naître et entretiennent ces tapis de verdure qu’on n’aperçoit nulle part dans 1
jardins de Rosette! Sans doute les innombrables figues dont le sycomore est cou
vert récréent la vue; les énorme? régimes de dattes suspendus aux branches du i
palmier invitent à en goûter le fruit; ces grosses grenades promettent un rafraîchis 1
sement salutaire; les bananes sur-tout offrent un fruit que l’on jugera généralemeu I
exquis : mais totis cès fruits sont-ils supérieurs à ceux que la France produit d» I
une si grande variété et en si grande abondance! C ’est une question que le g0y
et les habitudes peuvent seuls décider.
On cultive dans les jardins de Rosette des melons et des pastèques, fruits mil
semblent excellens dans un pays où la température est très-élevée.
Presque tous les jardins sont situés sur la limite du désert. Les haies quieJ
limitent l’étendue, et les arbres qui y sont plantés, offrent autant d’obstacles auto«!
desquels les sablés du désert viennent s’amonceler.
En nous occupant de tous les pbjets situés à l’extérieur de Rosette, nous nel
pouvons passer sous silence le champ des morts. Il est situé non loin des jarcÜ
dont nous venons de parler, à l’ouest et à quelque distance de la ville. Les mo-|
numens qu’il renferme offrent des formes particulières au pays, et qui ne sert-'
trouvent ni à Abouqyr ni à Alexandrie, lieux pourtant peu éloignés de Rosette.
L ’un des tombeaux les plus remarquables est représenté planche 8 2 ,fig . 12 , È. ü\
vol. I. Il offre un effet très-piquant du jeu des ombres. C e tombeau paroît avoir été!
élevé pour deux familles alliées. L e bois a été principalement employé dansai
' construction; les tirans qui semblent destinés à maintenir les arcades, se montrent
tput-a-fait a découvert; on aperçoit encore le bois dans la maçonnerie en beaucoup
d endroits ou 1 enduit qui le recouvre a éprouvé des dégradations : les co-i
lonnes de forme bizarre qui portent le pilier du milieu, sont en marbre. Sur leJ
tombes plus simples, placées en avant, on remarque une excavation carrée ne çls
torze a quinze centimètres de profondeur, destinée à recevoir un peu de terre
propre a entretenir quelque végétation. L e sol du champ du repos est de l’aspect
le plus triste; il est blanc et parsème ça et là de quelques petites pierres, ou n’offiei
que rarement quelques plantes de soude.
L e dessin n. 11 de la planche citée représente la vue d’un tombeau dont
on n aperçoit que la partie supérieure, attendu qu’il est hors du mur d’enceintel
du champ des morts : les tombes placées sur le devant sont comprises dans cettJ
enceinte, elles sont voutees intérieurement, et il paroît que les corps ysontdc-1
posés fort avant sous terre;
Aux jours anniversaires dés prières pour les morts, les femmes, comme Iod
sa it, passent la journée tout entière dans le champ du repos ; elles s’y fi®
apporter a manger. Elles plantent des branches de dattier ou des fleurs dans Isl
petites excavations menagees sur les tombes; usage fort analogue à celui que 1 onl
suit de nos jours dans plusieurs contrées de la France et à Paris même.
§• III.
Machines qui servent aux Arrosemens et à l*Agriculture à Rosette
et dans les environs.
J’a i remis à parler dans un article à part des diverses machines employées aux
arrosemens et à l’agriculture, que j’avois remarquées dans mes différentes excursions.
Je n’en traiterai que succinctement, attendu que l’on a donné ailleurs des
notions étendues sur ces divers objets, plus particulièrement observés dans la
capitale de i’Égypte.
Les machines employées aux arrosemens à Rosette et dans les environs sont
de trois sortes; elles consistent en celles qui sont appelées châdouftt mental, en
roues à jantes creuses, et en roues à pots. L ’irrigation par le châdouf ( 1 ) s’obtient
au moyen d’hommes disposés par étages, et dont le nombre varie en raison de
la différence de hauteur du sol à arroser avec les eaux du fleuve : au-dessus de
chaque étage s’élèvent deux petits murs verticaux en terre, ou quelquefois seulement
deux fourches enfoncées dans le so l, destinées à recevoir une tige transversale,
sur laquelle est attachée perpendiculairement, au quart de sa longueur et
par le groS bout, une longue perche. A l’extrémité du plus grand bras de levier
est suspendtie une cord e , à laquelle un panier rond de feuilles 'de palmier, ou
un sac en cuir, est attaché ; dans le bras de levier le plus court sont passées des
rondelles en terre, destinées à former contre-poids. ~Le.i fellâh- qui sont au point le
plus bas, c’est-à-dire, au niveau du fleuve, y puisent l’eau et l’élèvent au premier
étage; cette eau est reprise de la même manière pour être élevée de la première
plate-forme à la seconde, de la seconde à la troisième, et ainsi de suite, jusqu’à
ce qu’elle soit arrivée dans le plus haut réservoir, d’où elle est distribuée dans
les canaux d’irrigation.
La maniéré d arroser appelee mental (aj est pratiquée par deuxfellâh à moitié
assis sur des buttes de terre élevées au bord du fleuve : ils tiennent de chaque main
une corde attachée à une espèce de couffe ou seau en feuilles de palmier; ils
lancent ce panier dans le fleuve, où il s’emplit, e t, par le mouvement qu’ils font en
se jetant en arrière, ils enlèvent le seau du fleuve et le vident dans un petit réservoir
au niveau des rigoles d’irrigation.
La seconde machine employée dans les arrosemens est la roue à jantes creuses.
On s en sert dans les endroits où l’eau du Nil n’arrive pas naturellement, et
lorsque le sol a arroser est élevé seulement de deux mètres et demi à trois mètres
au-dessus du niveau du fleuve. Cette machine (3) consiste-en un arbre horizontal,
snr le milieu duquel la roue à jantes creuses est placée perpendiculairement ; les '
tourillons de l’arbre tournent dans des crapaudines placées sur les murs latéraux
du puisard, où parviennent, soit directement, soit par infiltration, les eaux dit
(0 les Arts et Métiers,planche 6, fig. i, È.M. (3 ) Voye^ les Arts et Métiers, planche i i i , É. M.
mi/ . - vol. II. W royrç la même planche, Jîg. 2.
È. M. TOME II, 2.0 partie. j g