
moment même où ce Volume s’y imprime.
Plufieurs de mes amis & compatriotes , (Mr.
Pentan, dont j’ai déjà parle' plufieurs fois; trois
jeunes amateurs d’Hiftoire naturelle 1 M. M.
Fabri Thellufon, Gallatin Rolaz, Le Fort Au-
jriol, mon Frère, fes deux'fils & l’un des miens)
ont fait une partie à ces Montagnes vers la fin
de Juillet dernier. II m’en eft venu trois réla-
tions : l’une de Mr. Dentan, l’autre de mon Frère
, & une troifième de mon Fils. Celle de mon
Frère eft la plus fuivie, & principalement déri-
gée vers nos vues & nos idées communes en
Cosmologie. Mes deux autres amis, comptant
fur cette rélation, ne m’ont parlé que de ce qui
les a frappés plus particulièrement. Mr. Dentan,
inftruità fond des controverfes fur la formation
des Montagnes & de mes idées à ce fujet, ne
m’ a parlé que des objets eflentiels qui pou voient
y avoir quelque rapport. Mon Fils, frappé encore
de tout, a décrit plus qu’il n’étoit néceifai-
re. J’ai donc pris la rélation de mon Frère pour
bafe, & j’ y ai ajouté feulement les obfervations
& remarques particulières qüe renfermoient les
deux autres; fans interrompre pour cela le cours
de la narration , ni diftinguer ces parties en*/
chaffées.
Il s’agit de lieux déjà connus. Mr. Desnjarets
§’eft occupé d’un des grands phénomènes' qu’ils
renferment, celui de la Glace j Mr. Bourrit a dé?
crit les mêmes lieux avec une imagination'pittoresque;
& le Public doit recevoir bientôt lès descriptions
de Mr. le Pr. De Saujfuré, l’un des plus
grands
grands Obfervateurs des Alpes, & qui a joint àt
fon infatigable ardeur, ces lumières générales ,qui
fe répandent fur tout. Mais l ’objet eft fi grand
en lui-même, & fes aspeét font fi variés, qu’on
ne fauroit y avoir trop d’Obfervateurs.
* >1* *
G e n e v e , au Mois à’AouJi 177 g.
„ Nous parfîmes le 22?. Juillet dernier pou/
lacourfeque nous t’avions annoncée; dans la-
, quelle, outre le plaifir que j ’étois bien fûr d’éprouver
par les lieux, je me propofois de repas-
fer ma leçon dans les grandes.Montagnesprimor-
diales^ ou plutôt , de contempler encore ces Mystères
de la Natute , qui bornent jusqu’i c i , &
borneront peut-être toujours, nos recherches fur
le paiTé.
Nous laiflions derrière nous le Jura propre*
ment d it, cette Chaîne de Montagnes fécondai-
res , oh les couches calcaires font très régulières
& diftinétes, & où lescorps-marins font fort
abondans,pour nous approcher de cette autreChaî*
ne féccndaire peu diftante qui accompagne las Alpes
primordiales, & qu’on peut nommer les Alpes
calcaires.
Après avoir laiffé fur notre droite cette Montagne
qui appartient encore à la Gaffe du Jura, le
Mont Salêve, & fur notre gauche cette fingulière
Brèche marine, la Montagne des Foirons, nous
abordâmes là Chaîne des Bornans, ou Alpes calcai'