
,/ Delà, redescendant au petit, Col dc^enêtre,
autravers d’une large bande de Neige % nousmon-
tàmes fur la Sommité Sbifteufe^ qui étoit encore
presque entièrement couverte de Nqige ; il n’y
avoit de découvert, qu’une côte fort étroite qui,règne
au ibmmet. -Cette Montagne étant plus haute.
que fa voifine, procure un coup d’oeil bien
plus étendu. Nous vîmes de là le Mont Vèlani
vers le S. E. & à peu près à deux lieues de di-
fiance. Il eft encroûté de Glace .comme le Mont-
blanc j’eit du côté de Genève, Nous avions* en
même tems dans notre horizon un très grand §n-
lemble .de ces Pics glacés donc la Chaîne des
grandes Alpes eft toute hériiTée; & rious, découvrions
dans un très grand, lojntain vçrs le Nord,
autravers d’une petite Gorge, une portion du Jura^
„ Quel charme (dans un lieu, où Ja Glace produit
de il beau fpe&acles) qùe-de trouver i‘.autour'
de foi , dans tous les petits abris à fur les moindres
Rocberç découverts p3r la Neige, ces char«,
xnans gazons 'des'A'lpesJ. Le joli Silène, l’amour
des Botaniftes feniible.s à la beauté , y étaioit fes
petites fleurs purpurines fur le ÿefil le plus. vifj la
charmante Lmaire y dont la belle fleur voilette lé
dispute à ]*amétifte, fe voyoit aufli de toute part;
nous y trouvâmes encore YAndroracè, cette espèce
A’Aretia qui s’approche de la Priïne'vèrè f 'tik
forme des touffes de petites fleurs à nuances fort
douces, paffant du blanc an Xofe. Rien de fi
agréable n’orna jamais nos Jardins.
•„ Nous descendîmes dé cette Sommité en
nous dirigeant vers1 le Couvent, * où 'nous arrîvâ-
niés à trois heures. Mais j’avois quitté avec trop
- ' de
de regret ce lieu d’où l’on découvrent tant d’obj
e t s fi grands & fi intéreffans, pour n’y pas retourner
dès que j’eus répare' mes forces , & Mr.
Qallatin y vint avec moi. Nous y arrivâmes au
moment où le Soleil, caché déjà pour nous derrière
le Mont -blanc, doroit encore, les Sommités
glacées, & nous les vîmes fucceffivement paffer
d an s l’ombre. Je voyois, alors fans inquiétude
_ je Soleil quitter lentement notre Hémisphère :
1 nous l'avions vu une f o i s , d’une pareille, hauteur
I fe retirer ainfi peu à peu; mais, combien ion dé?
J j art ne nous, fit- il pas foupirer ! Ce fpe<ftac!equi I cette dernière fois,étoit l’objet de la plus grande
I admiration, fut alors un* avant - coureur de dé-
I trefie.
! „ La teinte azurée que prennent les Neiges Sc
I les Glaces quand les derniers rayons du Soleil,
I les ayant abondonnées, ne colorent plus que les I Vapeurs de. l’A ir , fut pour Mr. Gallat'tn & I pour moi lé fignal de la retraite ; car le froid
[ commençoit à éteindre notre plaifir. Nous partîmes
donc alors, & nous arrivâmes au'Çpu-i
I vent à nuit clofe. Comme nous approchons
I du Lac, nous trouvâmes un I}pm||fqRe
I que les bons Religieux , inquiets de<|pfqùe
I nous n’étions pas*encore de retour, envoyoient
I pour nous chercher : nous l’aurions été plus
[ tôt, fi Mars & Saturne n’avoient ralenti notre
marche. Combien leur lumière n^çtoit-elle pas
plus vive, que lorsqu’on les voit de, la Plaine!
Nous regrettions beaucoup de n’avoir pas une bon-
Re Lunette, poux fa voir fi cette grande pureté de
Ee 4 : l’^ir