ou le quart au plus des pères de famille donne à leurs enfans. A u Kaire, onpré-
tend que le tiers des habitans mâles sait lire et écrire; mais ce nombre est, je crois
exagéré : quant aux filles, elles n’apprennent que très-rarement. En troisième lieu
le mode d’enseignement de l’écriture et de la lecture y est supérieur, sous unp-ap-
port, à celui de beaucoup de nos villages, et même de nos villes d’Europe.jTandis
que dans ces dernières on suit encore la méthode individuelle, au Kaire on instruit
simultanément tous les élèves. D e plus, ils apprennent à lire et à écrire à-la-fois
c’est-à-dire qu’en écrivant les syllabes des mots, ils les prononcent en même temps
à haute voix ( i ). C ’est pour cela que l’école Égyptienne, dans son imperfection
n’est pas indigne d’attention ni d’intérêt ; malheureusement ils ne lisent guère
dans d’autre livre que dans le Qoràn. Je donne ailleurs des remarques sur ce sujet;
en les lisant, on se convaincra que i’Égypte, l’Inde et d’autres nations très-anciennes
avoient observé de temps immémorial l’avantage du mode d’enseignement simultané.
Je me bornerai ici à dire que les enfans lisent tous à-la-fois les mots qui
leur sont dictés : il en résulte un assez grand bruit qui étonne et étourdit les
passans ; et pourtant ce bruit est exempt de cacophonie, parce que les écoliers
récitent ou plutôt chantent la leçon sur le même ton ou à l’unisson, et parce
qu’ils le font très-bien en mesure. Un autre sujet de surprise pour celui qui voit I
une école du Kaire pour la première fois, c’est que chaque élève balance conti- I
nuellement sa tête, et la baisse jusqu’à la poitrine, mais toujours en mesure, et I
par un mouvement simultané ; ce mouvement ne finit qu’avec la leçon, et cepen- I
dant il ne paroît pas fatiguer les enfans. Ceux-ci ont à la main un petit tableau I
peint en noir ; ils écrivent avec de la craie qui s’effàce aisément : ce qui leur I
apprend vite à bien former les caractères, sans consommer une grande quantité I
de papier. La même leçon est dictée à tous. Ils sont assis les jambes croisées.
C e n’est guère qu’à l’âge de huit ans qu’on leur enseigne à lire; avant cet âge, I
et quelquefois dès cinq ou six ans, ils fréquentent les écoles, et ils s’accoutument I
peu à peu avec les lettres de l’alphabet. Il n’y a point de maîtres particuliers qui I
aillent donner des leçons chez les parens; cependant lés gens à leur aise n’envoient I
pas toujours leurs enfans dans les écoles publiques, et il arrive quelquefois que le I
père lui-même apprend la lecture à son fils. Tous ne sont pas enseignés gratuite- I
ment dans les écoles ; les enfans des familles aisées paient depuis dix médins par I
mois jusqu’à soixante. Quand la dotation de l’école est suffisante, on procure I
gratis aux enfans pauvres l’habillement et la nourriture. L e donateur et les siens I
ont le droit de nommer l’instituteur; mais le qâdy a celui de faire remplacer le I
maître incapable, et aussi de forcer le détenteur des deniers de la dotation à la I
servir fidèlement.
La liste suivante des écoles du Kaire est loin d’être complète; nous la donnons I
cependant pour comparer, sous ce rapport, les quartiers entre eux. Dans la i.re sec- I
t io n , j’ai noté quatre écoles; dans la n.e, neuf .écoles, dont trois du nom de Qâyd- I
bey, celles de Moustafâ-bey, de Serkas, de Sitty Reqayeh, de Hôch Qadam; dans I
( i ) II n’est pas rare, dit-on, de trouver au Kaire des gens qui écrivent bien sans savoir lire : cette remarque
appartient à M. Poussielgue.
la ¡ à l trois écoles; dans la É g d e u x écoles; dans la v .', une école, dite Oaâch •
dans la vi. ., huit ecoles , dont celles d’el - Dânochâry, el-Sakeh, el-Roue’yy; dâh’s
la vm. , six écoles, dônt celle d’el-Gouharlâleh ( i );
Le Kaire compte aussi plusieurs écoles primaires pour les Chrétiens, conduites
dans un système un peu différent. Il existe des rizâq, ou fondations, pour
cet objet. 1 Í t
Les àbreuvoirs B f l | sont ordinairement placés aux ènvirons des citerhes '
comme elles ce sont des bâtimens supportés par des colonnes de marbre crue
surmontent des domes ornés de niches et de sculptures (2). Ce ne sont pis des
bassins a ciel ouvert comme les abreuvoirs de nos villes, où les bestiaux et’ les
chevaux peuvent se plonger; ici lès chameaux et les baudets se désaltèrent seulement
dans des auges en pierre, placées à une hauteur convenable. Les abreuvoirs
publics du Kaire sOnt entretenus par des fondations, comme les citernes et les
écoles. Il est mutile den donner là liste; on les trouvera indiqués, partie sur le
plan du Kaire, et partie dans I Explication dû plan.
B A IN S P U B L IC S .
Passons aux maisons de bain [bammdm], Les bains chauds sont de première
nécessite dans 1 Orient, et l’Égypte, on le sait, est un des p ayées plus chauds de la
terre, meme au Kaire, la température mtyénne de l’annéë s’élève à pfès de viiigt-
trois degrés centigrades; aussi a-t-on, dans cette ville, multiplié les bains à un
nombre considérable; toutes les classes d’habitans, et les deux sfexes, en font un
usage continuel. C e sujet a été traité tant de fois par les écrivains et les voyageurs
qüon ne pourrait que répéter ici leurs descriptions : il faut dire cependant qu’ils’
ne se sont point ic i, comme en d’autres sujets, livrés à l’exagération ; le nombre et
la beaute des bams publics dépassent même leurs récits. Il eh est de même du goût
que toutes les classes d’habitans ont pouf cette pratique. Enfin la richesse de l’ar-
chitecture, les soins que l’on prodigue aüx baigneurs, la recherche et le luxe des
etablissemens, le nombre et l’empressement des serviteurs, en un mot la réunion
de tout-cé qui sert à la commodité et à l’agrément, ne le cèdent en rien au tableau
qu en ont fait es auteurs modernes. C ’est aU bain que les femmes sur tout passent
des, heures délicieuses : tout le monde sait qu elles s>y rendent couvertes de leurs
habits et de leurs joyaux les plus précieux, qu’elles y traitent des affaires secrètes
et que c est là que se concluent les mariages. Personne n’ignore non plus que les
M l ^a“ gués Par ™ travail quelconque, y réparent promptement leurs forces
pur 1 effet düne transpiration abondante. La tête, le tronc, lés menibtes toüt est
monde et plongé dans une vapeur extrêmement chaude. La sueur coule et ruisselle
sur tout le corps. L a transpiration est encore facilitée par l’opération Connue sous'
le nom de masser, et par le frottement rapide qu’exerce sUr toute la peau un serviteur
intelligent, la main garnie d’un gant de crin. Quand par l’effet de ces moyens
■ H f 1"'0'“ É‘ M 1 | 1 ia ec école, de le ville, leur nombre monteroit à plus de cent
dessus de la citerne. D après un releve général dès (a) Voyez, planche 48, fig., , 2, Ê. M. vol. I.