
MolaJJe dans le Pays: & parmi toutes ces accumu.
lacions de matières chariées par les Eaux, il n’y 3
nulle trace de corps marins $ tout ce qu’elles renfer*
ment de corps étrangers, eil terrejlre ou fluvial
le ; comme dans les environs du Lac de Çonfian•
ce, où les pierres fableufes contiennent en quelques
endroits des Moules & des Poiffons d’eau douce.
Ce Baffin où fe trouve le Lac de Genève, $|
donc, à l’origine de nos Çontinens, le receptacle
de l’immenfe quantité de' moellon qui fortit de ces
Chaînes de Montagnes délabrées, où les Torrent
fe frayoient des routes , & rompoient les Digues
des petits Lacs fupérieurs; & c’efk ainfi que ce
grand Baflin, quoique environné de Montagnes
Jécondaires, eft tout couvert de fragmens de pim
tes primordiales. L e Rhône enfuite, qui fe préc|<|
pitoit lui-même par deflus une digue dans la Gorge
de YEclufe, la coupa peu à peu,& fit ainfi écoii;
1er une partie du La c: il reile des Monumens d’une
plus grande hauteur de fon niveau dans des
tems connus,- mais il ne s’abaifle plus depuis long-
tems, parce que le lit du Rhône, de fa fortjedü
Lac jusques près de l’Eclufe, n’a aujourd’hui que
très peu de pente: il coule paifiblement entre les
Collines fableufes ou gravelleufes qu’il a mifes à
fec en fe creufant ce L it ; feulement il les dégrade
en quelques endroits pù fon cours tortueux les
beurte.
Le premier âge de nos Çontinens fut donc affez
troütroublé
par toutes ces caufes. Les Montagnes fe
trouvoient escarpées & crevaffées ; les torrens
étoienf plus deftru&eurs, à caufe des obflacles
u’ils rencontroient & de la grande pente de leurs
;its; à chaque faifon pluvieufe il fe faifoit quelque
rand Eboulement, ou il fe rompoit quelque Digue ;
il réfultoit de tout cela de grands changemens
ans les Montagnes & auprès des Fleuves. Mais peu
peu ces Caufes s’affoiblirent : les Eaux contenues
tardes Lits, ne firent plus de tels dégâts; les Ta-
us de moellon s’élevèrent au pieds des faces escar-
ées des Montagnes, & ils arrêtèrent ainfi, non-
feulement la deftruétion des parties contre lesquelles
ils s’appuyèrent, mais celle même des parties
Supérieures, dont les bafes ne furent plus minées :
a Végétation s’empara de tous ceux de ces Talus où
|es éboulemens ceifèrent d’être fréquens, elle les lia
\ les fixa ; elle produifit le même effet confervaleur
pour tous les Rochers dont les pentes devinrent
moins rapidesf; Jes Fleuves ne reçurent plus
ette abondance de gros rnoëllonj leurs déborde-
ens fubits furent moins fréquens, & leur voifina-
e cefla d’être fi fort à craindre : les Plantes mâ-
fees, diminuèrent encore l’effet des grandes ondées
’Eté, en abforbant une partie confidérable de lear
au. C’eft dans ce dernier état que fe trouvent nos
demeures; il a fuccèdé à Une Période, fans doute
oien, différente, mais qui fut peu longue, malgré
te que nous voyons de fes effets ; puisque nous
I i 4 eon