
J ’ai donc ainfi dans chacune de ces ClaiTes dis.
tin êtes de Montagnes, deux guides à la fois pour
les reconnoître; des caraétères précis à l’égard de
leur matière, & des marques certaines de la Caufi
qui les a élevées. Je n’ai pas befoin de chercher
comment de telles Montagnes ont pu être faites;
je le vois ; ce font clairement des Montagnes volca'
niques & des Montagnes aquatiques. Mais en mê-l
me tems je ne conçois aucune autre Caufe mccha•
nique, qui en faffe encore ou qui en aît pu faire ; &
c’eft la raifon de ce que je ne comprends point,
& que je n’imagine pas même qu’on puiffe comprendre,
la: formation des Montagnes que j’ai nommées
primordiales. Car je ne vois rien dans leurs
fubftances qui indiqae , à la manière dont je l’ai
explique pour les deux autres Claffes, des produits
de Caufes connues; ni dans leur forme, .qui montre
1 aêlion méchanique d’Jgens connut.
Si d’un autre côté j ’examine les rapports qu’ont
entr’elles ces différentes Gaffes de Montagnes par
leurs polirions respeétives ; je trouve des preuves
évidentes que les Montagnes inexplicables font antérieures
à celles qui doivent leur exiftence au Feu & à I
Y Eau. Je borne donc mes recherches fur le paffé
aux Effets connus de ces Caufes connues ,• tout ce qui
eft plus ancien eff lettre clofe pour m ol Je ne me
fie pas furtout à la Chymie pour fon explication. En
vain croit-elle trouver les compofans de ces matières
que je nomme primordiales ; nous ne connoiffons
•point les premiers Elèmens qu’emploie la Nature ; & I
quand nous travaillons dans nos petits Laboratoires,
nous compofans bien fouvent, en penfant dé-
cmpofer ( a ) . Pour expliquer convenablement
les Montagnes primordiales, il faut trouver I o. le
Laboratoire où la Nature les a faites ; a°. le magafin
des ingrèdiens primitifs qu’elle y a emploiés ; 30. les
forces mouvantes au moyen desquelles elle les a
élevées, C’efi: parce que je n’ai rien fu voir de
[toutcéla, ni dans la Nature,'ni dans les Livres,
Fque je fors ces Montagnes inexplicables (confidérées
dans leur exiftence primitive & non dans leurs ac-
cidens) de la Claffe des'Phénomènes où je cherche
des Documens pour FHiJloire de nôtre G l o b e . J e ne prendrai donc cet té H ijlo ire , qu’au point où des Caufes que je comprends ont commencé à
agir; & nous en aurons affez pour y voir clair.
C’eil d’après ces réflexions, que j’ai nommés
primordiaux certains Sols, élevés ou bas, dont, ni
l'apparence de la Matière en elle-même, ni h forme,
■ n’indiquent l’effet d’aucune Caufe connue, je ne
me fuis donc occupé de ces Sols (en eux-mêmes &
non dans leurs accidens), que pour les caraétèri-
fer; & je les ai confidérés dans YHiJloire natu-
turelle, commemous Confidérons à l’égàrd de l’Histoire
proprement dite, les tems qui font par delà
tout Document.
Mais en plaçant dans le rang des Spéculations,
t«?ut ce qui peut tenir à l'origine de ce Sol primor-
dial de notre Globe, je trouve dans l'HiJluire natïi
( * ) T om e IV , Lettre XC.
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