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dans les chambres les plus élevées de cette tour des monceaux d’épées et d’autres
armes, presque entièrement détruites par la rouille, et dont la forme et les orne-
mens font assez connoître qu’élles ont appartenu aux croisés, et sans doute 1
ceux de l’expédition malheureuse de Louis IX.
On communique au fort Phare par une digue étroite, défendue par un chemin
couvert et crénelé, sur 550 mètres de longueur. Cette digue, bâtie sur des récifs
à fleur d’eau, et sur de grosses pierres et des fragmens de colonnes de granit
jetés et empilés transversalement, est percée de quelques petits ponts pratiqués
dans la largeur de la chaussée, et dont l’effet est de briser et d amortir la force de
lames, qui viennent y battre avec fureur parles vents d’ouest et du nord^ouést.
Mais ces ouvertures artificielles, en laissant courir les eaux du large dans le port
neuf, ont l’inconvénient d’y donner passage à une grande quantité de sables, qui
contribuent à accroître les progrès de son encombrement.
7. L e Diamant est un rocher à fleur d’eau, qui, situé près et au nord dufoit
Phare, est découvert dans les temps calmes; on remarque à sa surface des vestige
d’anciennes constructions, et au pourtour, des fragmens de pierres travaillées pu
la main des hommes. Quelques voyageurs en ont inféré que ce rocher avoit servi
de base à l’ancien phare; mais la surface ne paroît pas avoir jamais été assez étendue
: on voit par l’inscription des sondes, que la mer y a par-tout aux envirom
une assez grande profondeur d’eau.
8. La presqu’île du Phare, dite en arabe Roudali el-Tyn [le Jardin des Figues],
parce que l’on y cultive avec succès des figuiers qui donnent d’excellens fruits,
couvre le port vieux sur une longueur de 2650 mètres courant au sud-ouest;son
sol aride et salin n’offre qu’une roche calcaire, dont la couleur blanchâtre, que le
soleil rend toujours éblouissante, repousse et fatigue la vue. T ou te cette presqu’île
est bordée de récifs à fleur d’eau, principalement à l’ouest de la digue du fou
Phare. On y retrouve encore beaucoup de vestiges d’anciennes fabriques et autre
constructions en briques et ciment, qui ont résisté à l’action des lames de la mer,
quand la roche des récifs n’en offre au contraire que les effets destructifs.
L e cap au sud-ouest de cette presqu’île inabordable est défendu par une batterie I
rasante, qui prend son nom du cap des Figuiers. Deux autres fortins de substruc-
tïon Arabe défendent l’intérieur des deux ports. Près e t au nord-ouest de celui
du port vieux, on trouve une lagune d’eau salée, qui fournit naturellement un sel
très-blanc, mais d’une saveur plus piquante que celle du sel marin ordinaire.
La partie de cette presqu’île inhérente au sol de la ville moderne est uniquement
destinée à la sépulture des musulmans. On a figuré sur la carte, par ils
petits traits noirs pleins, les tombeaux particuliers des familles, qui offrent deI
astronomes que l’on doit encore les résultats des calculs
de la charpente trigonométrique qui a servi à la formation
des plans d’Alexandrie. Voici ces résultats :
Distance duPhare.. j
Distance du Marabou !
au Marabou... . . 1 i,728m. o.
à la colonne.. . . . 10,936. o.
à la méridienne. 9,228m. o. (ouest. )
à la perpendiculaire. 7,24.0. o. (sud.)
Les observations sur la boussole ont donné pour résultats
:
Boussole...................j Dfclinnlsou à l’ouest.. 1 •' I • ( Inclinaison................ 47- J0,
Nota. Les sondes des ports, dues aux soins de MM- k’ I
officiers de marine et des ingénieurs des ponts et chaui-1
sées, sont exprimées en pieds de France..
S U R L A V IL L E D ’A L E X A N D R IE . 7 7
p e t i t s mausolées en marbre blanc ou en pierre calcaire, d’un travail plus ou moins
simple et plus ou moins décoré de sculptures ou d’inscriptions
p. Après avoir traversé ce quartier des tombeaux, on pénètre dans l’intérieur
delà nouvelle ville, qui sépare les deux ports. C ette ville a été bâtie sur un banc
de sable de nouvelle formation, dû aux atterrissemens dont nous avons parlé plus
haut. « Les progrès de ces atterrissemens sont tels » , dit M. de Maillet ( i } quia
résidé quarante ans en Egypte en qualité de consul Français, « que dans l’espace de
„vingt-six ans, de 1692 à 17 18 , ils furent de quarante pas de longueur en avant
„ de la maison consulaire que j’habitois à cçs deux époques de ma résidence à
»Alexandrie, au point qu’on bâtit quelques maisons sur le sol de ce nouveau
„ rivage. » Ces atterrissemens s’étendent de plus en plus dans le port, qu’ils menacent
d’envahir entièrement avant peu de siècles.
Cette ville ne renferme aucun monument remarquable; les principales mosquées
au nombre de vingt-cinq à trente, les o’kel ou magasins publics, les maisons particulières,
les quais, &c. sont remplis de fûts de colonnes de grès, de granit de
marbre, de porphyre, d’albâtre, ou de pierre calcaire, numismale, provenant
d anciens palais ruinés : on s’est borné à indiquer en toutes lettres sur le plan
1 emplacement des édifices dépendans du service de la marine et des administrations
publiques ; il n’en est aucun qui mérite une description particulière. Si l’on
excepte le plan des 0 kel, la construction et la distribution intérieure des- maisons
sont aussi mauvaises que mal entendues : l’extérieur des maisons ne présente
que des façades lisses et blanchâtres, percées de petites fenêtres masquées de
grillages en bois a croisillons serrés. Des rues étroites et non pavées, qui n’offrent
aucun écoulement aux eaux pluviales, restent toujours poudreuses ou fangeuses
suivant le temps : on n y trouve de mouvement que vers les bazars ou quartiers’
des marchands. D u reste, tout concourt à donner à la ville un aspect triste et
monotone pour tout Européen que le commerce ou l’amour des voyages attire
en cette contrée. 1 6
Cette ville est naturellement privée d’eau douce, ainsi que je le dirai plus bas.
Lenombre de citernes qu elle a pour y suppléer, appartenant à ses vingt mosquées
peut contenir .5,400 charges de chameau; la charge est estimée à 200 pintes’
pesant 400 ivres ou 195 kilogrammes 80 décagrammes : cette quantité peut
ffire pendant cent vingt-huit jours ou quatre mois à la consommation de-huit '
mile ames, qui en forment la population ordinaire. Ces citernes sont remplies
nueJIement, moitié par les eaux pluviales, sur lesquelles on compte, et moitié
par des transports d eau.
Indépendamment de ces citernes publiques, chaque maison en possède une’
chim«qU! i R M f° nt remPlir au m°yen d’outres chargées à dos de
deur J ’ i S É 7 dan6; ° n 7 tr° UVe enCOre des Puits de Peu de profon-
cuelrn,« ° n t, au pius ou moins saumâtre sert aux usages les plus ordinaires:
L n’n n r T î donnent de J’eau Potable- Les habitans les plus pauvres,
. ^ dans leurs maisons ni puits ni citerne, sont contraints daller chercher
> pag. 187, édition de la H a ye, in~8,t f 1740.
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(') D‘xriptbr, d' VEgypte, 10m .B
& M- t o m e II, ... partie.