
l’exploration des régions latérales ou plus élevées, pour laquelle on venoit d’or®
ganiser diverses commissions de savans, d’artistes et d’ingénieurs, qui devoientl
se répandre au-dehors, à l’est, au sud et à l’ouest de l’Egypte. Rien donc de <J
qu’on pourroit dire aujourd’hui sur le cours du Nil au-delà du tropique, n’ap-1
partiendroit à l’expédition Française; c’est pourquoi nous devons nous référé®
tant aux ouvrages anciens sur cet objet qu’à ceux qu’on a publiés postérieurement®
en nous bornant à rappeler, ce qu’on savoit précédemment, que le Nil Liant®
[ B a l i r el-Abyad] offre dans son cours, depuis le 7 .' degré jusqu’au 3 1 .' f de lati®
tude nord, auquel répond le saillant du Delta à la mer, un développement total
de 025 lieues ( de vingt-cinq au degré), dont 350 au sud et à l’est du Dârfour®
3j o en Nubie, et 225 en Egypte.
Mais, pour ce qui concerne cette dernière région, on renvoie au beau travail
géographique exécuté par les différens corps d’ingénieurs de l’armée, e td û p rin l
cipalement à M. le colonel Jacotin qui l’a dirigé, à M. Legentil, à M. Jomard.el
autres officiers du génie géographe, du génie militaire et des ponts et chaussées ( 1 !
D u Régime du N il.
*
L e régime d’un fleuve consiste dans les résultats combinés du volume, de la®
pente et de la vitesse des eaux, des époques et de la durée des hautes et basse!
eaux, et de la fixité de section de son lit et de ses rives, due à leur degré d !
résistance contre l’énergie du courant, qui tend à les corroder dans ses plus forte!
crues accidentelles et périodiques : ainsi la stabilité de régime doit résulter d !
la nature du sol sur lequel les eaux exercent leur action.
Or nous considérons le régime du Nil comme ayant peu de fixité, et parti!
culièrement dans la basse Egypte, où son lit n’est formé, par alluvions, que d !
sable et de limon qui ont peu de consistance. En effet, le lit supérieur du Nil®
et ceux des grandes branches de Rosette et de Damiette ont tellement varié d !
position dans les temps anciens, qu’il seroit difficile aujourd’hui de retracer po®
sitivement leur direction primitive, et, pour des temps postérieurs, celles tpi®
se sont succédé, soit naturellement, soit par l’effet des travaux des hommes don!
l’histoire a conservé le souvenir ; si ce n’est peut-être dans un site plus élev®
de son cours, Gebel el-Selseleh, où, par la résistance du sol dans lequel son lit es®
encaissé,’le Nil auroit conservé son gisement en ce point qu’on peut encore*
considérer comme invariable, et où se trouvent réunis tous les élémens qu®
doivent constituer son régime.
Branches et B ouches du N il.
R e n o n ç a n t à approfondir les questions que ce titre comporte et que nou J
n’avions d’abord traitées que très-sommairement dans le Mémoire auquel celui-c®
se rattache, nous renvoyons à une dissertation spéciale et pleine d’intérêt par I®
(r) Voye^ l’Atlas géographique de l’Égypte, en 53 planches.
rapprochement des temps anciens et des temps modernes (par M. du Bois-Aymé),
sur le nombre, la nomenclature et la direction des branches du Nil, sur le gisement
de leurs bouches respectives à la mer. C e collègue nous paroît, dans sa discussion,
avoir lumineusement établi l’identité des dénominations anciennes et successives
avec celles d’aujourd’hui. Quant à ce qui concerne particulièrement les
bouches ou boghâz, q u i, bien que placées dans le même ordre sur le littoral formant
la base maritime du Delta, entre Péluse et Alexandrie, n’occupent plus
précisément leurs sites primitifs, ces déplacemens, abstraction faite des travaux
successifs ordonnés par les souverains et dont les historiens font mention, ont pu
résulter de causes naturelles, des effets alternatifs et simultanés de la mer et des
débordemens du Nil : ils peuvent se reproduire encore; car ces mêmes causes
pourroient agir fortuitement et avec énergie sur le sol peu consistant du Delta et
sur les sables mobiles de la plage maritime, à l’entrée de ces bouches ou boghâz.
En effet, qu’il survienne, par une coïncidence toujours possible, et par opposition
à une foible crue du Nil, une mer forte et agitée pendant quelques jours, telle,
que la barre habituelle d’un de ces boghâz, qui se seroit accrue au point de fermer
.ce boghâz, ne puisse être ouverte au large par le courant du Nil ; il arrivera que
ce fleuve, en déviant de sa direction actuelle, se portera sur un autre pertuis ou
ioghâz, ou bien s’ouvrira un nouveau débouché sur la plage, et là où la pente naturelle
du sol appelleroit les eaux. Il est donc dans la nature même des choses, que
ces bouches éprouvent dans la suite de nouveaux déplacemens.
Nous concluons de toht ce qui précède, qu’une nouvelle discussion seroit
surabondante et paroîtroit fastidieuse, après celles qui ont été produites par
plusieurs de nos collègues, et qui ne laissent plus rien à desirer.
Nous ajouterons seulement que, parmi les bouches secondaires, ou fausses
touches, dont M. du Bois-Aymé fait mention, il n’a pu citer, vu le silence des
historiens, et faute de renseignemens à cet égard, une sorte de bouche ou communication
qui auroit existé entre le lac Mareotis et la rade d’Alexandrie, non
loin du port vieux, dans le site le plus étroit et où l’abaissement de la côte est
aussi le plus grand. Mais, que cette communication ait existé naturellement, ou
quelle ait été du fait des souverains qui l’auroient opérée, on dut craindre, en
l’ouvrant ou en la maintenant, d’une part, de gâter par les alluvions du Nil cette
magnifique rade et le port même d’Alexandrie, où ce fleuve auroit eu une décharge
constamment ouverte, et, d’autre part, d’altérer par la salure des eaux de
lamer celles du lac, propres à la culture, que le Nil y versoit annuellement dans
ses crues : si nous pensâmes à rouvrir cette communication lors du blocus d’A lexandrie
par la flottille Anglo-Turque ( qui entra dans le lac Mareotis, après
la coupure des digues et du canal d’Alexandrie ) , les considérations impérieuses
ou moment devoient nous affranchir de pareilles craintes; et, d’ailleurs, nous nous
proposions d’écluser ( i ) plus tard cette coupure, et d’établir entre le port vieux
(*) On ne connoissoit pas anciennement le système des inconvéniens qu’il y auroit à verser constamment des
écluses, dont aujourd’hui l’emploi seroit nécessaire eaux de mer dans ce lac, et réciproquement.
«cause des variations de niveau de la mer et du lac, et