
quand nous ne le verrions pas dans leur Hiiloire.
Mais voici un autre obftacle* qui fut encore
plus grand.
Les Notions' primitives étant une fois altérées
, produifent deux fortes d’effets chez les
Hommes qui comriiêncent à éxaminer. Lés uns,
comme S ô c r a t e & P l a t o n ,: pouflànt
l’examen jusqu’au bout, trouvent d’abord les erreu
rs , puis-les écartent, en confervaht les vérité
s ’ qu’elles ënveloppoient : les autres'trouvent
auffi les e r re u r s , mais" ils ceflènt l’examen & rejettent
tout. C ’ôft ce qui" arriva déjà au tems dé
Ces Philofôphés / & qui éleva’ Contr’eux' une Hy-
cfre de' difficultés.
Ceux qui avoient perdu toute confiance dans
l’ës Notions communes, n’attendoieht pas qu’on l e u r
en démontrât les* erreurs ; ils les coUnoiffoient d é j
à : mais ils exigéoient qü?on leur prouvât les Vérités
elles-mêmes ; qu’on leur dontiât des raiforn,
tirées de Y-Entendement, de ces chdfes que les
H o m m e s ri’avoient apprifes' que par des Révélations
: ils vouloient en un mot, qu’on leur donnât
les Comment & les Pourquoi de tout; tandis q u e
I ’H o m m e les trouve de fi peu. Ce fut alors q u e
fe fonna le Labyrinthe de l ’ancienne Métaphyfi-
que. Ces excellens Philofophes ne purent faire
que de petites Seétes fluéhiantes ,• parce qu’ils
¿voient outrepafîe leurs forces , & que s’agiifanc
dfexplications, fur des chofes que I’Homme n’ex-
ILettre OX^VIII. de ¡la T E R R E . 74*
ls # •
I ¡pliqüera jama , chaque Philofophe après eux ep
I imagina de nouvelles.
Il n’y eut donc point de Révolution nqtiona-
I L ; car la Philofophie. feule ne faurqit en ’faille.
, Le Peuple garda fes erreurs ; parpequ’el-
I ïes étoient comme attachées à fa nature , par,
I ¡des Vérités 'cachées qu’il ri’analyfoit pas. Les
Ijfubtilités de l ’Athéisme ne l’atteignirent point ;
I barce qu’jdles n’ptoient pas revêtue^ pour lui
Me cet attrait qu’elles ont pour ceux qui les in-
»entent ou les a.dqptcpt ; celqi de les diftinguqr
®u Vulgaire.
Voyons à préfent quelle! marphe fuivit M o v s e ,
lorsque,; bien avant P l a t o n & S o c r a t e , il an-
gionça aux Israélites , non feulement les • mêmes
¡■Mérités, mais de bien plus vafles & plus fublimes?
' Du milieu de la Super ¡ lit ion qui couvrait
alors la face entière de la Terre, M o y s e s’élè-
Bîç, & prêche le Théisme le plus pur. Il neras-
ïemble point un petit nombre de Disciples, pour
leur prouver; à - l’aide d’Axioi^es & d’enchaîne-
ipens de Conféquences , les Propofitions qu’il
•e u t leur faire recevoir; il raconte, Y Origine de
■ U n i v e r s , celle de F I I o m m e , ce que la D i v i n i s
e ’ unique, infiniment pui[fante, fage & honne, '
¿fait pour L u i, & cequ’ELp-E en exige pour;
|on bien. ,
■ Eft-ce là un Philofophe qqi ait trouvé, par la
4br.ee de fon génie, les grandes chofes qu’il annonce?
Il n’y eût jamais & Argument, dans fes ex- *
|ofitions.' Efl-ce un Homme qui veuille fe diftin-
1 <Àaa 3 gpep