
J’entrepîs donc d’obferver le Monde moral &
phyfique ; je lus ce qu’en difoient les Philofaphes ;
& bientôt je foupçonnai, que ceux qui abandon-
fioient M oyse , voyoient mal ou raifonnoient fans exa-
men. Plus je pouilai mes recherches par cette voye,
plus je fus convaincu de leur erreur, & la Sérénité
fe rétablit chez moi.
Je ne fus pas moins frappé des déplorables effets
que produifoient chez quelques Individus, & par eux
dans la Société, les fyftêmes de l’Athéisme, du
fatalisme, du Matérialisme, Enfâns de l’Impatience
&. du faux Savoir. J y vis la Morale /ans Principe,
la Politique féparée de fon vrai but, le Bonheur
iàns fource durable. Je vis nombre de mal heureux ,-
viélimes de ces Opinions iàns les entendre, répétant
des Formules dételantes, auxquelles ils n’étoient attachés
que par la Mode & par le ton tranchant avec
lequel on les foutenoir; & je les vis hprs d’état de
fe délivrer de ces encrâves; parce qu’un. Mot produit
le Doute, & qu’il faut de profondes études
pour le diffiper: & comment faire ces études, au
milieu du tourbillon du Monde, & lorsqu’on n’entend
pas même le Langage de ceux qui prononcent ces
Oracles !
Jufqu’ici je n’ai parlé que de moi ; & je fens
que je dois demander pardon à V> M. de ce qui
femble etre de 1 égoïsme. Mais je n’ai penfé qu’à
L ut découvrir ITIiftoire intérieure d’un Homme,
la marche de ‘ les idées fur un fujet qui tient
tant au Bonheur: & cet Homme n’eft moi, que
*/ parce
parce que c’eft celui que je le connois le mieux.
Mais je dois m’aflbcier mon Frère, qui, après moi,
eft l’Homme qui m’eft le mieux connu. J’ai marché
conftamment avec lui, dès le plus bas âge*
dans la même Carrière: partout nous avons vu les
objets du même oeil ; foit que nous fuffions enfem-
ble i foit que nous nous trouvafîïons féparés; &
même ces féparations ne faifoient qu’étendre nos
I 'recherches communes. Trente ans de fuite nous
avons étudié le principal fujet de l’Ouvrage que eft
finis aujourd'hui ; & jamais nous n’y avons fait un
pias eilèntiel que de concert. San» doute que nous
I n’avons pas jugé d’abord de la même manière tous
les objets de détail; mais la conféquence de ces
■ difparités fut toujours, d’obferver de nouveau & de
nous mettre d’accord d’après la Nature.
Lorfque nous fumes perfuadés, par l’étude des
Phénomènes, que le Récit de M o y s e fur l’Hiftoi-
re de notre Globe étoit le feul Syftême vrai-; nous
formâmes le defîèin) d’en inftruire ceux qui ne
I recherchent pas , ou ne peuvent rechercher euxmêmes;
mais nous ne nous diffimulâmes point lés
difficultés.
Préfenter un nouveau Syftême de Cosmologie,
dans un teins où le Public eft dégoûté de cet objet
I par le nombre des tentatives infru&ueufes : reprendre
YHypothèfe Diluvienne , qui a pafie de Mode.*
publier une Théologie phyfique, lorfque parmi ceux
qui donnent le ton dans la monde, il en eft qui rient
B b b 4 au