomard dans la
province de Minyeh et au minaret de Beny-Soueyf. Tous les villages de cette
feuille compris entre le canal, le Nil et le chemin, ont subi quelques légers
déplacemens pour être placés respectivement entre eux dans cet espace déterminé.
L e canal de Joseph en a également éprouvé pour se rattacher au pont de Haouârah
el-Kebyr, près de la pyramide d’el-Lâhoun.
Mais, de ce point jusqu’au-delà de Medynet el-Fayoum, le cours du canal, la
vallée qu’il traverse, les villages et les objets placés sur Ses rives dans toute
cette longueur, sont déterminés avec beaucoup de précision; ils ont été levés
par M. Caristie à l’échelle d’un mètre pour 10000. Les trois points cités plus
haut, la pyramide dite du Labyrinthe, celle d’el-Lâhoun, et la mosquée Rouby,
ont servi à fixer ces lieux sur la carte. La position de cette mosquée, à laquelle
se rattachent tous les levés faits dans le Fayoum, étoit extrêmement importante
à connoître : d’après ses distances à la méridienne et à la perpendiculaire de
Beny-Soueyf, elle diffère en latitude, avec ce point, de ¡4’ 22" en plus, et en
longitude de 16' 19" en moins; d’où il résulte que la latitude de cette mosquée
Rouby doit être de 290 22' y o ”, et sa longitude de 28° 36' 26", comptée
du méridien de Paris.
T ou te la partie habitée du Fayoum est limitée, vers l’est, par le désert qui le
sépare de l’Egypte; au nord, par le canal de Tâmyeh et par les terres cultivées;
à l’ouest et au sud, par le Bahr el-Ouâdy : elle a été levée à la planchette, à l’échelle
d’un pour 4° o ° o , par M. Bertre. Il en a fait une réduction, à l’échelle d’une
ligne pour 100 toises (ou 3 t 'to „ ). Cette réduction, sur laquelle il avoit tracé la
(1) Voyez A. AI. tom. I . r, pag, 79 ; É. AI. tom.il, pag. 199 et 974.
ligne de la boussole, et mise à l’échelle d’un pour io o o o o , a été placée sur
la carte, au moyen de la position de la mosquée Rouby et de la déclinaison de
la boussole observée au Kaire, égale à i2 °9 '. Les opérations que MM. Jomard
et Martin ont faites dans le Fayoum se rattachent au levé de M. Bertre; l’accord
qui s’est trouvé entre elles a justifié leur exactitude.
M. Jomard a levé, au pas et à la boussole, la route qui conduit de Medynet
el-Fayoum à Senhour; de ce village, il s’est dirigé vers l’ouest jusqua la hauteur
du village d’Aboukeçeh; il a continué sa route vers le nord-ouest, a reconnu
et levé le Bahr el-Ouâdy sur une longueur de cinq kilomèn-es, a déterminé son
embouchure dans le lac Qeroun, a suivi les bords de ce lac vers l’est sur une longueur
d’un myriamètre, et en a fixé la largeur dans cette partie : mais, arrêté dans
sa marche par une terre mouvante, formée de sable et d’une boue liquide, qui
compose le sol de toute cette partie des bords du lacet forme des espèces d’abîmes,
il en a seulement indiqué la direction au-delà; il s’est ensuite dirigé vers l’est, et
il est arrivé à Senhour, après avoir reconnu tout le pays qui sépare ce village
du lac Qeroun. C ’est d’après la carte qu’il a dressée et ses observations, que
cette partie du Fayoum a été tracée sur la feuille, et rattachée aux opérations de
M. Bertre.
La reconnoissance de Medynet el-Fayoum au Qasr Qeroun, temple Égyptien,
situé à l’extrémité occidentale de la province du Fayoum, a été faite, comme la
précédente, au pas et à la boussole, par M. Jomard. Il a traversé le Bahr el-Ouâdy
au village de Nezleh; il a levé avec soin les environs, et a indiqué les directions
de ce canal; il a déterminé aussi tous les objets qu’il a pu voir de la route qu’il a
suivie pour arriver au Qasr. Après avoir levé le plan de ce monument curieux
et des ruines voisines ( i), et avoir déterminé l’extrémité occidentale du lac Qeroun,
il est retourné à Nezleh par une autre route au sud de la précédente, en fixant également
la position de tous les objets qu’il a été à portée de voir. C ’est d’après ses
observations et les plans qu’il a communiqués, que l’on a.tracé sur la carte cette
reconnoissance importante, qui se rattache, comme la précédente, aux opérations
de M. Bertre.
La partie du Bahr el-Ouâdy qui se trouve placée entre Nezleh et le lac Qeroun,
et qui n a pas été vue, a été ponctuée sur la carte.
Les levés et reconnoissances que l’on vient de faire connoître, et qui ont
servi pour la construction de cette feuille, donnent tout l’intérieur du Fayoum, sa
partie orientale, les extrémités et la rive méridionale du Birket el-Qeroun ; mais la
rive opposée du lac, la partie du nord, la grande chaîne de montagnes qui est
au-delà de cette rive, et le sud de cette province qui présente tant d’intérêt,
seraient encore inconnus sans le zèle et le courage de M. Martin, qui, avec une’
escorte de trente Arabes, et seul deFrançais, dans un pays très-difficile à parcourir,
a fait la reconnoissance dont on va rendre compte : cette reconnoissance, qui a
été rattachée aux levés de l’intérieur du Fayoum, complète la carte de cette
province.
(1) I V s 1« planches 69 à 72 du volume IV des Antiquités, et le chapitre XVII des Antiquité,-Descriptions
E .M . TOME I I , 1 , partie.