
La tourbe n’efl pas de même nature dans
.toute fon e'paiiïeur. A la furface elle eft très
molle, n’étant presque que les plantes elles-
mêmes, flétries & ferrées. A mefure qu’on s’enfonce,
elle devient plus compare & plus brune
; tellement qu’au fond , ce n’eft qu’une
bouillie noirâtre <& épaifle, qui, en féchajit,
devient une espèce de terre noire. Quand
donc le Colon a brûlé toute cette tourbe fupé-
rieure, légère & blanchâtre, en approfondifTant
de plus en plus fes folles, il arrive à la matière
plus com p are , qui alors lui fournit un fol labourable
très fertile. S’il veut continuer de
cultiver en Champs, il ne s’enfonce pas jusqu’à
la tourbe noire; elle eft trop tenace, &
n’eft propre qu’aux Prairies : il s’arrête dans
quelque point deTépaifleur de la tourbe brune;
& alors il continue à cultiver avec engrais,
comme fur tout autre fol. Les cendres cependant
s’y font accumulées, & en ont fait
un terreau très fertile.
Il y aura donc un terme, où ce Pays de-
viendra femblable à tout autre; diftingué feu*
lement par la richefle de ion fo l, auquel on
rendra chaque année par l’engrais, ce qu’il
gpra donné en végétation.
l e t t r e
L E T T R E CXXIV.
Continuation du même fujet — Formation de la
Tourbe. I • " ■ E B r e m e r v o r d e , le 13*. ‘jlrç. 1778.
M A D A M E .
JE commençai hier matin l’obfervatîon de
• ce nouveau Monde, avec tous les fecours
poflibles pour le bien connoître. Mons.
I Findorff, fous la direftion immédiate de qui il
I fe forme, étoit notre condu&eur ; & outra
I MefT. Marcard pour interprètes, Mr. le Bail-
I lif Mayer voulut bien nous accorder Mr. fon
I fils& un de fes amis ( a ) , qui joignent àda
I çonnoiflance des deux langues, celle du Pays,
I & de fous les détails que nous avions à examiner.
( « ) Mr. Cb. Fr. Cordeman, de qui j’ai tu depuis la
ttaduétion d’un Mémoire fait par Mr. Findorff lui - même,
fur les tourbières & leur culture ; au moyen duquel j ’ai
PB vérifier tous les détails que i’avois écrits fur les lieux.
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