
Dans le teras où M o y s e écrivoit, le Monde
étoit déjà fort peuplé: diverfes Nations diftinc*
tes', s’étoient formées, chez lesquelles la mémoire
du PaiTé avoir été confervée par Tradition, mêlée
d’une multitude d’erreurs. Entre les Evéne-
mens dont les traces s’étoient confervées, fe trou-
voit un D e’l u g e . Mais aucun des Peuples inftruits
par la Tradition feule de l’Evénement, ne pouvoit
avoir connoiiïànce qu’il eût été univeffel: N oe’ mêm
e , comme {impie témoin de l’Evénement réel, &
transmettant fidèlement à fa Poftérité -ee-qu’il avoit !
y#, lui eût appris feulement: „ qpe le Pays où
., il étoit fut inondé ; qu’il flotfa pendant près
„ d’un an fur les Eaux dans un Navire ; qu’au
,, bout de ce tems il fe trouva de nouveau fur le
,, fec ; & que lui & fa famille repeuplèrent
„ le Pays. ”
C ’eft là ce caractère frappant de Révélation
que nous a dévoilé l’Hifloire naturelle, en nous
montrant un changement à la Surface de.la Terre,
par lequel s’explique cette univerfalité que M oys
e attribue au D e’l u g e . Mais cette Preuve fans
doute étoit très profonde, & ne pouvoir rèfulter
que de longues recherches ; ce n’eft donc pas celle
que j ’ai ici en vue. Mais ce qui frappe au
premier coup d’oeil; c’eft que M o y s e parle ouvertement
& fans faite de Vuniverfalité de ce
Fléau. Il ne dit rien pour la prouver; il ne l’affirme
point du ton d’un Homme qui a pris de l’ascendant
fur fes Auditeurs par la fupériorité de fou
gé-
-ènie ; J il raconte le Fait, & l ’on ne doute points
es.écrits font précieufement confervés par la Na-
|ioïi qui les réçoit; ils parviennent jufqu’à nous *
fu-travers des. révolutions qui ont , détruit tant dç
ocuméns, & .de celles mêtrie du Peuple qui a
Éonfer-vé celui-là. . Et, pourquoi fe trouve-t-il conÎervé?
C ’eft parce qu’il a toujours été le. premier
ibjét de l ’attention .de. ce. Peuple, au milieu des
»lus grandes détreifes. Ainfi, le plus ancien Dor
■iraient que puiflè préfentec aucune Nation, fe
iroiive . confervé jusqu’à nos . jours, avec la plus
«tonnante, intégrité. Cela feul ne faifit-il pas tout
tlomme qui .étudie avec, foin les Caractères de ce
■Ini’il examine ?. N’y voit-il point la. preuve d’une
kmpréjjîon bien .-forte | ¡reçue, .par cette Génération,' jremière dépoiitaire des Ecrits de M o y s e ? E t
[uel peut:iêtre ce genre d’impreffion', puisqu’il n’a
m réfulter, ni d’une., forme habilement, donnée
\ux Ecrits mêmes, ni - d’un caractère' artificieux
fe leur Auteur ? Il me femble que cela L feul doit
aire penfer; que cette forte ¡impreffion que relurent
les Israélites^ pourroît bien avoir-été dans
fles Signés que donna, M o y s ¡e de fa IY[iJJio n,;, de ui nous font transmis dans fpn .Hiftojre.,
Je né ferai ici. qu’une remarque, très courte, fur un
Bbjet qxila déjà été-iùifiiamment éclairci. ?La pre.u+
le qui réfiilte. en faveur de là Révélation JVÇpfaïquei
de fa feule confervation, eit ,fi forte ; que ce n’eij
qu’en la niant, qu’on a cru pouvoir l’invalider.
Quelques Auteurs ont donc prétendu, que ce quç
püTériïè V Î A a a" nous