
„ ce? du même cizeau, font-il mis de côté?—~.
C ’eft (répondit le Statuaire) parce que je, ne leur
„ ai pas trouvé encore une place naturelle —
,, Il y a bien damafic à cette épaule! Comment,
,, après cela, pouvez vous aflurer, que l ’attitude
du bras étoit telle que vous l’avez fixée? —■ [e
„ ne l'affirme pas comme une propofirion géomè-
,f trique; parce qu’en effet il me manque-là une
» liaifon en marbre; mais voici comment je me
,, fuis décidé. Je favois que je ràiîemblois les pièces
„ d’un Tout, fait par un Artifte qui fuivrqit des Rô-
5? gles; je deyois donc y trouver de l’harmonie,
„ D ’après ce principe, j ’ai examiné l’état des mus,
,, des du dos & du côté, pour découvrir qu’elle at-
j, titude du bras ils fuppofoient: j ’ai étudié enfuite
„ ceux du bras, pour favoir quellefonêlion il de-
,, voit faire : je l ’ai pofé alors dans la fituation
ri*. conclue de cet enfemble: j ’airepaffé enfuite tou.
„ fes les petites pièces qui reftoient ; j’en ai trou-
• „ vé quelques unes,(comme vous le voyez) qui,
„ placées dans ce vuide Syjîêmatique, ont com-
„ mencé à donner à Yèpaule une forme harmoni-
„ fante avec le refte ; & je n’ai rien voulu y pla-
,, cer qui neôt ce caractère; de forte que pour
m fou tenir toutes ces pièces, j ’ai rempli les vuir
,, des avec du tnajïic. Peut-être que quelques unes
,, des pièces que vous me montriez tout à l ’heure,
„ viendront y prendre place, lorsqu’on en remar-
„ quera d autres qui leur ferviront de liaifon;
v m^s à préfen If. a’en connois point.”
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I C’eft là » iblon moi ,d’eihblême de tout Syjlême ;
Ion y voit les Règles que doit fuivre leNaturalifte
[lorsqu’il(entreprend d'en faire, & en même.tems
■celles qui doivent diriger les Examinateurs. Dans
la N a t u r e tout eft fa it ; tout eil lié par des
¡chaînons' réels ; mais ils font invifibles ; plufieurs
piéme n’exiftent plus, & n’ont exifté què pour
produire ce qui les a fuivi'& enfin ce qui eft, Ce
rand Tout ne nous préfente que des parties, &
ans un espace il immenfe, que nous ne favons il
tous les avons vues à un degré fuffifant pour en
:onclure-quelque chofe, qu'après un bien grand
ravail. Les chercher, les raffernbler, les clas-
er, les examiner par toutes leurs faces, tâcher
¡d’en faire des Enfembles qui ayent une figure déterminée;
c’eft là faire Svstêmes, : Il en
bit bien peu où il ne manque quelque pièce; &
parconféquent on refte toujours dans quelque dou-
|e fi l’on a bien imité le vrai Tout ^ dont le type
pii dans la N a t u r e .
Mais il ne s’en fuit pas de là que nous ne de^
I vions prendre confiance à aucun Syftême ; car touche
notre vie n’eff qu’unfe .fuite de Syfiêmes qui fe
palifent presque certainerhent : c’eft par un Syf-
\ême que nous mettons le pied fur le premier degré
d unè maifon avec la 'confiance d’arriver dans
ps appartenons, & nous y arrivons en effet. Les
Mêmes font donc l’unique règle de notre conduise
» comme de nos opinions; mais ils font fournis
PUS ’ thèmes a des Réglés, & il y a des caraélè-
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