princes veillèrent avec soin à l’entretien du Meqyâs et des autres établissemens
publics utiles au pays : mais il ne paroft pas que leurs successeurs s’en soient postérieurement
beaucoup occupés.
S. g f
Evénemens relatifs au M eqyâs sous les Sultans Ottomans.
L ’E g y p t e étant devenue alors une des provinces du vaste empire Ottoman, il
n’entre point dans le plan de ce Mémoire de donner ici la suite des souverains
qui montèrent successivement sur le trône de Constantinople ; je me bornerai
à rapporter les événemens qui concernent le Meqyâs sous les règnes de
quelques-uns d’entre eux.
Ben Aby-l-Sorour rapporte que sous le règne du sultan O ’tmân ( i) , fils du
sultan Ahmed (2), l’an 1029 d e l’hégire [ 1620 de l’ère Chrétienne], il y eut une
crue du Nil si extraordinaire, que les Égyptiens commencèrent à désespérer de
voir la fin de l’inondation : elle occasionna une grande cherté dans les vivres.
La peste causa aussi de grands ravages cette même année.
Sous le règne du sultan Mourad-khân (3 ), fils du sultan Ahmed et successeur
deMoustafa (4) , l’an 1034 de l’hégire [ 16 2 4 de l’ère Chrétienne], la crue
du Nil monta jusqu’à vingt-quatre coudées : cette inondation extraordinaire, rapportée
par Aby-l-Sorour, fit Craindre que les eaux ne se retirassent point assez
tôt pour que l’on pût ensemencer les terres ; cependant elles baissèrent en peu
de temps; on ensemença, et la récolte fut très abondante.
Sous le règne du sultan Ibrâhym (5), frère et successeur deMourâd-khân (6), et
dix-huitième prince d e là dynastie des Ottomans, l’an 1050 de l’hégire [ 164o de
l’ère Chrétienne ], suivant le même Aby-I-Sorour, la crue du Nil fut très-médiocre:
le premier jour du mois de tout, le fleuve n’étoit point encore parvenu à seize
coudées; on ouvrit cependant la digue, et,»ce jour même, l’inondation baissa
subitement ; ce qui occasionna une grande cherté en Egypte.
(1) O’tmân ben Ahmed ^ qU * , que nos his- après la secondé déposition du sultán Moustafd-hhân
toriens connoissent sous le nom d’Ôtkinân I I , monta 0 ^ , le 15 du mois de dou-I-qa’deh de l’an
sur le trône l’an 1027 de l’hégire [ 16 r 8 de l'ère Chré- 1031 de l’hégire [ 1622 de l’ère Chrétienne]: il mourut le
tienne], et mourut l’an 1031 de l’hégire [ 1622 de l ’ère 16 du mois de chaouâl de l’an 104.9 l’hégire [20 jan-
Chrétienne] : il fut remplacé par Moustafd ben Moham- vier 1639 l’ère Chrétienne].
rned ¡js Juk-a-o, qui âvoit été son prédécesseur et (4) Voyez la note précédente.
qui remonta alors sur le trône. (5) Ibrâhym ben Ahmed ^ succéda à
(2) Ahmed ben Mohammed que nos son frère aussitôt après qu’il fut mort, et traversa, suivant
historiens appellent Ahmed I.'r, monta sur le trône l’an l’usage, le 6 de février, toute la ville de Constantinople,
1012 de l’hégire [ 1603 de l’ère Chrétienne], et eut pour depuis la mosquée d’Ayoub Ansery jusqu’au palais impé-
successeur, l’an 1027 de l’hégire [1618 de l’ère Chré- rial, avec la plus grande pompe. Il fut tué parles soldats
tienne], M oustafd ben Mohammed ^ JuL<=v», qui révoltés, dans le mois de cha’bân de l’an 1059 l’hégire
ne resta pas un an sur le trône. [juillet 1649 de l’ère Chrétienne], et eut pour successeur
(3) Mourâd-khân ben Ahmed q U. A_y> , sei- son fils Mohammed ben Ibrâhym jîvaIjj|
zième empereur des Ottomans, monta sur le trône un an (6) Voyez ci-dessus la note 3.
§. m.
Cinquième Epoque du M eqyâs : Réparation de ce monumentpar Ham qah-pâchâ.
Sous le règne de Moustafa III (i), successeur d’O ’tmân III (2), l’an -i 180 de
l’hégire [176 6 de l’ère Chrétienne], Hamzah-pâchâ (3 ), alors qâym-maqâm (4)
du Kaire, fit remplacer l’ancienne poutre de soutènement par une nouvelle,
de chaque côté de laquelle on retraça en caractères Soulous (y) l’ancienne inscription
Koufique qui y avoit été placée du temps d’el-Motaouakel, et dont
on conserva fidèlement la date, comme je l’ai déjà dit ci-dessus (6).
On trouvera ci-après, pag. jy 8 e tsu iv ., la transcription de cette double inscription,
avec sa traduction.
§. I V . -
Réparations fa ite s au M eqyâs p a r les B eys.
Sous le règne de ce même prince, l’an 1183 d e l’hégire [ 1 7 6 9 de l’ère Chré tienne],
le célèbre A iy -b e y (7) refusa de reconnoître l’autorité du sultan de
Constantinople, et s’arrogea les droits de la souveraineté.
D’après la tradition généralement répandue dans le pays, et l’opinion du qâdy
chargé de l’administration du Meqyâs, il paroît que les beys, sentant l’importance
de conserver ce monument dans un état habituel de service, se sont aussi occupés
d’y faire exécuter de temps en temps quelques réparations nécessaires à son
entretien ; mais les réparations de ces différentes époques ont été trop peu
considérables pour que l’histoire ait jugé convenable d’en parler ; aussi je n’ai
pu me procurer à ce sujet aucun détail étendu et précis, ni dans les historiens,
ni dans les archives du Meqyâs.
CHAPITRE VII.
Histoire du M eqyâs sous le Gouvernement F ra n ça is, de l ’an 121 y de l ’hégire
à l ’an 12 16 .
C e chapitre est bien loin d’être comparable aux précédens par le nombre
d’années qu’il embrasse; mais il sera pour nous plus intéressant, les événemens
(1) Moustafa ben Ahmed ^ monta sur
le trône l’an 1171 de l’hégire [1757 de l’ère Chrétienne],
l’an 1171 de l’hégire [ 17 57 de l’ère Chrétienne ] , après
avoir régné environ trois ans.
(3) Hamzah-pâchâ LûLj
(4) Qâym-maqâm pli» |¿ls, ou qâymmaqâm
et mourutl’an 1187 de l’hégire [1773 de l'ère Chrétienne],
après un règne d’environ seize ans. II eut pour
successeur son fils A ’bd el-Hamyd ben Moustafa o-«_c
^ , que quelques auteurs nomment
Ahmed IV, et qui régna jusqu’à l’an 1204 de l’hégire
[ 17^9 de l’ère Chrétienne].
(2) O’tmân ben Moustafa ^ qI&c , que nos
historiens appellent Osman I II , étoit fils de Moustafa
ben Mohammed que nos historiens
nomment Moustapha I I: il monta sur le trône l’an 1168
de l’hégire [1754 de l’ère Chrétienne] , et il mourut
É .M . T O M E I I , I l parue.
mot à mot, lieutenant, gouverneur au nom du souverain.
(5) Voyez, sur ce caractère, mon Mémoire sur les
inscriptions Koufiques recueillies en Egypte et sur les
autres caractères employés dans les monumensdes Arabes,
E. M. tom. I.erj page jj8.
(6) Voyez ci-dessus, page 127.
(7) A ’iy-beyk tAo ^ c . On peut voir dans l’ouvrage
de M. de Volney les détails historiques qui concernent
ce prince.
jL