
ptiens dont on s’y occupe, que je vais avoir
l'honneur de préfenter à V . M. d’après un
premier entretien avec mes informateurs.
Malheureufement Mr. Findorff ne parle
qu’Allemand, & ce que je puis entendre par
moi-même , n’eft r ien , en comparaifon de
tout ce qu’il a à dire. C’eft vraiment un
homme extraordinaire, qui s’eft élevé feu],
au point de pofleder fupérieurement toutes les
branches des fciences & des arts qui peuvent
léconder le génie dans ces travaux, dont il
eft toujours le direêleur, & fou vent l’inven.
teur. Aufli le génie eft-il peint fur fon vifa-
ge ; & c’eft la fécondé fois que la pantomine
d’un Allemand , m’a donné presque autant de
plaifir que fi j’avois pu l’entendre. La pre.
mière fut près de Zurich , où j ’éprouvai la
.même chofe en obfervant. le Payfan Klyjogg,
que Mons. le Dr. Hirzel a fait connoître
fous le nom bien mérité de Socrate rujiique ; il
l’ailluftré, fans Je corrompre; c’sft l’éloge
de l’un & de l’autre. Klyjvgg, fe montrait à
mes yeux comme un Philofophe Agriculteur
& Moralifleaufli profond qu’aimable: Mr.
Findorff me peint le Philofophe Phyfiçiea
Mécanicien & rempli d’humanité.
L esMoors de ces Contrées-d, qui, comme
« partout, font le produit des végétaux accu-
Kjnulés , forment un yrai Lac , plus grand 1 qu’aucun de nos Lacs de la Suifle ; car il a
vingt lieues de long, & quatre à cinq lieues
de large en quelques endroits. Il eft environn
é de toute part des Collines de la Gecjl, &
■fon fond eft du même Sable, Sans être bien Ihorizontal à fa furface, comme je le dirai ci-
après , il ne fuit pas les inégalités de ce fond.
|I1 y a fous la tourbe des éminences de Sable,
■qu’on n’apperçoit point à la furface , mais
■feulement en fondant comme on le ferait
(dans un Lac: il y a des bancs de Sable, dont
(on fuit la pente avec la funde, & il y refte
■aufli quelques Ifles découvertes. La plus
■grande profondeur générale de la tourbe entre
[ces Ifles & bancs de fable, eft d’environ
I30 pieds.
Comme j ’aurai beaucoup d’objets d’Hiftoi-
l ie naturelle & d’Oeconoraie à traiter en dé-
Icrivant ces Moars , je vais parler ici de ce
■ qui tient à la Chronologie. Ce prodigieux
[amas de végétaux détruits, ne peut que donner
[ d ’abord l’idée d’une aufli prodigieufe antiquî-
|té. Cependant on en revient bientôt par la
I connoiflance des phénomènes. Les accrois-
Ifemens des Moors font fi rapides dans les aminées
pluvieufes , qu’on peut diftinguer, leur
I produit dans la coupe de la tourbe, Les moufles,
K 5 les