Il les passe et repassé plusieurs fois dans cette teinture, les suspend pour les faq- I
égoutter, et répète la même opération jusqu’à ce qu elles, aient pris la couW I
rouge. Lorsqu’elles ont le degré de teinture convenable, on les fait égoutter j eI
nouveau, puis on les plonge dans, une cuve d’eau froide avec des grains è.eqarad(\\ I
ou de mimosa nilotica, grossièrement écrasés. Les peaux restent un jour entier I
dans cette cuve en hiver : on racle ensuite la surface interne pour la troisième!
fois, et l’on trempe encore la peau dans la même cuve à trois ou quatre re p rise s!
différentes. Cette double opération ne demande qu’un seul jour en été. Enfm !
lorsque les peaux ont subi toutes ces préparations, on les lave à l’eau pure p e n d a n t!
qu’elles sont encore humides, on teint les surfaces internes avec de l’huile d e lin |
on les étend au grand air jusqu’à ce qu’elles soient tout-à-fait sèches; puis o n le s !
lustre entre deux cylindres de bois.
Pour la teinture, voici comment elle se prépare et de quels ingrédiens on l i l
compose : on met environ dix outres d’eau dans une chaudière de cuivre; on «
fait infuser à f ro id , pendant toute une n u it, une certaine quantité de l’h e r b c l
appelée qarad, qui se recueille dans les environs d’Alexandrie ; après cela, on f a iil
chauffer l’eau jusqu a l’état d’éhullition, et l’on retire l’herbe pour lui s u b stitu e *
une poignée d’écorce de grenade et deux onces d’alun, ensuite cinq cents d r a c lim e l
de cochenille rouge. L e teinturier plonge d’ahord une peau dans la c h a u d iè r l
pour s’assurer si la préparation est bien faite : lorsque la matière colorante se b l
mal, il y ajoute encore une once d’alun, plus ou moins; lorsqu’elle p a r o ît tropfl
claire, il augmente un peu la dose de cochenille. Il faut que, lorsqu’on em p lo i®
la teinture, elle ait une chaleur modérée et supportable à la main.
L e cuir propre aux semelles des chaussures est généralement en peau d e buffle®
Ces peaux arrivent salées à la tannerie; on les met dans des cuves remplies d’e a l
de chaux, et elles y séjournent une dixaine de jours ; ensuite on les épile, e t on I c i
remet dans 1 eau pendant deux ou trois jours. L ’ouvrier les racle avec un co u te a®
à deux manches, et les lave dans l’eau pure à plusieurs reprises : après cela, il I c i
dispose dans une sorte de cuve de pierre, dans laquelle on a mis une certain®
graine pilée ; ce végétal et la chaux paraissent être les seuls dessiccatifs qu e lot®
emploie. Les peaux restent quinze jours dans cette dernière cuve ; on les vêtir®
pour les laver avec soin et les imbiber de graine de lin : lorsqu’elles o n t s u b i
cette opération .et qu’elles sont sèches, on les vend aux cordonniers.
11 est inutile de faire observer que les chaussures Égyptiennes n’ont pas !®
solidité des nôtres : ce sont des pantoufles ou des bottines de maroquin d e d i®
verses couleurs. Les semelles de peau de buffle sont toujours spongieuses; mai®
ce défaut, qui serait grave en Europe, où les pluies sont fréquentes, n’en es®
pas un en Égypte : ia terre y est toujours sèche; et la peau de buffle, natu relle®
ment élastique, convient mieux pour un terrain uni, sablonneux, et p resq u®
dépouillé de pierres. Les chaussures des autres peuples Orientaux diffèrent p c®
de celles des Egyptiens.
U) Eeyet Ie Catalogue de M. Rouyer, É. M. tom. I.", pag. 224, et la Flora Æeypiiiica de M. Del île, H.
(oui. I I , pag. <fÿ.
Lart du teinturier etoit porte a un haut degré de perfection, chez les anciens
Égyptiens pour ia variété, i éclat et sur-tout la durée des couleurs : mais il en est
aujourd’hui de ia teinture en Égypte comme de tout le reste; ceux qui exercent
cette profession ont retenu bien peu des pratiques de leurs ancêtres; iis se contentent
de fairo tremper dans la matière colorante en ébullition les étoffes ou
le coton filé qu’ils veulent teindre, et leurs ateliers sont aussi simples que les
couleurs dont ils se servent sont grossièrement préparées. La teinture ia plus fréquemment
employée est celle de l’indigo ; on teint aussi en roug e , en jaune
et en vert, et l’on fait sur-tout usage des couleurs végétales.
§. III.
D e l ’A griculture et des Fellâh.
L ’a g r i c u l t u r e a été la cause première de ia prospérité de l’Égypte; elle
est encore aujourd hui le principal élément de son commerce et de son industrie.
Sans les immenses ressources que les Égyptiens retirent de ia fécondité de leur
sol, ils seraient, sous un gouvernement aussi oppresseur que celui des Mam-
iouks, le plus malheureux des peuples. Cependant, comme nous l’avons déjà
dit, il s en faut que la culture soit aussi soignée qu’elle devrait J’être; il s’en faut
qu’on mette à profit toutes les terres susceptibles de rapport. Cette négligence
déplorable est la conséquence de l’espèce de servitude dans laquelle on retient
les paysans, nous verrons bientôt toute 1 horreur de leur condition, et l’on concevra
facilement qu une conduite aussi impolitique de la part des propriétaires
et des autorités ne peut avoir d’autre résultat.
Les terres consacrées a là culture du blé ne fournissent ordinairement qu’une
récolte : elles pourraient en donner deux, et dans file d’Éléphantine on moissonne
jusqu a trois fois l’année régulièrement. La terre produit quatorze fois la
quantité semee : un feddan vaut plus d un arpent et demi ; il faut, pour l’ensemencer,
un demi-ardeh de grain : ia valeur d’un ardeb et demi est nécessaire
pour payer les frais de labour et de récolte ; il reste donc un bénéfice de cinq
uticlpar feddân ( i ). En France, ia terre à blé rapporte de cinq à huit pour un ;
outre cela, personne n’ignore qu’une grande partie du grain semé dans une terre
de France ne produit point : qu’on juge donc de ia fécondité de l’Égypte, puisque
le laboureur, sans se donner à beaucoup près autant de peine que chez nous,
obtient chaque année un résultat si prospère. Encore devons-nous ajouter que,
suivant la nature des semences, les produits sont plus ou moins abondans; le
dourah, par exemple, rapporte plus de vingt fois ia quantité semée.
On ne peut guère compter en Égypte plus de mille lieues carrées de terres
cultivées ; il y a environ trois mille trois cent trente feddân dans une iieue carrée :
I f H B Le/eddan se divise en vingt-quatre qyrât ce qui donne une superficie de 5929 mètres carrés, ou
i f r e* <^ rat* en se*ze Parl^es* 1560 toises carrées 78/100.
n feddân a vingt qasabeh de long et vingt de large;
M . T O M E II. 2.« partie. a