
Animaux vivons, nous trouvons entr’autres cette
ci-rconftance remarquable; que ces Os, tirés de
la terre dans nos Contrées , appartiennent la plu-
part à des Animaux qui ne vivent que dans des
Régions plus chaudes ; ce font des Q s d’Eléphans
& de Rhinocéros. /
Mr. le Comte de B u f fo n , ayant pofé pour
bafe de fa Théorie de la Terre ; ,,. que ce Globe
„ doit fon origine à une ,maife de matière ardente,
„ détachée du Soleil par le choc d’une Comète;
„ & que depuis "qu’il roule dans l’Espace il va
„ fans ceife en fe rèfroidijfant ; > a cru voir dans
n o t r e Phénomène une confirmation de fon Hy-
pothèfe. Tel eft l’objet dé l’examen que j’entreprends.
Des Ojjemens d'Eléphans & de Rhinocéros dans
nos Contrées, font en effet un grand trait en Cosmologie
, & tout Syilême qui le réclame en fa faveur
, doit fe concilier l’attention. C’eft ainij
que l’a jugé un Homme habile à faifir les
faces importantes des objets , & dont l’Quvra-
ge a été regardé par le Public, comme digne de
l’élégance de l’Auteur qu’il commente, & fie la fa-
gacité de ce célèbre Naturalise dans l’examen
des objets où fon Syilême cosmologique n’eft pas
intéreifé. Je parle de Mr. B a i l l v , & de fes
h eu re s à M r. de V o l t a i r e fu r T origine des
Sciences &? fu r celle des Peuples de l’AJie , où il ex-
pofe le Syftême de Mr. de Buffon fur la diminution
de la Chaleur de ,1a Terre, & l’appuie de fes
propres réflexions. Ce
ÇePhilofophe ne paroît pas s’être occupé de
l’enfemble du Syftême de Mr. de B u f f o n ; mais
ayant profondément étudié l ’Hiftoire des Peuples
de l’Afie, & cru reconnoître que la Population
s’étoit faite du Nord ou Sud dans cette Partie du
Globe, il a été frappé de ce que les Animaux fem-^
bloient avoir pris la même route ; & voyant que
Jiir. de B u f f o n en donnoit la raifon par fon
Syftême, il a cru que c’étoit là un grand caraêlè-
r e de vérité. On ne faüroit foutenir plus ingé-.
nieufement une Hypothè fe, que ne le fait Mr. Ba il-
lyen expofant celle de Mr. Dp B u f f o n ; ainfi
je le fuivrai lui - même.
Mon deifein avoit été d’abord d’éviter de re-
1 futer des Syftêmes en expofant le mien ; c’eft
1 pourquoi j’avois fait de ces difcuflions l’objet des
| fix premières P a r t i e s de nies Lettre à V . M.
1 Ces P a r t i e s étoient imprimées quand les
I Epoques de \ a Nature ont paru; de forte que me
1 trouvant déjà , quant à l’Impreifion , dans le
j fil de mes Voyages,* j ’ai été obligé de ren-
I voyer ic i l’examen de ce Syftême particulier.
Cependant, comme fon objet eft très mtéreflarifr
pour la connoiffance même de l’Univers; j ’espère
que V . M. verra fans peine cette fùspenficm.
Mr. de B u f f o n fuppofe d’entrée, «que notre
Globe ( ainfi que chaque Planète ) procède d’une
mafTe de matière en fufion , détachée du Soleil
par le choc d’une Comète. Cette-maiTey dans les
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