Il partit de Medynet el-Fayoum le 6 janvier 180.1, se dirigea vers le nord, visita
les ruines qui se trouvent près du village de Bayhamoû, passa à Sennourès., village
bâti sur un monticule très-élevé, traversa ensuite le canal dit Bahr Belâ-mâ, deux
lieues à l’ouest de Tâmyeh, déjà déterminé par M. Bertre, et connu, depuis ce
village jusqu’à son embouchure dans le lac, sous le nom de B atz. II continua de
marcher dans la direction nord, et s’arrêta sur la crête du Ford septentrional, à
environ une demi-heure de ce canal,.où il passa la,nuit. ,
L e lendemain, il dirigea sa route est-ouest; ildévia quelques instans sur la droite
vers le haut de la montagne, à peu près dans la direction sud et nord, laissant le
lac à environ une lieue sur la gauche. L a pente, en s’élevant très-doucement, se
perd dans une large vallée qui s’étend vers le nord, et qui est la route directe
de Medynet à Gyzeh; la grande chaîne, qui est très proche du.lac, dans la partie
occidentale, et qui s’en écarte insensiblement, prend la même direction que la
vallée, et ne se réunit pas à la chaîne Libyque, qui circonscrit le Fayoum à l’est.
L ’espace que ces chaînes laissent entre elles forme cette même vallée, que M. Bertre
avoit signalée précédemment.
Après avoir fait cette remarque importante, M. Martin dirigea sa marche vers
le lac, laissant à sa gauche un immense bois, encore sur pied, ressemblant à un
jeune taillis desséché, qui s’étend le long du lac, sur une longueur d’un myriamètre
environ. Après une marche de trois heures, il arriva à deux énormes buttes
isolées, situées sur les bords du lac ; la montagne, qui, dans cet endroit, en est
éloignée de trois lieues, s’en rapproche ensuite.
Après avoir passé ces deux buttes, on observe que le terrain s’élève presque
brusquement : par une pente facile, on arrive sur un très-grand plateau, dont la
surface présente un rocher à nu, qui va se rattacher à la montagne. Après une
marche de deux heures, il trouva sur ce plateau les ruines d’une ville, ou peut-
être seulement d’un palais, que les Arabes appellent Qasr Tafchârah ou Medynet
Nemroud. Il continua ensuite sa route dans une direction sud-ouest, à peu
de distance du la c , laissant les montagnes de droite à une lieue : trois heures
après, il descendit dans un bas-fond qui se prolongeoit vers la montagne; il vit
une petite butte située au bord du lac, et reconnut une île basse, située dans
le milieu.
M. Martin, continuant toujours sa route à peu de distance du lac, arriva, après
une heure et demie d’une marche un peu forcée, à un bois desséché, semblable à
celui qu’il avoit vu le matin; il le traversa pour arriver au bord du lac, où il passa
la nuit.
L e lendemain, troisième jour de son voyage, il continua sa route; mais il ne
put suivre les bords du lac à cause des bois desséchés dont ils sont couverts dans
cette partie : il se rapprocha de la montagne, et, après être sorti du bois, il se
dirigea vers l’extrémité ouest du lac, où il arriva après une marche de deux heures
environ. Il croyoit trouver à cet endroit la grande chaîne interrompue ; mais il
vit au contraire que sa direction se continuoit à perte de vue vers le sud-ouest.
Il éprouva des difficultés pour passer entre le lac et la montagne qui en est trèsrapprochée;
les blocs qui s’en sont détachés,-et les bords du'lac couverts d’une
croûte saline qui cède sous les pieds, rendent ce passage pénible. M. Martin
arriva ensuite par une pente très-douce au Qasr Qeroun, situé, sur une petite
élévation, et distant de l’extrémité du lac d’environ six .’kilomètres.
D u haut de ce monument, il examina .attentivement, avec une bonne lunette,
le prolongement de la montagne qu’il avoit laissée au bord du lac, et il ne vit, sur
une distance à perte de vue, aucune coupure qui pût faire soupçonner l’ouverture
du Lycus de d’Anville. L e s o l va toujours en montant par une pente douce depuis
le lac, et finit par atteindre le haut de la montagne. 1O11. voit dans ‘un éloignement
le mamelon que ce géographe célèhre désigne dans sa carte de l’Égypte
moderne ;sous le nom à’el-Héram M'eddié el-Hebjad. On remarque assez près du
Qasr une crête tranchante qui se dirige de l’est à l’ouest, et qui indique évidemment
l’ancienne limite du lac, déjà reconnue par M. Jomard au midi du la c ,
dans toute la longueur de la province.
En quittant le Qasr Qeroun, M. Martin se dirigea sur Nezleh, village assez
considérable sur la rive gauche du Bahr el-Ouâdy, et sur Je chemin qui conduit
de Medynet au Qasr Qeroun ; il détermina dans sa route l’emplacement des Qasr
Koufour et Koubal visités antérieurement par M. Jomard, avec lequel il est parfaitement
d’accord. Sa reconnoissance donne également l’embouchure du Bahr el-
Ouâdy dans le lac, qu’il n’a dû voir que de très-loin; mais, M. Jomard ayant été à
cette embouchure, et ayant vu, ainsi que M. Bertre, le cours de ce canal au nord
de Nezleh sur une longueur de plus rie six kilomètres, on l’a tracé d’après les plans
qu’ils en ont faits, et en indiquant, comme on l’a déjà dit, par deux lignes ponctuées
la partie qu’ils n’ont pu voir. Peut-être le canal que M. Martin a vu est-il
une branche derivee du Bahr el-Ouâdy. Quoique cette supposition soit très-
probable, on n’a pas cru devoir tracer ce canal sur la carte.
M. Martin a vu au pied de la montagne qu’il àvoit à sa droite, et sur les bords
du lac, plusieurs salines. Il a remarqué, en partant du Qasr Qeroun, que la pente
est d abord insensible, mais qu’à mesure qu’on approche de Nezleh, elle devient
plus forte.
II passa la nuit dans ce village; le lendemain il dirigea sa route vers le sud-est.
Après cinq quarts d heure d’une marche pénible, il retrouva les bords du Bahr el-
Ouady en face du village d e l-A r y n , situé sur la rive droite; il en suivit le cours
dans une direction sud, sur une longueur d’un kilomètre et demi : après avoir
reconnu le canal, extrêmement large dans cette partie, et tous les environs, il
arriva a Abou-Gandyr, situe sur une hauteur, à un kilomètre au sud-est du grand
coude que fait la le canal. D e ce village, d’où l’on découvre une grande partie
de ¡intérieur du Fayoum, il .continua sa route au sud, rentrant dans le désert,
dont le sol est plus élevé que les terres cultivées; il se trouva sur une espèce de
plateau dont la pente insensible s’étend en descendant vers l’ouest et vers l ’est : il
arriva ensuite à une hauteur isolée, distante d’Abou-Gandyr de six kilomètres et
demi, il reconnut les ruines considérables d’une ville qui s’étendoit autour, dans
la plaine; les Arabes la nomment Medynet M aa’dy. D e cette hauteur il vit le lac