
J’ai fait mention ci - devant à V . M. d’un Système
, dans lequel on prétendoit déterminer Tan
cienneté de l’état aêluel de notre Globe, par
la falure de la Mer ( a ). J’examinai alors les fon.
demens de ce Syftême, où rien ne fe trouva folj.
de. Cependant il reftoit en fa faveur une appa.
iençe d’analogie, que je ne pus pas détruire alors,
parce que la vraie caufe du Phénomène prétendu
analogue fe trouvoit dans notre R e ’ v o lu t i o n ,
que je n’avois pas encore expliquée à y . M* Voici
ce Phénomène.
On trouve à la furface de nos Continens une
quantité de Lacs Salés, tels que la Mer Caspienne i
la Mer morte, les Lacs de Dousla, de BondomA
de Taalnor en Afie, ceux du Mexique, de Taticit-
ea, de Paria en Amérique, & quantité d’autres,
Üne circonftance commune à tous ces Lacs A
c’eft de recevoir des Rivières & de n’avoir aucun
écoulement : Y évaporation y compenfe l’accès de
l ’eau. C’eft fur cela que s’appuioit le Syftême
dont j ’ai parlé, où l’on prétendoit, que la falun
de ces L a c s , ainii que celle ffë la M e r , ne pro-
venoit que des Sels qu’y transportoient les Fleuves
après avoir leflivé la terre : puis, pat
quelques fuppofitions gratuites & beaucoup de calcul
, on comptoit les années par Millions. « ^C’eil
là un exemple des écarts où peuvent donner, ceux
qui ne confidèrent qu’un petit nombre de Phénomènes.
. .
Loi*
(« ) T o m e III, Lettre LUI,
Lorsque nos Continens furent mis à fec, !î relia
néceiTairemeht de Veau de la Mer dans une multitude
d’enfoncemens ; & il en féfulta trois Clafles
de Phénomènes, à caufe de trois manières différentes
dont ces enfoncemens fe trouvèrent dispo-
fés par - rapport à l ’écoulement des eaux des
Pluies. II arriva donc i°. que certains enfoncemens
remplis d'eau de la M e r , reçurent plus
d'eau douce qu’il ne put s’en évaporer : 2°. que
d’autres n’en reçurent que ce qui put s’en évaporer
î 3°. que d’autres enfin n’en reçurent que
très pëu.
La première de ces combiriaifons produifit le
Phénomène qui nous eft-le plus familier, favoir, là
formation des Lacs d’eau douce. Car dès que Yéva<-
pration ne put pas compenfer la quantité d’eau qui
arrivoit dans ces enfoncemens, il fallut qu’il s’en
écoulât; & par ce moyen Y eau fàlêe fit place pat
¡degré à Y eau douce. Ceux de ces Lacs qui n’éteient
[formés que par des Diguès peu fortes, fe détruifi-
ient fuccefîivement (c ’eft le Phénomène dont j ’ai
eu l’honneur de parler à V . M. dans ma dernière
Lettre); &nous ne voyons aujourd’hui que les
Lacs qui fe font formés dans des badins folides:
mais tous cependant ont diminué plus ou moins,
à caufe de l’approfondifiemenc fuccedif des canaux
par lesquels ils fe font continuellement
écoulés-
Le fécondé combïnaifon eft'celle où les badins
reftés pleins Üeau de la M e r, n’en reçurent par
' des