
seulement comme celle d’un artisan à son aise. Pour e u x , leur costume est
toujours en étoffe grossière de laine noire : ils portent un châle de laine en
écharpe, ou bien un milâyeh; leur tête est couverte d’abord d’un feutre blanc
ensuite d’un tarbouch rouge : ils ont soin de mettre entre les deux beaucoup j
de papier et de mauvais linge, pour parer les coups de bâton que leurs maîtres
leur administrent fort souvent. Les chefs de cette classe de serviteurs portent
le nom de moqaddem ( i ) : ils commettent une foule de vexations et s’enri- j
chissent rapidement.
Les saqqâ (2), ou porteurs d’eau, sont en quelque sorte les messagers de harem I
Ils passent pour avoir souvent des bonnes fortunes : ce sont les femmes qui Jg]
choisissent et se les indiquent entre elles. Ces domestiques jouissent en général!
d’un sort plus heureux que les autres : les maîtres de logis prennent d’eux le]
plus grand soin; les femmes les protègent et veillent à ce qu’ils soient à leur]
aise. Cette bienveillance peut avoir diverses causes : les femmes, naturelle-!
ment douces et compatissantes, ne se conduisent peut-être ainsi que par une]
louable compassion, peut-être aussi par une affectation d’humanité; enfin del
secrètes foiblesses peuvent les déterminer à faire un sort à des hommes pour les-J
quels elles ont eu de l’affection.
A u reste, les domestiques sont généralement bien traités en Egypte : à parti
quelques légères tribulations et des châtimens quelquefois un peu sévères quel
les maîtres infligent dans des mouvemens d’humeur ou d’impatience, ils n’ontl
point à se plaindre de leur condition. Les maîtres les affectionnent aussi beau-l
coup : on les voit souvent prendre le parti de leurs serviteurs avec une vivacité!
singulière, que ceux-ci aient tort ou raison, soit par attachement pour eux,soi*
par amour-propre. On cite l’exemple de plusieurs beys qui se sont disputés ave«
fureur pour les querelles de leurs domestiques.
L e caractère de ces derniers est généralement vicieux. Ceux qui parviennent à|
se procurer une sorte d’aisance, sont impertinens et orgueilleux, délateurs et per-|
fides, fourbes et rusés. Malheur aux hommes sans protection et sans crédit qun
ont affaire à eux ! Ils sont plus durs et plus impitoyables que les Mamlouks qu’il*
ont servis. Les farrûchyn, les sâys, les moqaddem et les saqqâ, sont attachés ai
leurs patrons. Ils sont contens de leur sort, et ne changent presque jamais dtfl
maîtres. Ceux-ci les traitent avec beaucoup de douceur en général, comme nou*
l’avons dit : ils prennent soin de leurs enfans qui naissent chez eux, parce que le*
Égyptiens ont tous beaucoup d’affection pour les enfans. Us s’en donnent souven*
entre eux, et ces Cadeaux sont toujours reçus avec le plus grand plaisir. Pourquoi!
tout le résté n’est-il pas en harmonie avec des goûts si naturels et des jouissance*
si pures !
b) (2) tL,
A P P E N D I C E .
I. N ote sur la ceremonie usitée à la Naissance des enfans.
Nous reproduisons ici une notice qui a déjà été imprimée au Kaire, et qui
donne une idée juste des usages qui se pratiquent fors de la naissance des enfans
mâles : on est étonne de voir que le père ne figure en aucune façon dans cette
fête intéressante.
Au septième jour de la naissance d’un enfant mâle, l’accouchée réunit ses amies,
et passe tout le jour avec elles en divertissemens.
L’intervalle des deux repas est rempli par des chants et des danses exécutes
par des a’imeh. Après le dîner, commence la cérémonie de l’inauguration de
l’enfant nouveau-né; on la nomme souboueh : elle consiste en une promenade
dans toutes les chambres de 1 habitation des femmes. Une des principales servantes
marche en tete, portant un plâteau de cuivre, où sont disposées circu-
lairement autant de bougies qu il y a de femmes qui prennent part à cette fête;
ces bougies sont allumées et peintes ' de diverses couleurs. Vient après lâ sage-
femme chargée de l’enfant; à ses côtés elle a deux autres servantes : la plus jeune
porte du feu-dans un rechaud d airain; et la seconde, un plat qui renferme de
lorge, du blé, des lentilles, des feves, du r iz , du sel marin et de l’encens,
sept substances qui correspondent au nombre de jours écoulés depuis la naissance
del enfant. La mere marche ensuite, entourée de ses principales amies et des
n'hndi; les autres femmes forment le dernier groupe. Pendant la marche, on
exécute une musique fort bruyante ; et chaque fois que la troupe entre dans une
chambre du harem, la sage-femme prend les grenailles, l’encens qu’elle trouve à
sa droite, et en jette une partie dans la chambre. On lui répond par des cris de joie
très-prolongés; la musique devient plus rapide et pltis bruyante, et l’on se plaît
à marcher et à glisser sur les grenailles répandues de toutes parts.
De retour dans la pièce principale du harem, le plateau des bougies est
placé sur. un tabouret au milieu de la chambre; chacun y vient déposer une
pincée de parats ; les petites filles et les servantes se jettent sur les bougies et sè
les disputent. Immédiatement après, la sage-femme emporte le plateau, et fait
son profit de l’argent qu’elle y trouve et qui lui est destiné.
La cérémonie est terminée par une visite que l’on rend à l’enfant : on lui
orne la tête de pièces d’or dont on lui fait cadeau, ou bien on les renferme
dans des mouchoirs de prix que l’on place sous sa tête.
IL Ignorance des Egyptiens et des Nubiens relativement à la représentation
des figures humaines.
Nous avons parlé ailleurs du peu de connoissancès des Égyptiens modernes
® tout ce qui regarde les beaux-arts; mais il nous reste à dire jusqu’à quel
Pomt cette ignorance est profonde en fait de peinture, par suite des préjugés
È. M. TOME II, 2.e partie. V t v z