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sont deux axes en fer, destinés à retenir et à fixer ia pièce que l’on veut toumet
L ’archet que l’on passe autour de cette pièce se compose d’un long manche en
Bois, où est attachée par ses deux extrémités une lanière un peu large : le tour
neur fait mouvoir l’archet avec sa main droite ; il approche et dirige l'instrument
tranchant avec la main gauche et le pied droit, qui est appuyé sur une barre de
fer posée' elle-mcme sur les deux panneaux verticaux : le poids de cette traverse
en fer suffit, la plupart du temps, pour maintenir les poupées et assujettir celle
qui est mobile. La boutique d’un tourneur est tout ce qu’il y a de plus simple'
elle renferme seulement trois outils tranchans, deux outils pour creuser, u n archet
une petite bouteille contenant l’huile nécessaire pour humecter les points autour!
desquels se fait la rotation , et une couffe ou panier pour renfermer les objets
manufacturés. Ces boutiques sont fort petites; elles ont deux mètres à peu près en
tout sens : on petit en voir la configuration dans la planche 82, fig , 8 et a, É. M.
vol. I. Ces boutiques se ferment avec des portes à deux battans, assujettis par une
serrure en bois; elles sont élevées de 50 à 60 centimètres au-dessus du sol: une
espèce d’estrade est au-devant de ces boutiques, qui sont protégées contre les
rayons du soleil par une sorte de bâtisse en charpente soutenant une couverture
en bois. On voit dans les bazars d’assez longues files de semblables boutiques,
occupées par toute sorte de marchands et de fabricans,
L ’art du menuisier ( 1 ) est encore dans l’enfance : le menuisier travaille à genoui
ou assis; il n’emploie qu’un très-petit nombre d’outils, parmi lesquels le principal
est le rabot, semblable à celui dont se servent nos ouvriers en menuiserie. Il fait
usage d’une herminette appelée qaddoum en arabe.
L a serrurerie n’est en Egypte qu’une espèce de menuiserie, car les serrures
sont en bpis ; elles consistent (2) en deux morceaux de bois placés à angle droit l’uni
sur 1 autre; celui qui est vertical contient une cavité fermée par un petit morceau
de bois de forme cubique, percé de petits trous dans lesquels on met des pointes en
fer, augmentant de grosseur à leur partie supérieure; ces petits trous correspondent]
exactement à un même nombre d’autres pratiqués dans le morceau de bois horizontal
et mobile, en sorte que, lorsque la serrure est en place, les petits morceauij
ou pointes de fer tombent par leur propre poids dans les trous inférieurs, sans pouvoir
toutefois quitter les trous supérieurs ; alors la serrure est fermée. Pour l’ouvrir
, on a une c le f qui n’est autre chose qu’une espèce de règle en bois, armée à
lu ne de ses extrémités de petits morceaux de fer de même calibre, disposés de
la même manière que les trous, en sorte qu’en enfonçant cette c le f dans le videi
pratique dans le morceau de bois mobile de la serrure, on soulève les pointes de
fer: alors on tire ensemble et la c le f et la partie mobile de la serrure; le tout glisse
sans obstacle, et la serrure est ouverte.
L art du chaudronnier est plus avancé que les autres arts. On fabrique i
Rosette des .ustensiles de cuiv re , tels que casseroles, plateaux, b a s s in e s ,
avec une sorte de perfection, sur-tout si l’on considère les outils e m p lo y é s p a rte
(1) Voye^ les Arts et Métiers,planche X IX t fig. 2 , et (2) Voye^ les Arts et Métiers, planche XXX I
1 explication de cette planche. 2 , j } f i , 4 , y et 6, et l’explication de cette planche. I
o u vrie rs. Nous ne parlerons pas davantage de cet art, qui est décrit fort en détail
pilleurs (i).
Un art que l’on peut considérer en Egypte comme arrivé, pour ainsi dire, à sa perfection,
c’est l’art de faire les pipes, Dans un pays où tout le monde fume, depuis
le plus riche jusqu’au plus pauvre, les pipes sont de première nécessité : aussi s’en
fa b r iq u e - t - i l dans tous les genres une quantité considérable. Elles se font avec une
espèce de terre glaise pétrie avec le plus grand soin. Les pipes se montent en deux
parties, savoir, le fourneau et la queue; l’un et l’autre sont façonnés dans un
moule plein : ces deux parties étant moulées séparément, on les réunit ensuite
tandis qu’elles sont encore toutes fraîches ; on fait le trou par lequel doit être
aspirée la,fumée, et on l’exécute de manière que la cendre ne tombe pas au fond
de la pipé. La forme de ces pipes ne laisse pas d’être variée ; on peut en voir
divers modèles dans l’une des planches des Vases, Meubles et Instrumens (2).
Tandis que la ferre' est encore molle, on imprime sur le fourneau et sur la queue
de la pipe des ornemens quelquefois d’assez bon goût, sur lesquels on applique
de l’or pour les faire mieux ressortir,
Quant à l’opération de percer les tuyaux de p ip e , l’ouvrier se sert d’une
petite machine (3 )'en forme de châssis, qu’il maintient avec son pied et qui
est garnie d’un gros fil d’archal; au moyen d’un archet, il introduit ce fil dans le
tuyau, et la mèche pénètre successivement jusqu’à l’extrémité : ces tuyaux de pipe
sont ensuite recouverts d’étoffes de soie ornées de cordonnets ou de franges
de même matière, et terminés par des bouts d’ambre qui sont quelquefois d’un
frès-grand prix,
Après l’art du faiseur de pipes, le plus parfait est celui du faiseur de couffes (4) ;
les feuilles du palmier en forment le tissu. Cet arbre est de la plus grande ressource
en Egypte : il fournit en abondance un très-bon fruit, dont les habitans font leur
principale nourriture; le tronc de 1’arbre est employé dans la bâtisse; avec les
côtes des branches on forme des cafas ou espèces de cages, sur lesquelles on
dresse les lits et l’on élève les sofas; et les folioles ou petites feuilles placées le
long de la côte des grandes feuilles de dattier servent à faire des tresses, que l’on
coud ensuite pour en former les couffes ou paniers. Les tresses se cousent avec
beaucoup de dextérité et de vitesse au moyen de petites cordes également fabriquées
avec des feuilles de palmier. On fait à Rosette un grand usage des couffes; elles
servent à l’emballage de toute sorte de marchandises et de graines : on les emploie
beaucoup pour le transport du riz.
Nous venons de parier des cafas faits avec les côtes des branches de palmier :
celui qui les fabrique est muni d’un emporte-pièce, avec lequel il pratique dans ce
bois tous les trous nécessaires pour assembler les diverses parties qui composent
les cafas, On ne peut mieux comparer ce résultat de l’industrie des habitans de
(0 V o y les Arts et Métiers, planche X X I ,fig. /, et dessinée par feu M. Conté au Kaire, et l’explication de
explication de cette planche. cette planche.
(2) Voyez pl. ii, É. M, vol. I I , où est représentée (4) Voye% les Arts et Métiers, planche XX, f ig . 2, et
,une C0Mection de pipes, l’explication de cette planche.
(3) Voyei les Arts et Métiers, planche XXVII, fig. 1,