
climat porte naturellement à la mollesse, et en devient en quelque sorte l’exc
Les Egyptiennes aiment, en général, à frimer la pipe ; mais ce goût est plus r |
chez les femmes du premier rang : celles-ci ne fument jamais devant leurs mal
elles ne se procurent ce plaisir qu’en cachette. '
L e hain, comme nous l’avons déjà dit, est l’une des principales jouissances J
Orientaux; les deux sexes y trouvent un agrément égal. Les femmes riches oJ
toutes une salle de bain chez elles : on a le soin d’y entretenir toujours de l’J
chaude et en vapeur. Elles s’invitent entre elles à venir au hain comme à J
partie de plaisir. C ’est là qu’elles étalent leurs bijoux, leurs plus beaux vêtemens J
tout le luxe de la toilette : on y prodigue l’eau de rose et les parfums; on y passefc
journée à prendre du café, des sorbets, des confitures, et à se livrer à toute sont
de divertissemens ( i ).
Les femmes, comme les hommes, observent entre elles , avec la plus scrupule®
attention, le cérémonial qui est dû par l’usage au rang et à la fortune. L e silence a
le respect environnent la grandeur. Deux femmes élevées presque ensemble et ï
vant dans une familiarité intime depuis l’enfance changent tout-à-coup de langage I
orsque 1 une d elles devient l'épouse d’un homme marquant par ses dignités et sa I
richesses (2), Les hommes ont un cérémonial particulier pour se rendre récipro I
quement les devoirs de la politesse et se donner des témoignages de respect»,
d estime. L ’inférieur baise la main de son supérieur, ou même le bas de sa robe,s’I I
y a une grande distance entre eux : on se contente de porter la main droite} I
la poitrine pour assurer un égal de l’amitié qu’on a pour lui ; et cette main posé!
sur la tête exprime aux grands seigneurs la soumission de leurs administrés. P
Mais le respect des enfans envers leurs père et mère va beaucoup plus loin.]
Ils ne sortent-pas du harem avant l’âge de puberté : les garçons eux-mêmes I
soumis a cette règle. Cependant ils n’habitent pas dans le même appartement J
leur mere : tous les matins ils viennent lui baiser la main, et restent quelques inJ
tans debout devant elle, les bras croisés sur la poitrine ; ils descendent ensuite chel
leur pere, pour lui rendre les mêmes hommages. Mais celui-ci ne les admet pas!
sa table, à moins que ce ne soit un jour de fête de famille : il ne les accabll
pas non plus de trop de caresses, et garde constamment avec eux le décorum
dignité. C e s usages sont communs à toutes les classes, et le bas peuple seul peu!
quelquefois les enfreindre. L a femme n’est pas moins respectueuse envers soi
mari; il est tres-rare qu’elle soit invitée à manger avec lui : les femmes du p eu p ll
se tiennent debout pendant que leurs maris prennent leur repas, et ne s’asseyenl
pour manger à ieur tour que lorsqu’ils ont fini.
L e septième jour de la naissance d’un enfant est consacré par de grandes réjouisI
sances dans la famille. Toutes les femmes qui ont été les esclaves de la merel
viennent lui rendre visite ; elles sont reçues dans la première salle par l’intendante®
{ I ) Lorsqu’ une femme rend une visite à u n e autre, e t ton e t leurs manières à l e u r fortune, se remarque su r-» '
q u e celle-ci a d e s égards ou de l'amitié pour elle, elle dans les Mamlonks. C e s h om m e s , q u ip r e s q u e to u s u n t à ii |
1 invite a prendre le bain et a coucher chez elfe; il en des fils de paysan et de gar’deur de troupeaux, prenant j
resuite qu une visite dure quelquefois plusieurs jours. l’aisance et la dignité qui conviennent à leur rang, à f
(2j Cette facilite qu ont les Orientaux de mesurer leur sure qu’ ils s’élèvent.
qui leur fait servir du café et des sorbets : au bout d’un quart d’heure, la maîtresse,
qui s’est retiree dans une autre piece au moment où l’on introduisoit ses affranchies,
rentre dans la salle de réception ; alors toutes s’approchent, et sont admises à l’honneur
de lui baiser la main. Cependant la dame s'assied ; ses anciennes esclaves
restent debout devant elle. Une petite demi-heure s’écoule ainsi en cérémonial :
ensuite la maîtresse se retire, et donne 1 ordre a son intendante de faire rester
celles qu’elle veut entretenir à part ; toutes les autres sortent au même instant.
Lorsqu’un mari monte à l’appartement de sa femme, il se fait annoncer par un
eunuque ou par une esclave : il ne s’y présente jamais s’il y a des étrangères. La
femme a soin de cacher à ses regards les esclaves dont la beauté pourroit le séduire.
Cependant, s’il en aperçoit une qui lui plaise, et qu’il témoigne le désir
d’être seul avec e lle , sa femme a quelquefois assez de complaisance pour se retirer.
Les femmes des beys, pour conserver l’empire qu’elles avoient sur leurs
maris,faisoient souvent des sacrifices de ce genre ; elles alloient même jusqu’à leur
feire cadeau de jolies esclaves, qu’elles paroient de bijoux et de riches ornemens.
L’épouse de Mourâd avoit pour lui cette sorte d’attention. Mais les concubines qui
doivent les. faveurs du maître a la complaisance de leurs patronnes, ont toujours
pour elles, un attachement respectueux, et sont dévouées à leurs intérêts.
Il n’étoit pas rare, dans ces derniers temps, de voir la veuve d’un bey ou d’un
kâchef épouser l’un des mamlouks de son mari : dans ce cas, le mamlouk avoit
toujours pour elle les plus grands égards, quel que fût le rang auquel il parvînt dans
lasuite. Si elle étoit exigeante, non-seulement il n’osoit se-permettre aucune liberté
avec ses esclaves, mais encore il s’efforçoit de lui cacher les intrigues qu’il pouvoit
avoir hors de. son harem. O n raconte qu’Ibrâhym-bey, autrefois esclave de Mohammed,
dont il avoit épousé la veuve, fut un jour surpris par elle avec une de ses
esclaves, et que cette femme indignée le frappa rudement en l’accablant de reproches.
Mais la crainte ne contenoit pas toujours l’impétuosité des passions de ce
bey, et sa femme, jalouse et impérieuse à l’excès, faisoit, dit-on, noyer ou empoisonner
celles de ses esclaves qu’elle soupçonnoit d’intelligence avec lui.
En Egypte, les hommes ne couchent jamais avec leurs femmes : c’est un usage
général. Les riches ont des appartemens séparés, et les pauvres choisissent les deux
coins opposés de leur habitation, qui est une cabane ou une misérable cahute. L e
lit se place au milieu d’un grand salon. Pour les hommes opulens, il consiste en
un tapis étendu sur le plancher; quatre gros coussins, deux à droite, deux à gauche,
bordent le tapis, et circonscrivent l’espace que doit occuper une seule personne.
On met là-dessus une couverture et une moustiquière en soie ou en mousseline ( 1 ) :
nous en avons vu qui étoient brodées en or et en argent. On couche ordinairement
sur le côté, et les coussins servent d’appui à la jambe et au bras qui restent à la
partie supérieure. Les pauvres ne se donnent pas autant de peine à beaucoup près ;
ils s étendent sur une natte de feuilles de palmier, et dorment avec leurs vêtemens.
^(0 Les moustiquières sont indispensables en Egypte, exercés par une longue habitude, peuvent seuls résister
, a_PPartemens sont infestés de cousins; sans cette à l’importunité de ces insectes,
recaution,onauroit peine à dormir: les gens du peuple,