
des Moulins à vent. On les y compte par cen.
taines : il y en a , dit - o n , dix - huit - cents.
C’eft à Wormerveer que je fuis entré dans la
fuite de petits L a c s , qui font bordés de ces
Moulins, & des demeures & atteliers des
Manufaêluriers qui les employent. On ii
peut fe figurer aifément le coup d’oeil de cesi
bords. Leurs contours font formés par la
Nature, qui tire peu de lignes droites. Il y
a donc des anfes,des promontoires, des bas.
lin s , & tout eft verdoyant. L e fol de î».
l e , quelquefois allez profond , ne perm et
guère de bâtir en brique : il faut enfoncer des
pieux jusqu’au fab le, pour fondement à toutj
édifice ; & il en faut moins pour des nuirons
de bois ; auffi le font • elles presque toutes
: mais il y a entr’elles une très grande variété,
provenant de leur aflbciation /avec des
atteliers de toute espèce, & de la variété de
Ja peinture. Les couleurs font toutes v iv e s ,
très diverfement aifociées ; feulement le vert!
y domine. Les Moulins-à-vent {ont-vaGs peints,
corps, ailes, toile & to it , & tous différemment;
car chacun veut reconnoîcre le fien&
qu’on Je reconnoiffe, même à quelque diftan-
ce. Les ornemens dorés n’y font pas rare?)
ce qui enrichit le coup d’oeil ; & quand tou-
J s ces ailes fe démènent, -on croiroit voir
E Armées de Théâtre , venir à la mêlée
Jec leurs boucliers ,de carton. La propre-
E e f t pouflee fi loin dans toute cette lon»
g|e & étrange bordure des petits L a c s ,
¿ ’on y a forcé les .Cicognes à être pro*
l e s , en environnant leurs nids de cailles,
^ bois peintes en verd. Je n’ai plus qu’u^
nei circonftance à ajouter , mais qui double
Jut le fpeétacle; c’eft qu’en ce moment la
farface de l’eau eft unie comme un miroir.
■Tels font les Villages presque contigus,
rpi vont jusqu’à Sardam, où eft le plus
J-and amas de Moulins, & que je décou-
\§e déjà. L ’emploi de ces forces mouvantes
eft très varié. Outre,l’ufage commun
pour la farine, on y fait du papier, on y
ijbrique du tabac, on y pile du des
étorces, on y fait de l’huile de lin & de
navette: quelques uns font des Martinets,
lautres, en petit nombre ( & toujours trop )
foïit de la poudre à canon: mais le plus
grand nombre fert à faire des planches. Il
||i faut bien pour tous ces Pays-ci, où il y a
tant de Maifons de bois, & où l ’on conftruit
I tant de Navires.
i Me yoici à Sardam on Saanredam ; & c ’eft
le