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le caractère propre à fe faire aimer de ceux qui
l ’entourent, & qui remplit ainfi félon fon gré près,
que tous fes momens, rie regarde les grands fujets
dont J e viens de parler , que comme des objets de
fpéculation qui contribuent à l’agrément de fa vie;
je n’en fuis point flirpris, & jfon connois de tels
qui .vivent contents.
Que le Stoïcien, fe repaiffant de fes triomphes
fur la Nature & de fa fupériorité fur les autres hom.
mes , brave les maux y méprife lès biens, fe croÿe
feul l’inftrument de fon bonheur eq le plaçant
dans fes victoires ; que fe faifarit ainfi le Roi de h
Nature, il en arrange les Loix à fon gré fans s’in.
quièter de ce qu’elles font ;. je nef m’en étonne
point: ces-chimères fempliffent fon arfté; & s’il
penfe aux autres hommes, ils fe dit fans doute s
lui-même; „ il ne tient qu’à ceux; d’être heureux
,, comme moi.’;’ .
Que l ’Epicurien, doué d’Organes fenfibles , en
même tems que capables d’ éprouver 'longterfts fans
en fouffrir les impreliions des objets, mette tOuté
fon attention à coriferver ces Oïgànës & à fe procurer
des objets de jouîffâuce qu’il ne s’occupe ainfi
que du préfent fans s’inqùîctér de l’avenir ; je né
m’ën étonne point non plus : il écârte aiiemènt les
réflexions importunés en n e ’ s’occupant que du
Flaifir.
Qu’u n . grand nombre de Philofophes de toute
Clafle, occupés de leur Syftêmès , de leurs disputes
, du plaiflr d’être ~ admirés ou d’ attaquer leurs
adverfaires, palfent le tems à difiérter fans trop
s’embarraflér du fond dés Queftions qu’ ils agitent;
je ne m’en étonne point encore^ L ’esprit de l’Homme
n’a qu’une certaine capacité d’attention , &
quand elle ëit remplie, tous les autres objets¿quelque
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que grands qu’ils foient, disparoiifent comme s ils
n’exiftoient point. .
Mais eft - ce là 1’ Humanité’ entière ? Non, &
très heureufement. La plus grande partie de l ’Espèce
humaine a d’autres reflhurces que les Philofophes
à l’égard les Qeftioos qu’ ils agitent; elle eft inftrui-
te fur. ces fujets importans par.une Voye plus fore
que la leur. . *• . ■ - *
Ce n’eft donc pas vers cette majeure partie-d©
l’Huinariité que Ce tournent mes regards, lorsque Je
[ penfe aux débats des Philofophes ; c’eft vers une
Claflé d’Hommes bien moins nombreufe, mais encore
trop grande, qui n’écoute que ces débats, parce
qu’elle en attend une décifion ; qui les écoute fans
amour ni intérêt de Syftême qui ne s’ intéreffe
qu’aux objets, & qui fe trouve dans. un doute pénible;
Rien chez eux ne diftrait leur attention du
I béfoin qu’a I’Homme de fe connoître & de favoir
fon fort futur : ils ont le maliieur 'd’en attendre
|la*déciùon de la part des Philofophes, & netrouvept
par là qu’incertitude. Ç’ eft de cette Claife , bien
connue à quiconque obferve la Société, que s’eleve.
I cette plainte doUloureufe ,, Ah 1 Si la Cause pre>.
I „ miere eût daigné fe révéler à fes C r é a tu r e s in>
I „ telligentes , & qu’EcuE ne les eût pas -li*
I „ vrées au doute, fur ce qui les intéreife le p l u s ”
Si tel eft l ’état de la Philofophie , comme on ne
■ fauroit en douter, fera-ce de fes décifions à l’égard
■ des çhofes révélées, que nous attendrons un jugement
■ folide fur la certitude d’une R é v é la t io n ? La Phi-
I lofophie n’étant pour chaque homme que ce qu’il
I lia croit être,, ne fauroit être la Règle de I’Homme.
I Ainfi, lorsque dans l’examen des chofes qui tien-
I nent à.des fa it s , il voudra chercher fi elles peu-
I vent & doivent être , aulieu de chercher fi elles
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