
soins d’une étrangère; sa mère est avide de ses premières caresses; elle le nourritI
de son lait, et ne s’effraie pas des fatigues que lui prépare son nouveau-nc l
elle est résolue de les supporter avec joie; elle braverait les plus grands périiJ
plutôt que d’entendre son enfant prodiguer à une autre le nom qui doit fajre|
son bonheur et sa gloire, ce nom de mère dont elle est si jalouse et si orgue¡|.|
leuse. Aussi ne connoît-on pas en Egypte ces maladies qui affligent si fréquem-l
ment en Europe les jeunes femmes qui craignent d’allaiter. Les épanchemensdtl
lait et les accidens qui minent la santé des mères, sont des maux inconnus eJ
Orient. Chaque mère y est la nourrice de sa famille; cependant, lorsque i j
nature lui refuse la quantité de lait suffisante à l’aliment du nouveau-né, elle!
s’adjoint une aide : mais la nourrice n’est pas considérée comme étrangère ; son*
titre l’agrége, pour ainsi dire, à la famille, et lui donne des droits éternelsàl
l’affection des parens aussi-bien qu’au respect de ses nourrissons. C ’est ainsi quel
la Providence établit une sorte de compensation entre les avantages quelle dé-1
partit aux différens peuples. Si l’Égyptien n’a pas, comme nous, des plaisir*
variés, des jouissances physiques ou morales qui le captivent, (’éloignent consl
tamment de l’intérieur de sa famille, il connoît mieux les affections naturelles!
ses enfans sont tout pour lui ; ils font tout ensemble sa joie, son orgueil et soin
espérance. Ses sensations sont peut-être moins piquantes et moins diversifiées!
mais elles sont plus pures et plus vraies: il les doit à l’innocence de ses habitude!
comme à la simplicité de ses moeurs ; il les trouve en lui-même ou dans le seiifl
de sa famille : l’amertume ou les regrets domestiques ne viennent pas en empo*
sonner les charmes.
Le s femmes Mahométanes ont pour leurs enfans des attentions minutieuse!
qui sont presque toujours funestes à ces derniers : elles les surchargent de vête!
mens trop chauds, et infectent leur sang par une nourriture malsaine. Les sucrerie!
et les fruits de toute espèce leur sont prodigués ; il en résulte que le grand
nombre de ces enfans périt en bas âge. La petite vérole contribue à rendra
parmi eux la mortalité plus considérable, comme on a dit; nous avons encom
indiqué d’autres causes morbifiques. C ’est au Kaire principalement que la petit!
vérole fait d’affreux ravages : elle attaque les enfans des deux sexes dès l’âge dl
deux ou trois ans; et des corps si foibles, dont la constitution est déjà miné*
par des alimens pernicieux, résistent difficilement à la violence du mal. On peu*
donc dire que l’excessive fécondité des femmes est la cause unique de létal!
florissant de la population. D ’un autre côté, les races étrangères s’y perpétuent
difficilement : nous en donnerons pour exemple le tableau suivant; c’est létan
actuel des principales familles de Mamlouks.
Isma*yl-bey n’a laissé qu’une fille vivante.
Ibrâhym-bey a deux enfans vivans.
Qâyd-aghâ a eu onze enfans, dont quatre vivent encore.
Mourâd-bey, Ayoub-bey el-Kebyr et Ayoub-bey el-Soghayr, Elfÿ-bey, Mohammed-bey el-Manfoukhij
O ’smân-bey Tabbâs, O ’smân-bey el-Cherqâouy, O ’smân-bey el-Achqar, A’bd el-Rahman-bey, Osman!
bey eï-Bardyky, O ’smân-bey el-Tambourgy, Haçan-bey el-Geddâouy, Sâleh-bey, Ibrâhym-bey el-Ouâlyj
Mohammed-bey el-A’bdouI, ¿ont tous sans enfans.
Mahrouq-tajl
<flbrâhym-bey, a une fille vivante.
A'Iy-bey, kythyeh et chancelier, a une fille vivante, ainsi que Soiymân-bey.
Ahmed-bey el-Karargy n’a point eu d’enfans, non plus que O'smân-bey Haçan. II en est de niAme
de Selym-bey Aboudyâb Qâsim-bey.
Haçart fcSchef tcherkaçy îi’a eu qu’un enfant aveugle.
Mahmoud aghS a eu vingt-deux enfans; il ne lui en reste plus qu’un, d’uns foibié santé.
On voit donc combien est petit le nombre des enfans Mamlouks qui survivent
: nous pourrions encore citer plusieurs autres familles étrangères qui n’ont
pas été plus heureuses. Il est prouvé qu’en Egypte les indigènes seuls ont le privilège
de se perpétuer par la génération. L a nature du climat semble rejeter avec
tine Sorte d opiniâtreté les germes d’une race étrangère.
Mahomet a consacré un article aux devoirs que les mères ont à remplir envers
leurs enfans. Voici comment s’exprime le législateur Arabe :
« Les femmes allaiteront leurs enfans deux ans entiers, s’ils veulent téter pen-
»dant ce temps.
»11 sera permis à la femme de sevrer son nourrisson, du consentement du
» mari : elle peut aussi s adjoindre une nourrice ( i ). »
Mais cette permission est à peu près inutile: Les femmes Égyptiennes ont
un double intérêt à se livrer elles-mêmes aux soins qu’exigent leurs enfans :
l’amour maternel les y porte d’abord; ensuite le besoin de se créer des occupations
.qui rompent Ja monotonie de leur vie habituelle entre pour beaucoup
dans leur manière d’agir. Ces femmes., dont l’esprit n’est orné d’aucune connaissance
, qui n’ont pas même le secours des livres pour remplir le vide de
leurs loisirs, saisissent avec empressement l’occasion de se distraire d’une manière
quelconque, et l’exercice des fonctions pénibles de mère devient pour
elles une sorte de délassement. Lorsque pendant le cours de l’allaitement elles
deviennent enceintes, ce qui est même assez ordinaire, elles continuent à nourrir
jusqu’au septième ou huitième mois; alors, comme le lait leur manque, elles
prennent une nourrice.
Les Arabes Bédouins agissent bien différemment : parmi eux, ce ne sont pas
les mères qui allaitent leurs enfans; les pères s’y opposent sous le prétexte quelles
les cleveroient avec trop de ménagement : ils les confient à des nourrices.
Nous avons déjà parlé du soin extrême que ies femmes Égyptiennes, domici
liées dans les villes, prennent de leurs enfans .en ,bas âge, soins presque toujours
nuisibles,à la santé de ces derniers : les femmes des fe llâ k , au contraire, se contentent
d envelopper les leurs dans une toile légère ; elles les portent avec elles,
« leur permettent de se traîner presque nus sur le sable : il résulte de cetté
e ucation que les jeunes fcllâh marchent.de très-honne heure, qu’ils acquièrent
promptement des .forces, et qu’ils sont bientôt utiles à leurs pères. L ’usage du
m ot, commun en Europe, est tout-à-fait inconnu en Egypte, ainsi que dans lés
Mires contiées de 1 Orient: aussi n’y voit-on que très-rarement des hommes ton-
toaits, ou gênés dans l’habitude du corps,
f l Qorân, chap. ï i .
& M, TOME II, a.« partie. Ddd