
3.® s é a n c e , 8 Février 1803.
L a Commission s’étant assemblée de nouveau, le 18 pluviôse, M. Silvestre de Sacy, président,!
rendu compte de la conférence qu’il avoit eùe avec le sénateur Volney, dont le résultat avoit été g t !
l’on proposeroit à la Commission d’adopter concurremment deux systèmes représentatifs des articulai
rions Arabes qui n’ont point d’équivalent dans l’alphabet Français ; que, dans l’un de ces deux systèmes!
le signe employé pour caractériser ces articulations seroit incorporé à la lettre même, et que, daofl
l’autre, il en seroit séparé ; qu’on observeroit cependant de rapprocher, autant qu’il seroit possible!
les configurations des deux systèmes; que le premier seroit employé dans l’écriture, la gravure, et dan!
l’impression, toutes les fois qu’on voudroit faire les frais de la gravure des poinçons nécessaires; et g !
le second seroit en usage dans la typographie ordinaire, attendu qu’il n’exigeroit que très-peu
frais.
Le président a soumis k la Commission un projet de transcription de l’arabe en français conformé!
ment à ce second système, projet qu’il avoit fait exécuter à Fimprimerie de la République.
En conséquence, il a proposé de délibérer sur les questions suivantes:
1.° Adoptera-t-on concurremment deux systèmes de transcription de l ’arabe en français, ou n’en adopttr:
t-on qu’un seul !
2.0 Dans le cas ou la Commission n’en adopteroit qu’un seul, les signes particuliers à cette traÆ
cription Seront-ils incorporés dans la lettre, ou en seront-ils séparés/
Sur la première question, il a été décidé que l’on n’adopteroit qu’un système de transcription«
l’arabe en français.
La seconde proposition a donné lieu à une discussion beaucoup plus longue; et, quand la questi!
a paru suffisamment éclaircie, elle a été mise aux voix : le résultat de la délibération a été quel!
signes particuliers que l’on adoptera pour caractériser les lettres Françaises employées à représenter l !
articulations particulières k la langue Arabe, seront incorporés dans la figure même de la lettre,!
qu’on ne s’écartera que le moins possible de cette disposition : la Commission a invité M. Marcel, f !
de ses membres, actuellement directeur de l’imprimerie nationale, à. lui présenter, de concert a v !
MM. Volney et Silvestre de Sacy, un tableau des configurations les plus propres k remplir le t !
qu’elle se propose, et elle a arrêté qu’elle ne se rassemblèrent que quand ce travail seroit en é t a t !
lui être présenté.
4 .e S É A N C E , ÿ M ai.
L e 19 floréal, la Commission s’étant assemblée sur l’invitation du général directeur du dépà t!
la guerre, le président a mis sous ses yeux plusieurs tableaux des diverses configurations que l’on p !
donner aux lettres Françaises qui, au moyen de quelques modifications dans leurs'formes* doive!
servir k représenter plusieurs lettres Arabes.
Ces divers tableaux ayant été examinés par tous les membres présens de la Commission (1 ), il a !
unanimement arrêté , i.° que le tableau ayant pour titre, Alphabet harmonique pour la transcript^
de l'arabe, du persan et du turc en français, formé d’après les principes convenus, sera signé du p r !
sident et du secrétaire, et demeurera joint au procès-verbal de la présente séance; 2 ° que le directe!
du dépôt est invité k faire graver, par tel artiste qu’il jugera à propos , de concert avec MM. Volne!
Langlès et Silvestre de Sacy, les configurations comprises audit tableau, sauf cependant les modifie!
rions que le graveur croira nécessaires pour le coup-d’oeil et l’ensemble des caractères; 3.° q u e !
planche ainsi gravée servira de modèle, tant pour l’exécution de la carte d’Egypte, que pour I a g i!
vure des poinçons nécessaires k la topographie.
Signé S i l v e s t r e d e S a c y , Président; S. T. L a c r o i x , Secrétaire,
Pour copie :
Le Ministre de la guerre, signé A l e x . B e r th i e r .
(1) Le sénateur Volney se trôuvoit absent.
RÉSUMÉ.
L ’o b je t de ce Mémoire étoit de faire connoître comment la carte de l’Égypte
a été levée, construite et gravée.
On l’a divisé en quatre chapitres.
Dans le premier, on indique les moyens employés, soit pour lever le pays
régulièrement et suppléer aux opérations trigonométriques reconnues inexécutables
par le manque d’instrumens et de temps et par la nature des lieux, soit
pour recueillir tous les renseignemens propres à faire connoître cette contrée
célèbre. On signale les obstacles qu’on a rencontrés pour parvenir à ce double
but, ainsi que les dangers auxquels on à été exposé. On y montre que le
temps nauroit pas permis aux ingénieurs-géographes employés à ces travaux,
malgré tout leur zèle et leur dévouement, de faire ce qu’ils se proposoient
sans la coopération de MM. les ingénieurs militaires et civils, et sans les matériaux
procurés par plusieurs de MM. les généraux et officiers de l’armée d’Orient.
C e chapitre est terminé par une analyse des instructions données à chaque ingénieur
pour opérer uniformément. Enfin on y parle des divers plans de voyages
qu’on étoit sur le point d’exécuter, quand les événëmens de la guerre obligèrent
d’y renoncer.
Dans le deuxième chapitre, on rend compte de la remise au dépôt de la
guerre de tous les matériaux recueillis par les ingénieurs-géographes ; on y indique
quels coopérateurs étoient nécessaires pour l’emploi de ces matériaux,
et les sources où l’on devoit puiser pour en obtenir de nouveaux, l’échelle
quil convenoit d adopter pour la carte, &c. On y expose les difficultés et les
obstacles survenus dans la construction et la gravure de la carte, ainsi que les
moyens dont on a fait usage pour écrire les noms en caractères Arabes et pour
les graver ; la mise des scellés sur les cuivres ; leur transport hors de Paris pour
les mettre a 1 abri des deux invasions ; enfin les améliorations ultérieures faites
au travail, et la remise de la carte à la Commission d’Égypte pour être annexée
à son ouvrage.
L e chapitre troisième concerne entièrement la construction de la carte : on
y traite de son format, de sa projection, de son échelle, des points qui lui
servent de base ; on analyse les matériaux qui entrent dans la construction de
chaque feuille, et le parti que 1 on a pris sur l’emploi de chacun d’eux.
Le chapitre quatrième est relatif au système adopté par le Gouvernement
pour écrire et graver les noms de la carte en caractères Arabes et en caractères
Français. On a cru devoir rapporter tout au long le procès-verbal des séances
de la commission d orientalistes nommée pour déterminer ce système de
transcription.