
puissans les pores sont bien ouverts,- c’est alors que le serviteur s’applique à donner
de la souplesse aux articulations en faisant craquer doucement toutes les jointures.
Une grande foiblesse succède, le repos est devenu nécessaire; on le goûte sur des
sofas préparés à dessein. Les sorbets et le café viennent rendre la force aux baigneurs,
et, mollement étendus sur de riches tapis, sur des coussins moelleux, ils
respirent des tabacs aromatisés. C e n’est qu’au bout de plusieurs heures q u ’i|s
quittent ce lieu de délices, après avoir passé successivement par des salles dont
la température est graduée. L ’homme du peuple lui-même goûte presque toutes
ces jouissances, et tous profitent également du bienfait que cette pratique apporte
à la santé.
Parmi les bains du Kaire, plusieurs sont exclusivement destinés aux riches, du
moins à ceux qui n’ont point dans leurs maisons des salles de bain aussi splendides
ou aussi commodes. Les grands personnages y célèbrent quelquefois des festins au
son de la musique. La plupart des bains servent alternativement aux deux sexes ( on
verra les exceptions ci-après et dans l’Explication du plan). Une draperie exposée
devant le bain annonce quand il est ouvert aux femmes, et alors tous lès domestiques
mâles se retirent pour faire place aux servantes. De vieux chanteurs aveugles
sont les seuls hommes qui soient admis dans les bains des femmes. Je donnerai
ici la liste des bains les plus somptueux ou plus notables, en suivant encore l’ordre
des sections.
i." s e c t i o n . Hammâm el-Douq, Bachtaq (un pour les hommes, et un pour les
femmes), Qeysoun (un bain pour chaque sexe).
BÜ* s e c t i o n . Hammâm el-Salybeh (un bain pour chaque s e x e ) , Moustafa-bey,
Qarâmeydân.
m.e s e c t i o n . Hammâm Marzouq (joli bain, destiné aux femmes seulement), I
Hammâm Sounqor, el-Gedyd.
iv .e s e c t i o n . Hammâm el-Bâroudyeh, e l-A’bdyn (grand bain):
y . s e c t i o n . Autre bain du nom de Hammâm el-Gedyd ( grand bain pour les
deux sexes ) ; Saba’-Qâ’ât, Margouch ( deux grands bains pour les deux sexes ), Derb
el-Sa’âdeh ( pour les hommes et pour les femmes), el-Mousky ( grand bain pour
les deux sexes), el-Kharrâtyn ( un pour chaque s e x e ) , el-Tanbaleh (très-grand
bain pour les hommes seulement ), el-Hasanyeh ( deux bains pour les deux sexes),
Hammâm el-Dahaby ( grand bain pour les deux sexes ).
v i .' s e c t i o n . Hammâm Abou Heloueh ( nom d’un cheykh du divan), près du
pont neuf ou Qantarat el-Gedyd ( pouf les deux sexes), el-Kykhyeh, el-Yesbak
(fort grand bain ).
v i l ' s e c t i o n . Hammâm el-Beysary, el-SouItân (u n grand pour les- hommes, j
un petit pour les femmes), el-Kharrâtyn ( pour les hommes).
v in .' s e c t i o n . Hammâm el-Masbaghah (pour les deux sexes), el-Gibeyleh (pour
les deux sexes), el-Gedyd (grand bain pour les deux sexes), Souq el-Selâh (pour
les hpmmes), el-Soukkâryeh (pour les femmes), el-Ouâly (grand bain pour les
hommes), el-Chorâyby (grand bain, bâti par un riche marchand Moghrebin, qui
a aussi fait construire l’Hamzâouy ), el-Moyed ( grand bain, un pour chaque sexe).
On,
On cite encore quatre bains rémarquables, el-Sorougyeh, el-Gezzâryn, el-Ouâ-
gahah, et el-Khateyry. L e nombre total des bains dépasse cent; néanmoins les listes
ci-dessus n en préséntent que quatre-vingt-onze.
Je me borne a renvoyer a une planche de l’ouvrage et à son explication, où
sont tous les détails nécessaires pour comprendre la distribution des bains de vapeur
(i) : ici je me restreins à peu de mots. L e bain représenté dans cette planche
est un petit édifice, en comparaison des grands bains du Kaire ; il est situé près
de la porte de Qarâmeydân, dans la place de ce nom. On entre, de la rue, par
un corridor débouchant dans la salle principale, la même où l’on se repose après
le bain ; on s’y fait frotter les pieds avec de la pierre ponce, et l’on y prend le café.
Cette salle est un carré d’environ 1 3 mètres de côté [ plus de 4o pieds] ; chaque
c ô té est. orné de huit colonnes de marbre : au centre est un grand bassin avec un
jet d’eau ; au-delà sont plusieurs pièces chauffées à des degrés différens, d’où l’on
passe dans une autre grande salle pour prendre le bain ; celle-ci renferme quatre
enfoncemens avec des cuves enduites de ciment, où l’on peut se plonger comme
dans nos baignoires ordinaires. A u milieu est un massif où les baigneurs se placent
pour être frottés et massés. Des jets d’eau jaillissent au centre de la salie et dans
les enfoncemens; toutes ces pièces sont éclairées en verres de couleur; dans plusieurs
on se savonne le-corps avec des étoupes (2 ).
Les bains des Égyptiens passent pour les plus beaux, les plus commodes et les
mieux disposés de l’Orient. L e so l, selon A ’bd el-Latyf, est pavé de marbres de
toute espèce ; les murs, les plafonds et les dômes, sont, dit-il, d’un blanc éclatant,
peints d’ornemens et de fleurs de couleurs diverses. Des verres de toute couleur
sont appliqués aux coupoles, et répandent un jour doux et mystérieux. Au milieu
de la pièce principale, ordinairement vaste et élevée, où l’on se repose après le
bain, s’élève un jet d’eau, qui entretient une fraîcheur douce et modérée. L e
chaufiàge est dirigé avec intelligence. Si l’on en croit A ’bd el-Latyf, on a coutume
de verser du sel en grande quantité sur le foyer, afin de conserver la chaleur (3 ).
C’est un fait dont je n’ai pas eu connoissance en visitant les maisons de bain du
Kaire et d’Alexandrie.
9 . " ' T O M B E A U X E T C IM E T IE R E S .
Il seroit superflu d’entrer dans de grands détails sur les tombeaux publics de la
ville du Kaire ; les voyageurs en ont donné d’amples descriptions. Plusieurs de
ces cimetières sont aussi grands que des villes; aussi leur en a-t-on donné le nom:
c’est ainsi que, dans l’antiquité, le nom de necropolis leur étoit consacré. Il y a au
Kaire deux villes des tombeaux, celle du midi et celle du levant. La première commence
aux tombeaux de l’Imâm, nommés ainsi à cause du mausolée de l’imâm
Châfe’y, et s’étend fort loin sur le chemin d’el-Baçâtyii : leur longueur est de près
d’une lieue; c’est plus de la moitié de celle du Kaire. L e dôme du mausolée
( j) Voyez planche 49, É. M. vol. I. Consultez aussi (2) Voyez la planche 94, É. M. vol. II.
la planche 94, E. M. vol. I I , représentant un bain (3) Relation d*A’bd el-Latyf \ traduction de M. de
d’Alexandrie; et son explication. Sacy, pag. 299.