C ’est là qu’étoit élevé le temple de Neptune, en avant duquel Marc-Antoine, aban-
donné de son parti, et fuyant, avec Cléopatre, A ugus te, son implacable ennemi
fit bâtir un palais qu’il nomma Timonium, pour y vivre retiré du monde à l’exemple
de Timon le misantrope.
1 02. O n ne peut méconnoitre la position du Coesar'mm, ou palais des R o is j
l'existence des deux obélisques dont nous avons parlé dans la première section
n.° 19 , d’après le rapport de Pline, qui dit : Duo obelisci sunt Alexandrioe in portu
ad Coesaris templum, quos excîdit Mesphees rex, quadragcmim binûm cubitorum (1),
103. J’ai dit que ces deux obélisques, que Pline dit avoir l’un et l’autre quarante
coudées de hauteur, avoient 6 ^ 6° o 1, o u .3,0“ ,627, de longueur totale, delà
base à la sommité de leur pointe pyramidale. Si cette indication de Pline étoit I
précise, ce que l’on ne peut pas trop présumer, la valeur de cette coudée seroii
de 19 pouces g p om,y 16.
104. J’ai cru devoir placer le gymnase là où l’on trouve les vestiges considérables
d'un palais ruiné, situé sur la grande rue, parce que l’alignement des grandes I
colonnes qui existent encore en cette partie, rappelle les portiques ou galeries I
couvertes que ce monument avoit sur plus d’un stade de longueur.
105. Bonamy et d’Anville placent le Serapeuin sous la montagne de décombres
située au nord-ouest de l’enceinte, sur le port vieux, et sur laquelle étoit encore,!
il y a peu d’années, une tour d’observation. Je crois devoir reporter l’empli-j
cernent de ce monument, que Strabon dit avoir été à l’orient du canal, à une I
petite hauteur près et au sud de cette montagne, parce que l’on y trouve des |
ruines considérables d’un vaste monument en briques rouges, semblables à cellesI
du palais ruiné, près et à l’est de la mosquée de Saint-Athanase.
106. J’ai placé à la hauteur de la colonne de Septime-Sévère le Panium, que I
Bonamy et d’Anville placent sous la butte ou montagne Sainte-Catherine, située]
vers le sud-est de l’enceinte Arabe, parce que cette hauteur, sur laquelle on re-1
trouve des restes de maçonnerie, convient assez bien à la description que Strabon I
donne du Panium, qui étoit un lieu élevé, non par la nature, mais par la main des |
hommes, et de la sommité duquel on apercevoit aisément la ville et les ports sur I
mer et sur le lac.
Je serois porté à croire que la colonne colossale de Septime-Sévère est une]
de celles qui formoient les deux ponts de l’Heptastade sous lesquels les vaisseaux |
passoient du Portas Magnus dans l'Eunostus : les colonnes de dimensions pareilles,!
ou du moins à peu près semblables, que M. de Maillet (2) dit avoir vues dans la I
mer à l’entrée du port neuf, rendent cette idée vraisemblable; car, si de grandes!
colonnes dressées dans le fond de la mer formoient, ainsi que le dit Strabon, les!
deux ponts des passes des vaisseaux par l’Heptastade, elles devoient être de dimen-l
sions extraordinaires.
107. Strabon parle d’un cirque qui existoit vers la petite ville de Nicopér, I
mais on n’en retrouve de vestiges que près et au sud de la colonne de Septime. I
Y auroit-il eu erreur dans le texte ou de la part des commentateurs, qui auroientl
(1) Plin. Hist. lib, XXXVI, cap. IX. (2) Description de l'Egypte, tonie I.er, page 166.
écrit Nicopolis pour Necropolis! car le cirque se trouve en effet placé vers la porte
Je cette dernière v ille , à moins qu’il n’ait été postérieurement un ouvrage des
empereurs de Rome ou de ceux de Constantinople.
,08. Si nous avions pu appliquer, comme nous l’avons dit dans cette section
J 82, une des dimensions des stades Égyptien ou Olympique à la distance dé
4000 toises qui existe entre l’extrémité occidentale de la ‘grande rue d’Alexandrie
et la position actuelle du Qasr Kyasserah, où nous plaçons l’ancienne Nicopoüs,
nous n’établirions aucun doute sur la valeur du stade désigné par Strabon, puisque
ce géographe porte à 60 stades cette même distance. Mais, quoique nous ayons
vu que la longueur de l’une et de l’autre espèce de ces stades ne convenoit pas
à cette indication, nous n’hésitons pas à placer au Qasr Kyasserah la situation de
cette ancienne ville; les ruines considérables que l’on trouve en ce lieu, quelques
statues de marbre blanc que nous y avons découvertes et retirées du sein de leurs
décombres, nous confirment dans cette opinion.
,09. Il est à présumer que le Qasr Kyasserah, ou château des Césars, appartient
au règne de Justinien, qui, dans le milieu du v i.c siècle, fit construire un grand
nombre de monumens dans les déserts de la Syrie, au mont Sinaï, en Egypte, et
dans la Pentapole Africaine. On lit dans Procope de Césarée, que cet empereur
fit fermer de fortes murailles un lieu nommé Plüale, et qui, situé près d’Alexandrie,
servoit a renfermer les approvisionnemens de grains qui arrivoient par le
canal de Chérée, où venoient se jeter les eaux du lac Marea [M a reotisJ. C e passage
se rapporte parfaitement avec la forme et la position de cette forteresse,
dont il ne reste plus qu’une enceinte de murailles d’une grande épaisseur ( 1 ), ainsi \
que nous l’avons dit dans la première section de ce Mémoire, n.° 38.
110. Les catacombes dont nous avons parlé dans la première section, n.° 46, et
dans la seconde, n.” 7 4 , sont incontestablement l’ouvrage d’une population nombreuse
et d’une longue suite de générations. M. Olivier dit à ce sujet qu’on ne doit
pas attribuer aux Grecs ni aux Romains leurs successeurs les travaux immenses de ces
grottes sépulcrales, puisque ces peuples brûloient les corps au lieu de les embaumer
à la manière des Égyptiens, Ce savant conclut de cette proposition, que la ville
Alexandrie devoir être déjà bien considérable avant le conquérant qui lui donna
son nom, puisque ces travaux doivent, selon lui, être évidemment attribués aux
peuples qui l’habitoient avant Alexandre. Quoique j’aie établi que Rlmcoüs devoit
etre un bourg de quelque importance avant la conquête de l’Égypte par ce prince,
je dij-ai, contre l’avis de M. Olivier, que ces catacombes appartiennent à la population
de cette ville sous les Grecs et même sous les Romains, qui laissoient aux
peuples qu ils avoient soumis, leurs usages et sur-tout leurs cérémonies religieuses
_neraires. On sait, en effet, que les Romains, bien loin de propager leur culte
“ Egypte, élevèrent au contraire à Rome des temples à Isis et à d’autres divinités
tiennes, ^ ailleurs, le temple souterrain, improprement connu sous le nom de
mus de Cléopatre, tient du style Grec, et non du style Égyptien, par l’ordonnance
CgU Iere de son Plan et de sa sculpture intérieure taillée dans une roche vive,
(0 Procope de Césarée, traduit du grec par Cou sin, tome I I , Iiy. VI.