fumer leurs pipes. Assis devant leurs boutiques, iis y sont immobiles comme de I
termes.^ s
Les marchands de Rosette nous ont paru, en général, très-défians; ils craignent!
toujours qu’on ne les trompe, et ils ne livrent les marchandises qu’on leur achète!
que lorsqu’elles leur ont été préalablement payées.
C ’est dans les bazars que l’on a le plus d’occasions de remarquer les costumes I
des habitans du pays. A u premier coup-d’feil, ils paroissent peu variés;mais ils|tj
sont cependant de telle sorte, qu’il est facile de reconnoître un T u rc , un Qohtel
un G re c , un Alexandrin. Les Grecs sur-tout sont reconnoissables à leur teintl
blanc et à leur menton rasé.
Les cafés de Rosette, comme ceux d’Alexandrie, sont, en général, de véritables!
bouges, dont on n’approche qu’avec dégoût. Ils consistent en une très-grande
salle, au pourtour et dans le milieu de laquelle s’élèvent des estrades en maçon-
nerie, que l’on recouvre de nattes : c’est sur des sofas de cette nature que If
musulman vient boire le café, fumer sa pipe qu’il ne quitte jamais, dormir,on
entendre les improvisations d’un poëte ou les récits d’un conteur en titre, qui
ne se lasse pas de conter, et qu’on écoute toujours avec un nouveau plaisir.
Parmi ces établissemens, nous en avons cependant remarqué un qui, par son aà
de propreté et la beauté de sa situation, mérite d’être distingué. II est situé sur le
port de Rosette, près des bords du Nil ; le bâtiment ( i ) a une longueur à peu prà
double de sa largeur : il est divisé intérieurement en deux parties ; au milieu se
trouve un passage aboutissant à deux portes extérieures placées sur les côtés : la;
porte principale fait face au fleuve. L ’édifice est éclairé par un système de doubles
fenêtres surmontées de courbes en ogive, dont la naissance repose sur trois petites
colonnes en bois : au-dessus de ces ouvertures, il en existe une autre beaucoui
plus petite et de forme rectangulaire. A u milieu de l’édifice s’élèvent deux massifs
en maçonnerie formant estrades, et, tout autour, des espèces de banquettesdq
construction semblable et remplissant le même objet. L e toit de l’édifice, qui estj
en saillie, garantit de l’ardeur du soleil ; mais les habitués du café sont bien
mieux préservés encore de l’atteinte de ses rayons par une espèce de bâtisse enl
charpente, ajustée tout autour de l’édifice et formant une sorte de berceau, quel
des ceps de vigne, plantés au-devant de la façade, enveloppent de toutes parts!
de leurs longs et flexibles rameaux, C ’est a u -d e v a n t de ces berceaux quels!
almeli ou danseuses publiques, les musiciens, les baladins et les improvisateurs!
cherchent à capter l’attention des buveurs de café, et à leur arracher quelques!
pièces de monnoie.
Les habitués des cafés se livrent au jeu des échecs et du mangaleh (2) : ce sontl
( I ) V o y e z la planche 8z , fig. 6 c ly } É. M , vol. / . qu’ il ne lui en reste plus, Si le nombre 2, ou le nombre4il
(z) Le mangaleh se compose de deux planchettes dans ou le nombre 6 , se trouve dans le trou-où il a mis la
chacune desquelles on a pratiqué six trous. On joue à dernière coquille, ces coquilles sont à lui, et de plu*
deux. D ’abord chaque joueur met dans les trous qui sont toutes celles des trous contigus, en comptant à reculons,
de son côté six petites pierres ou coquilles. Puis l’un des si le nombre marqué s’y trouve. Quand il n’y aplnseBt
joueurs prend toutes les coquilles de tel trou qu’il juge à seule coquille dans les trous, on compte, et celuiquitsB
propos, et en met une dans chaque trou suivant, en com- . a le plus, a gagné la partie. ( Consulter le Vopcphm
mençant à droite et en continuant de la sorte jusqu’à ce Arabie par N iebuhr, tout. I , pl. XXV, et pag. 139.) 1
des gens de la classe moyenne; car les riches font préparer le café chez eux, et ne
f r é q u e n t e n t point ces établissemens.
Il nous reste a parler d un genre d’édifices qui est établi à Rosette avec une
(spèce de luxe; il s agit des o’k el, où l’on tient en magasin toutes les sortes de
marchandises. Ce sont des bâtimens qui ont en longueur le quadruple ou le quintuple
de leur largeur; ils renferment une cour décorée, tout autour, de galeries
soutenues par des colonnes surmontées d’arcs en ogive : les magasins ont leur
entrée' sous ces galeries, et sont éclairés seulement par des fenêtres percées au-
dessus des portes. La même distribution qui existe au rez-de-chaussée, se retrouve
au premier étage; seulement le long corridor qui remplace la galerie du bas, et
qui, comme elle, donne entrée dans les magasins, est éclairé par un grand nombre
de fenêtres terminées en ogive, au-dessus desquelles sont en outre pratiquées de
petites ouvertures carrées. L e second étage offre une disposition toute pareille,
si ce n’est que les ouvertures du corridor sur la cour sont rectangulaires et plus considérables.
Les figures j) et 10 de la flanche lo i , E . M . vol. IIg donnent une idée
très-exacte de ces distributions. Ces corridors et ces longues galeries qui communiquent
aux magasins, servent, au besoin, à faire prendre l’air aux marchandises qui
y sont renfermées.
Nous avons été frappés de la sobriété des habitans de Rosette; sobriété que l’on
remarque du reste dans toute l’Egypte. L e fruit du dattier paroît être leur nourriture
principale ; ils y ajoutent cependant un peu de pain fait sans levain et en
forme de petites galettes rondes très-minces. C e pain, cuit dans des fours chauffés
avec la fiente des animaux, et principalement du chameau, préparée comme nous
l’ayons dit, conserve une odeur peu agréable pour les étrangers; et je ne puis oublier
que, dans les premiers temps de mon séjour en Egypte, je trouvois une odeur
de chameau à tout ce que je mangeois.
§. V ,
D es A r ts et M étiers à Rosette.
Je me propose de consigner dans ce paragraphe les observations que j’ai faites
sur les arts et métiers exercés à Rosette : mais, comme il existe peu de différence
dans ce qui se pratique à cet égard dans cette ville et dans la capitale de l’Egypte,
ou ces mêmes arts et métiers ont été observés, je me bornerai à des détails très-
succincts. J ai examiné avec attention l’art du tourneur ( i) , quia des applications
assez étendues ; car les nombreux grillages qui ferment les baies de croisée des
habitations en sont le produit. Toutes les parties de ces grillages faites au totir
sont réunies et maintenues par des encadremens en bois, qui sont le travail du
menuisier. Rien n’est plus simple que l’instrument dont se sert le tourneur; il
consiste en une grande planche posée horizontalement, sur laquelle s’élèvent deux
panneaux verticaux, l’un fixe et l’autre mobile : au milieu de ces (Jeux panneaux
(() Voye^ les Arts et Métiers, planche XV, Jig. E. M. vol. //, et l’explication de cette planche.
£ M. T O M E I I , partie. Y y a