
L E T T R E CXXXL
befcription du Pays &? du Sol d’une partie de
la N o r d - H o l l a n d e . 1
S a r d am , h 26e. 7bre. 1 7 7 g ,
MA D A M É,
ME voici à décrire la Nord - Hollande,
que je languiffois de voir d’après tout
ce qu’on en dit: c ’eft une tâche qui par là même
n’eft pas aifée, presqu’à force de l’être. Je
la commence fur une Barque , qui navige
doucement fur des Lacs par un fort beau
tems. A peine puis-je fonger à la Chronologie
de notre Globe ; le préfent eft fi agréable
, qu’il efface les idées du paffé.
Je fuis parti ce matin à’Enckhuyfen par
ferre; & après être forti de la V i l le , je me
WjPPPPWi I ■ ' ' *■' ! ' I - fuis
fuis trouvé entre deux files de maifons, dont
les derrières donnent fur la Campagne, & qui
continuent ainfi pendant trois quarts d’heure
fans aucune interruption. Combien les
Sanfonnets n’aiment-ils pas ces confins d e là
Campagne avec les demeures des hommes !
Chaque toit en étoit couvert, comme les C o lombiers
de pigeons. Ils avoient là leur rendez
vous du matin, pour fe répandre enfuite
dans la Campagne.
Au bout de ces trois quarts d’heure , les
maifons ont commencé à s’écarter ; & aulieu
de fimples demeurés avec des jardins, elles
font devenues des Métairies; / ^
U étoit fix heures du matin; Jes rayons du
i Soleil-levant rafoiént les Prairies : les va-
[ches & les brebis s’étoient rendues auprès des
[Métairies pour s’v dëbarraiïèr de leur lait.
ICe font de vraies fontaines: de toute part
lies féaux alloient & venoient, pendus aux
I deux côtés d’une espèce de joug qui repofe
I fur les épaules des laitières. Ces féaux font
! de bois', feints en bleu en dedans & en rou-
1 ge ou verd en dehors ; ils font fuspendus à
des chaînettes de lëton très brillantes, & lé
joug lui-même paroît toujours neuf.
Les vaches traites retournent d’elles-mêmes
au pâturage: elles font auffi propres
T 2 que