
jugera pas fainement des vrais obilacles, tant
qu’on ne les verra pas au travers d’un milieu pur,
L e P i , qui coule dans les Plaines du PièJ
m o n t, y faifoit de très grands ravages par
l’indétermination de fon lit. Le Roi y avoit
fouvent envoyé des Ingénieurs , & les pro
priétaires en avoïent employé de leur côté;
mais on avoit procédé par les voyes ordinair
e s , & les dégâts continuoient. Enfin le
R o i chargea Mr. Mattbey d’examiner iî ce
mal étoit fans remède. Celui-ci, allant droit |
l ’objet, le v it bientôt, ¿¿reconnut les obilacles.
Il reveint donc au Roi ; lui montra
que le remède étoit de former au P i un lit
d r o it , qu’onT’obligeroit aifément à creufer
lui-même en grande partie, & dans lequel on
le maintiendroit alors avec fort peu de dé-
p en fe , parce qu’il- ne heurteroit plus fes
bords. Mais en même tems il ne diffimu-
la pas les obilacles moraux qu’il avoit rencontrés.
Le Roi lui demanda s’il fe fen-
toit le courage d'affronter ces obilacles
avec fon fécours ; il répondit qu’il le fe«!
roit de fon mieux ; & S. M. lui donna
une commiffion fpéciale, qui le plaça immédiatement
vis-à-vis des intéreffés. C’eil là
maintenant qu’il faut voir agir Mr. Mattbey.
Il alla fat les lieux & fit fon plan. Uns
feuille de papier, fur laquelle étoit deffirté le
Pô vagabond , montroit l’étendue de Pays
qu’il occupoit ; & un nouveau L it tracé, rem-
doit fenfible l’avantage d’y réduire le Fleuve.
Il s’informa enfuite de tous les détails des
bords, quand aux poffeffeurs ; & il les entendit
tous fur leurs intérêts particuliers & fur ceux
des autres. Dans le cours de ces informa*
tions, la qualité d’homme revêtu d’autorité
lui fit comprendre, comment on p eu t, en
échouant, faire fa fortune, & réulïir en s’oubliant.
,, Je laifferai ” difoit-il à chacun des
intéreffés ; „ je laifferai dans la maffe de vo*
„ tre gain commun, tout ce que vous vou*
, , driez qu’il m’en revînt ; vous y aurez ainfi
„ d’autant plus à partager, ce qui rendra les
„ arrangemens plus faciles. ” Cette conduite
lui concilia le respeèt ¡&Ia confiance de tous
les intéreffés, & ferma leurs oreilles aux infi*
nuations qui auroient pu les détourner de leur
propre bien. c
Alors il les affembla, & leur tint ce langa?-
ge fimple. „ Voilà l’état aftuel du lit du Pô y
,, & voici celui où je vous propofe de le ré-
3, duire , avec telle dépenfe. N e trouvez-
J3 vous pas qu’il y a beaucoup à gagner pour
„ le Pays? ” — Chacun en demeura d’ac-
cord Eil- il quelqu’un d’entre vous ,
qui,