
thèfes, que comme des matériaux pour l’Hiftoire
de l’Esprit humain.
Je ne devois donc point expofer à la première
imprefiîon qui réfulte de cette habitude, un Système
que je crois folide. C’eit te qui m’adéter-
miné à fuivre dans l’expofition que j’ai eu l’hon-
nenr de faire à V . M. de fes fondemens, la même
route qui a opéré ma convi&ion.
Maintenant il faut retourner en arrière. Après
avoir trouvé cette bafe de Cosmologie par l’analyle
de l’enfemble des grands Phénomènes du Globe,
il' faut voir fi nous pourrons y élever un Edifice,
compofé des matériaux de la Nature, & dont l’Ordonnance
ne foit contraire à aucune de fes Règles,
Mais avant qu.e d’élever cet Edifice en préfence
de V . M. qu’il me foit permis de le L u i annoncer
fous.une.Emblême,
• On mit devant un Sculpteur moderne , un
grand tas de ces morceaux de marbre figurés
qu’on trouve dans les décombres de l’ancienne
Hercula.num,en lui difant; „que touscesfragmens
„aroient été tirés d’un lieu, où, d’après certains
„ documens, devoif fe trouver une ¿»tarifai te par
„ le plus’grand Sculpteur de l’Antiquité ; mais qu’on
„ignoroit ce qu’elle repréfentoit. ”
Notre A rtiile, examinant d’abord tous ces/««
mens, en trouva beaucoup qui ne lui parûrentappartenir
qu’à des Colonnes, des Chapiteaux, m
Architfavers, en un mot à des pièces d’Edifices;
çe n’étoit pas là ce qu’il cherchoit, ainfi il écarta
tous
tous ces fragmens. Il mit aufli de côté d’autres
\ fragment où tout ouvrage de l’Art étoic affacé par
j le tems,, & qui ne montroient plus que du mar-
|bre;& après avoir ainfi palTé en revue tout le tas;
il ne conferva pour fon examen, que les fragmens
qui lui avoient paru, plus ou moins évidemment,
avoir appartenu à une Statue, ou pouvoir lui
i appartenir auffi bien qu’à tout autre ouvrage de
11’Art. ¡g
Alors il examina toutes ces pièces une à une, &
les rangea en des clafles, fuivant les parties d’u-
[ne Statue auxquelles elles pouvoient appartenir;
& revenant à chaque clafle , il y remarqua
plufieurs pièces qui s’engrenoient par toutes les
inégalités correspondantes'; puis d’autres qui ne’
lui parûrent manquer que de petites pièces inter--
mèdiaires pour fe lier à celles-là. II trouva d’abord
par cette route le tronc d’une Statue, dont le
caraétère lui paru bien décidé, & qui lui indiqua
allez probablement l’attitude des autres parties ;
& après en avoir fait le plan dans fa tête & arrangé
toutes les pièces fuivant ce plan, il remplit
les vuides avec du majlic.
Il eut donc ainfi une S ta tu e Syjîêmatique ; &
après l’avoir longtems' examinée, étudiée, reformée
; après même avoir repaifé vingt fois tout le
relie des fragmens ; il l’expofa enfin aux yeux du
Public, difant: „ Voilà probablement la S t a t u e
„ cherchée —— Mais (dit quelqu’un) pourquoi
„ ces morceaux de marbre, qui confervent des trs-
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